dimanche 23 juin 2019

Brèves animales (16)


Chez certains animaux, la tête est difficile à distinguer de la queue. Par exemple : le coucou.




mercredi 19 juin 2019

mardi 18 juin 2019

Brèves animales (13)


C’est quand les bois du cerf tombent qu’il les quitte pour le désert dont deux dunes désormais gonflent le dos de ce chameau.




lundi 17 juin 2019

mercredi 12 juin 2019

Brèves animales (7)


Épris de simplicité, le serpent serpente et le lézard lézarde tandis que, dans sa maladroite et innocente tentative pour les imiter, le crocodile croque Odile.



mardi 11 juin 2019

Brèves animales (6)


La rhamphothèque est le tégument corné du bec, elle permet à l'oiseau d'oublier qu'il tombe aussi sur un os lorsqu'il tombe sur un bec.



dimanche 9 juin 2019

Brèves animales (5)


Le bec du toucan est si gros qu'au moins il sait que c'est surtout sur le sien qu'il risque de tomber.




mardi 4 juin 2019

lundi 3 juin 2019

Petites nausées (5 et dernière)

(Vers Petites nausées 1, Petites nausées 2, Petites nausées 3, Petites nausées 4)



Cette sensation m’est familière, si discrète qu’elle ait su se faire. J’ai parlé des boutons (et autres petits objets à prendre entre les doigts), j’ai parlé de Renoir ; en réalité, je pourrais bien la retrouver ailleurs. Pour preuve : dès que j’imagine de répertorier, de mettre en liste les causes diverses de mes dégoûts irrationnels, une autre à l’instant se présente à mon esprit, dans toute son écœurante évidence : mon prénom.
Là encore, dire avec précision ce qui se passe n’est pas facile. Un improbable lecteur se fourvoiera sans doute dans ses interprétations, à cause de ma propre incapacité à discerner l’essentiel.
Mon prénom est un prénom courant. Je suis même obligé de le préciser : c’est un prénom vraiment très commun, tout au moins dans ma génération ; il paraît même que ce fut le prénom masculin le plus donné en France l’année de ma naissance.
Mais déjà je regrette presque ces précisions, honnêtes, objectives tout au moins, mais qui ne disent rien de ce que je ressens, et qui risquent d’induire une fausse piste : prénom commun, trop commun, qui n’est plus un nom propre, qui à la limite usurpe sa majuscule, ne la mérite pas.
Il ne s’agit pas de ça.
Il ne s’agit pas davantage du prénom lui-même, de ses sonorités ; pas davantage de quelque éventuel prédécesseur, qui l’aurait porté avant moi et entaché d’une souillure indélébile ou auréolé d’un prestige exorbitant. Non, disons les choses clairement : que ce soit « Philippe » n’a rien à voir là-dedans. Je ne trouve pas ce prénom plus vilain qu’un autre. Ç’aurait été Patrick ou Alain ou Eric, ç’aurait été exactement pareil.
En réalité, ce n’est pas vraiment « Philippe » ; c’est juste que moi, je sois « Philippe ». C’est un peu comme si j’étais obligé de porter des vêtements d’emprunt. (J’ai toujours détesté enfiler des vêtements d’emprunt. Dégoût, encore. D’autres, j’imagine, me comprendront.) « Philippe », ce n’est pas moi. Parfois, dans la conversation, il arrive qu’on m’appelle « Philippe », sans que ce soit vraiment nécessaire ; qu’on utilise ce mot un peu à la manière d’un signe de ponctuation. « Ne m’appelez pas « Philippe », suis-je alors tenté de dire à mon interlocuteur. » Mais lui, forcément : « Comment voulez-vous que je vous appelle ? Vous vous appelez bien Philippe ! » « Ne m’appelez pas. »
Ce serait inconvenant, je m’en rends bien compte. C’est pourquoi, la plupart du temps, je me laisse appeler « Philippe ».
Qu’en dire ? Il me semble, mais je peux me tromper, que les choses auraient été atténuées, non pas annulées mais simplement atténuées si mon prénom avait été plus court (plus proche de rien) ; et qu’elles auraient été aggravées s’il avait été plus long. Mais je n’en suis pas sûr. Ou plutôt : il y a sûrement du vrai là-dedans, mais les choses ne sont pas si simples.
Parfois, souvent même, je dois le reconnaître, « Philippe » passe inaperçu. Pour peu que son emploi soit vraiment justifié, indiscutable, je ne le remarque plus. Ce n’est qu’en forçant ma mémoire que je me rends compte que tiens ! on m’a appelé « Philippe », et que, curieusement, je n’ai pas bronché. Comme, évidemment, il est rare que je force ma mémoire sur ce sujet ; il est très probable que de nombreux « Philippe » passent ainsi à l’oubliette, comme les boutons de ma braguette ou les reproductions des peintures de Renoir dans les manuels scolaires.
Mais d’autres fois – les fois qui comptent –, au moment où, effectivement, on m’appelle « Philippe », je me sens appelé « Philippe ». Et voilà, je dois donc être « Philippe » ! je dois incarner « Philippe » ! Je n’en ai pas le choix, on vient de me sommer de l’être. Je n’ai plus qu’à me conformer : « Philippe », c’est moi.



