jeudi 30 août 2018

Peter Handke parle pour nous.


Vous vous attendiez à quelque chose.
Vous vous attendiez peut-être à quelque chose d'autre.
Vous vous attendiez sûrement à une belle histoire.
Vous ne vous attendiez quand même pas à une histoire !
Vous vous attendiez à une certaine ambiance.
Vous vous attendiez à découvrir un autre monde.
En tout cas, vous vous attendiez à quelque chose.
Qui sait ? vous vous êtes peut-être attendus à ceci.
Mais même en ce cas, vous vous attendiez à quelque chose.

Peter Handke, Outrage au public (éditions de l'Arche)

lundi 27 août 2018

délicieusement collant


En cette rentrée littéraire paraît le premier roman d'un jeune auteur dont le protagoniste et narrateur a vraiment le sens de l'amitié, lisez plutôt :




 Amateur compulsif des nougats qui donne au roman son titre, Paul Montès en possède les qualités – notamment celle de coller. Faites un peu connaissance avec son ami Olivier et vous serez en mesure d'apprécier ce talent à sa juste mesure. Qui n'est pas le seul car Paul Montès est en effet par ailleurs le génial initiateur de la pensée collectionniste – outre les nougats, il collectionne aussi les galets.
Ce roman délicieusement collant est signé Paul Béhergé, il s'intitule donc les Nougats et vient de paraître chez Buchet-Chastel.

jeudi 23 août 2018

mardi 21 août 2018

peut-être que non, mais peut-être que si quand même


Tiens j'ai aussi lu C'est moi, le roman de Marion Guillot paru en début d'année aux éditions de Minuit. C'est l'histoire d'un vase qui déborde discrètement. On se demande s'il va vraiment déborder, on se dit que peut-être que non, mais peut-être que si quand même, non, quand même pas, si ? Oh !
Voilà. Mince j'en ai trop dit.



lundi 20 août 2018

– Peut-être ignorez-vous, Monsieur, que dans notre pays on cultive les statues.


« Pourtant d'autres contrées sont à venir. Il y aura des pays. »
« J'étais entré dans la province des jardins statuaires. »
«  – Peut-être ignorez-vous, Monsieur, que dans notre pays on cultive les statues. »

Je ne vais quand même pas écrire un billet sur les Jardins statuaires, de Jacques Abeille, que vous connaissez forcément. Comment ? Vous n'avez encore jamais lu Jacques Abeille ? Heureux êtes-vous, qui donc allez le découvrir.



dimanche 5 août 2018

en attendant que la nuit tombe

Ces Hublots entrent en pause encore une fois, l'auteur partant en voyage (à ce propos, les Jardins statuaires, de Jacques Abeille, en cours de lecture, quelle merveille !). Le retour se fera avec la parution de Seule la nuit tombe dans ses bras, dont on peut lire les premières lignes et quelques avis sur la page de l'éditeur, ainsi qu'un bel article à son propos sur le site Liminaire de Pierre Ménard, cliquez donc, et qu'on croise déjà dans le numéro de Marie-Claire du mois d'août (ci-dessous l'édito et le dernier paragraphe d'un dossier sur « ce que le numérique a changé à nos rapports amoureux »).







vendredi 3 août 2018

Passerage des décombres


Passerage des décombres est un tout petit livre d'Antonin Crenn, il ne doit faire qu'une dizaine de pages tout au plus. Il tient en équilibre comme l'arche d'un pont disparu, comme une plante sauvage des ruines, comme le souvenir d'un amour emporté par le vent. Il est très beau.



jeudi 2 août 2018

Les doubles-fonds de John Herdman


J'ai beaucoup de mal avec les romans thétiques. J'appelle « thétiques » les romans qui vous disent que les choses se sont passées comme ça. Évidemment, quand j'en écris, le plus souvent j'évite que les miens le soient. Ce n'est donc sans doute pas un hasard si je retrouve ce caractère non-thétique dans nombre de romans publiés par Quidam – notamment dans certains qui ne ressemblent pas du tout, par ailleurs, à ce que je fais ; ni ne se ressemblent entre eux non plus ; de l'Ami Butler de Jérôme Lafargue à la Femme d'un homme qui de Nick Barlay ; de Albert Angelo de B.S. Johnson à A tous les airs de Stéphane Vanderhaeghe, en passant par le Cahier d'Alberto de Monique Rivet. C'est aussi le cas de la Confession, de John Herdman, dont je termine la lecture à l'instant. On a l'impression d'y flirter avec le fantastique ; en effet le paysage y est écossais (comme l'auteur) et il y est question de magie, plutôt noire que blanche. Le récit y est l’œuvre d'un nègre ou plutôt d'un écrivain fantôme comme on dit dans cette langue-là, un ghostwriter payé pour écrire l'autobiographie d'un autre – mais cet autre est-il un autre ? ou bien cette autobiographie est-elle une autobiographie ? Les questions se posent, et se composent d'autres questions à l'intérieur d'elles-mêmes. Mais oui, sans aucun doute, tous les arguments sont là pour confirmer cela, mais aussi pour soutenir ceci, pourtant incompossible avec cela. L'indécision aussi bien sûr est la marque du fantastique nous rappelle Todorov (et Jean Berton dans sa postface), sauf qu'ici tout est vraisemblable, le possiblement monstrueux n'est pas surnaturel : on peut tout y croire.