Alors je continue. J’ai compris la direction, c’est par-là qu’il
faut aller. N’empêche, j’ai l’impression d’avancer dans une
boue qui me colle aux chaussures. C’est mauvais, c’est mauvais.
Il faut faire avec le mauvais, puisque c’est mauvais, mais comment
faire du bon avec du mauvais ? J’en ai de bonnes.
Alors
j’écris encore plus, encore d’autres choses, sans arrêter pour
autant ce mauvais livre. J’écris même des sonnets, en
alexandrins. Je me suis découvert une passion pour les Chimères,
de Nerval. Au moment où je commence à voir ce que je fais comme une
sorte d’avant-garde, j’écris des sonnets. Ça délie la plume,
en tout cas.
Et
des textes brefs, aussi. Certains, inspirés de rêves, me fourniront
la matière du deuxième album de Mémoires des failles,
presque vingt-cinq ans plus tard.
Et
puis j’écris une pièce de théâtre, aussi – ou plutôt j’écris
quelque chose qui finit par devenir une pièce de théâtre. Elle porte beaucoup la marque du maître (je me suis déjà enfilé l’œuvre
entière de Beckett, avec d’ailleurs une préférence pour les
romans, qui ne se démentira pas). Tout ça c’est juste avant
d’avoir vingt ans.
Je
le sais parce que je tiens un carnet, dans lequel j’écris sur ce
que j’écris. La première date : 8 novembre 1980.
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