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dimanche 2 juin 2019

Petites nausées (4)

(Vers Petites nausées 1, Petites nausées 2, Petites nausées 3)


Mais c’est donc que, dans les deux cas, face au bouton, face au tableau de Renoir, je suis tenté de penser à quelque chose (quelque chose à quoi les autres, a priori, ne penseraient pas), que seule la volonté m’a appris à occulter.
Face au bouton, il y a cette conscience nauséeuse qu’il s’agit d’un objet manufacturé, de petite taille, destiné à être pris entre les doigts.
Face au tableau de Renoir, cette espèce de flou fuyant écœurant, de flou en mouvement (mouvements contradictoires, quasi tiraillement ; mais ce n’est pas cela, non vraiment ce n’est pas cela) ; cela même qui me permet de reconnaître à coup sûr Renoir – et de n’éprouver aucune répulsion devant l’œuvre médiocre d’un pâle imitateur.
Peut-être faut-il dire aussi (j’en suis moins certain, mais tout de même je le dis, par honnêteté : parce qu’on ne sait jamais) que le bouton, aussi, par sa petite taille, est susceptible d’être improprement porté à la bouche, notamment par un jeune enfant.
Le mal nommé flou fuyant de Renoir me suggère peut-être avec trop de violence que les choses ne peuvent pas demeurer en l’état. (Mais pourquoi seulement le flou de Renoir ? Peut-être les sujets des tableaux ont-ils plus d’importance que je ne veux bien leur accorder.)
Dans les deux cas, un unique réflexe (heureusement stoppé par les effets d’une bonne éducation) : vomir.
Vomir, j’imagine, est un réflexe de défense de l’organisme, qui se débarrasse par le chemin le plus direct de ce qui le met en péril. Nul doute qu’il y a, dans les peintures de Renoir, comme dans les petits objets manufacturés, quelque chose qui me menace. (J’allais écrire : « qui menace ma santé ». Ça n’aurait pas de sens. J’ai vu suffisamment de tableaux de Renoir, j’ai ramassé suffisamment de boutons pour savoir que ce n’est pas ma santé physique qui est menacée.)


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samedi 1 juin 2019

Petites nausées (3)




C’est plutôt de l’écœurement. Fugitivement, face au bouton (surtout si je suis obligé de m’en saisir), face à la peinture de Renoir, ce qui me prend – sans toutefois aboutir –, c’est une envie de vomir.
Rien à voir avec le sujet du tableau ! Ce n’est pas dans ce qu’il représente qu’il faut chercher la source de l’écœurement. Elle est plutôt dans ce qui fait que l’on reconnaît que c’est un « Renoir » (d’aucuns diraient la patte, la main, la manière ; mais je ne crois pas que cela ait à voir avec les mains).
Pourtant, si j’y pense, pour le bouton ; contrairement au tableau, ce qu’il représente compte. Si le bouton, arraché (ou neuf, non encore cousu ; pour moi, cela revient au même) n’en était pas un ; si c’était un objet véritablement tout autre ; surtout, si c’était un produit de la nature : une graine, un caillou auquel le hasard aurait donné l’apparence approximative d’un bouton – dans ce cas alors je crois, j’ose penser qu’il n’y aurait pas chez moi la moindre trace d’écœurement. Je n’aurais pas besoin de lutter contre, comme je le fais depuis si longtemps (au point que je suis devenu aujourd’hui en réalité tout à fait capable – au prix d’un effort prolongé de ma volonté – de mettre une chemise et d’aller visiter – je dirais même d’apprécier – une exposition Renoir). Je n’y penserais pas.
Bien sûr je m’embrouille. Un bouton ne « représente » pas au sens où un tableau « représente ». Là n’est pas sa fonction.
Mais c’est donc que, dans les deux cas, face au bouton, face au tableau de Renoir, je suis tenté de penser à quelque chose (quelque chose à quoi les autres, a priori, ne penseraient pas), que seule la volonté m’a appris à occulter.


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