vendredi 7 février 2020

Écrire et publier ou pas (4) (1980-1983)


Alors je continue. J’ai compris la direction, c’est par-là qu’il faut aller. N’empêche, j’ai l’impression d’avancer dans une boue qui me colle aux chaussures. C’est mauvais, c’est mauvais. Il faut faire avec le mauvais, puisque c’est mauvais, mais comment faire du bon avec du mauvais ? J’en ai de bonnes.
Alors j’écris encore plus, encore d’autres choses, sans arrêter pour autant ce mauvais livre. J’écris même des sonnets, en alexandrins. Je me suis découvert une passion pour les Chimères, de Nerval. Au moment où je commence à voir ce que je fais comme une sorte d’avant-garde, j’écris des sonnets. Ça délie la plume, en tout cas.
Et des textes brefs, aussi. Certains, inspirés de rêves, me fourniront la matière du deuxième album de Mémoires des failles, presque vingt-cinq ans plus tard.
Et puis j’écris une pièce de théâtre, aussi – ou plutôt j’écris quelque chose qui finit par devenir une pièce de théâtre. Elle porte beaucoup la marque du maître (je me suis déjà enfilé l’œuvre entière de Beckett, avec d’ailleurs une préférence pour les romans, qui ne se démentira pas). Tout ça c’est juste avant d’avoir vingt ans.
Je le sais parce que je tiens un carnet, dans lequel j’écris sur ce que j’écris. La première date : 8 novembre 1980.



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