jeudi 20 février 2020

j’ai effacé le début de cette phrase


Aujourd’hui j’ai reçu un petit livre, qui ne m’aide en rien à affronter une personne cruelle

Il y a une description méticuleuse d’un homme en train de plonger dans une piscine, d’une femme qui fabrique ses masques de beauté, ils n’habitent nulle part

Deux sœurs vivent l’une pour l’autre, on se fiche de savoir où

Ensuite, la photographie d’une plage qui vient servir de décor symbolique, peut-être le Havre ou Dunkerque

Certaines femmes se crispent à l’idée de tenir un journal intime

Il y aura toujours quelqu’un pour le lire un jour, lui donner une apparence provocante

Les deux sœurs ont décidé de retirer leur vernis à ongle avec du dissolvant, j’ai effacé le début de cette phrase à cause d’une répétition malvenue

Pour moi, la soirée se résume à essayer d’être moi-même, dans une jubilation intérieure, cette histoire de sœurs n’est qu’une diversion

Rien ne se passe comme prévu, j’ignore ce qui s’est produit au cours du voyage, la musique et la lumière s’éteignaient ponctuellement, on me disait qu’il fallait être « cool », pourtant j’étais la seule à danser dans cette fête

Il se passe plusieurs mois avant que je me remémore les grandes lignes du quotidien entre moi et mon âme jumelle, c’est une source intarissable de tristesse

Les deux sœurs doivent ressentir elles aussi des vagues de nostalgie


Sandra Moussempès, Cinéma de l’affect, éditions de l’Attente, 2020, p. 34-35



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