samedi 29 mai 2021

dernières nouvelles

Ce blog est un peu à l’abandon mais ce n’est que provisoire. Si notamment je ne partage plus mes lectures, c’est tout simplement parce qu’un événement (heureux) les a interrompues. Un éditeur (de qualité) m’a commandé une préface pour un roman absolument extraordinaire. J’en suis à la fois très fier et très heureux, c’est un choix qui fait sens ; j’en reparlerai en son temps.

À propos de Mon petit DIRELICON, on peut déjà lire un article à son propos sur la Cause littéraire, merci à Fabrice del Dingo (que je ne connais pas du tout, tant pis pour la page 28 dudit dico).

On peut aussi me retrouver dans le numéro 9 d’Amer, la « revue finissante » des Âmes d’Atala. J’y parle de conformisme et de Liquide, paru chez Quidam il y a douze ans déjà, et que j’aime toujours autant.



lundi 10 mai 2021

La mort de Masao

Masao est mort. Il s’est donné la mort, et même si c’est sa conscience que l’on suit, les jours qui suivent eux aussi la mort qu’il s’est donnée, on ne saura pas, non, on ne saura pas pourquoi.

C’est le plus simple des sujets qu’aborde le roman, mais oui c’est un roman, de Didier da Silva ; il vient de paraître aux éditions Marest. Il se passe au Japon, il y a quelques années déjà, mais pas tant que ça, c’était hier – c’était bien après Hoffmann à Tokyo. Masao n’est plus vraiment Masao mais on le suit, détaché de lui-même et de ce qui l’empêchait d’on ne sait pas quoi ; on le suit qui accompagne le chagrin de ses proches, son ancienne fiancée, son meilleur ami, ses parents, sa petite sœur, son oncle. Ils sont ensemble souvent mais ils sont seuls, on est toujours tout seul.

C’est un très beau roman. Je manque un peu de détachement pour trouver les moyens de le dire. Il est drôle, souvent, malgré le sujet, et c’est magnifique. On pleure quand même. Le discours de l’oncle Haruto, lors de la crémation, on le lira sans le lire, est simplement merveilleux. On a envie de le serrer fort.



lundi 3 mai 2021

Mon petit DIRELICON

Aujourd’hui paraît Mon petit DIRELICON. J’aurais pu l’appeler plus sobrement « Petit dictionnaire des idées reçues sur la littérature contemporaine mais quand même un peu à la manière de Flaubert », mais ça manquait de concision pour un livre aux dimensions modestes – il dépasse de peu les cent pages. Soufflée par ma vie d’auteur dans une oreille, par mon ami Gustave dans l’autre, l’idée m’en a traversé il y a des années, je ne saurais dire combien ; je crois bien que quelques articles ont été publiés sur ce blog, enfin sur son ancienne plateforme. Parce que parmi tout ce que j’entends, tout ce que je lis depuis des années sur la littérature, il y a de quoi soit vraiment se faire de l’urticaire (je connais, c’est pénible), soit rire à gorge déployée et en bonne compagnie. C’est plus agréable – et puis c’est peut-être aussi plus utile, car parmi les éclats de rire je me suis surpris à dire vraiment deux ou trois choses ; vous verrez.

Merci pour leur confiance aux éditions Lunatiques.


« Édition indépendante :

(…) Les livres sont plus difficiles à trouver, ce qui garantit à l’auteur des lecteurs vraiment motivés. » (p. 34)



dimanche 2 mai 2021

Bien sûr ça n’est pas que pour moi.

Je viens de terminer la lecture du dernier roman de Gabriel Josipovici paru tout récemment chez Quidam : Hotel Andromeda. La relecture, plutôt, car je l’avais déjà lu dans sa version originale ; il se trouve que j’étais à Londres au moment de sa sortie en Angleterre, je n’allais pas rater l’occasion. Je ne rate jamais une occasion de lire Gabriel Josipovici depuis que Pascal Arnaud, notre (Quidam) éditeur commun, m’a mis Moo Pak entre les mains, en me disant « ça, c’est pour toi ». En effet. Depuis, Gabriel Josipovici, c’est pour moi. Au point même de le relire en français, dans la traduction de Vanessa Guignery, après l’avoir lu en anglais. Est-ce à proprement parler une relecture ?

Deux mots quand même pour vous dire non pas de quoi mais plutôt comment ça parle – ce qui chez Josipovici revient peut-être un peu au même. Ça a l’air très simple a priori – c’est d’ailleurs très facile à lire – simple comme une maison à quatre étages, avec un appartement à chaque étage. C’est l’histoire d’elle, qui ne tarde pas à s’appeler Helena, et qui essaie d’écrire un livre sur l’artiste américain Joseph Cornell, lequel ne serait pas une biographie, ne serait pas un essai non plus, ne serait pas mais quoi être d’autre ? oui, un peu comme ce texte que j’écris ne serait pas une critique ; Helena qui heureusement a la vieille dame du dernier étage comme interlocutrice privilégiée de ses interrogations, tandis que Tom, au rez-de-chaussée, n’est pas tout à fait son amoureux, puisque le mot n’y est pas. C’est aussi l’histoire d’Helena qui pense sans cesse à sa sœur absente, Alice, laquelle œuvre dans un orphelinat en Tchétchénie, et ne lui donne jamais de nouvelles. Alice pour qui, croit-elle, elle n’existe pas. Sauf qu’arrive « il », qui se nommera lui-même « Ed », qui arrive de Tchétchénie où il a eu l’adresse d’Héléna par Alice. Il est reporter, tchèque et parle un anglais très correct mais aussi pauvre que les deux lettres par lesquelles il se désigne.

Ce qui me fascine chez Josipovici, c’est précisément ce qui me rebute chez la majorité des romanciers : les dialogues. On n’entend qu’eux, et si l’on connaît les préoccupations d’Helena parce qu’elle parle aussi bien avec Tom qu’avec Ruth qu’avec Ed, de ce dernier on n’entend que ce qu’il dit, et c’est peu. On devine que son anglais lacunaire l’arrange bien ; « pas de problème » devient sa réponse principale. « Pas de problème » comme une provocation intellectuelle à Helena, à nous, à moi, à tous ceux pour qui aller au bout de quelque chose en est un qui, au moins pendant un temps, paraît insurmontable.

Bien sûr, Josipovici, c’est pour moi. Bien sûr que ça n’est pas que pour moi.