mercredi 31 mars 2021

mardi 30 mars 2021

vendredi 26 mars 2021

Marcel Cohen dans les détails

Qu’il évoque une exposition de photos d’anciens champs de bataille, ou bien la condition des marins philippins sur les porte-containers de toute nationalité, ou bien les considérations sur la chasse au gros gibier d’un officier de l’armée des Indes néerlandaises, ou bien l’exploitation touristique des sites des camps de concentration, ou bien l’inconfort de se voir désigné sans l’avoir voulu spécialiste en dératisation, ou bien encore tout autre sujet apparemment sans rapport évident, Marcel Cohen porte sur le monde et sur soi – qu’il n’appelle jamais « moi » mais « un homme » – la même attention, aussi objective que possible. Et cette attention, c’est la qualité essentielle, la seule qui vaille vraiment, chez un écrivain.

Détails, II Suite et fin est paru tout récemment aux éditions Gallimard.



mercredi 24 mars 2021

Les Singes rouges se font entendre

Les Singes rouges de nouveau se font entendre, mais avec la voix mélodieuse de Carole Zalberg chez Ernest – cliquez donc – ou la mienne au micro de Radio Sensations.



dimanche 14 mars 2021

Alexander Dickow déblaie pour nous.

À la page 69 de Déblais (qui vient de paraître aux éditions Louise Bottu), Alexander Dickow écrit :


« Tout comme le livre, le fragment aspire à parler de tout. »


C’est une bonne façon de dire, en peu de mot et d’autant mieux, aussi bien l’ambition de ce fragment que celle du livre entier.

Il n’est pas étonnant dès lors que j’y trouve dit ce que par ailleurs j’ambitionne pour moi-même, par exemple :


« Ce narrateur peu fiable a raconté un récit qui en cache un autre. »


« Le livre ouvert ressemble assez à une gueule ouverte. Quand vous l’aurez refermé, ce livre, quelle part de vous aura-t-il engloutie ?


voire, tout simplement, ce que je pense :


« La plupart des romanciers écrivent comme on creuse une ornière. »


ou encore :


« La mode est à la production sérielle. Au ressassement. Trouver un truc, creuser l’ornière, l’exploiter jusqu’à son érosion totale. Nous admettons la répétition comme conséquence nécessaire de l’unité de vision. Nous avons perdu le sens de l’embardée. L’artiste se résigne à n’être pas plusieurs. Nous assumons l’identité qu’on nous assigne. Mais il faut faire autre chose. »



samedi 13 mars 2021

Mon petit DIRELICON (3)

 

Adjectif :

Se méfier des écrivains qui utilisent des adjectifs.


Adultère :

Excellent sujet, qui traverse les siècles (voir Sujet). Il suffit pour s’en convaincre de lire les œuvres immortelles de Gustave Flaubert (voir Flaubert Gustave), Theodor Fontane, ou Valérie Trierweiler.


Adverbe :

Se terminent tous par -ment. La présence d’adverbes dans un texte est un signe grave d’incompétence stylistique. Pires que les adjectifs.


Mon petit DIRELICON (Petit dictionnaire des idées reçues sur la littérature contemporaine mais quand même un peu à la manière de Flaubert)




vendredi 12 mars 2021

Mon petit DIRELICON (2)

 

Acheté :

Acheté aujourd’hui, à jeter demain.


Achevé d’imprimer :

Toujours à la fin, parce que c’est plus poli d’attendre que l’auteur ait d’abord achevé d’exprimer.


Actualité littéraire :

Sujet de la presse littéraire. C’est important qu’elle soit actuelle.


Mon petit DIRELICON

(Petit dictionnaire des idées reçues sur la littérature contemporaine mais quand même un peu à la manière de Flaubert)




jeudi 11 mars 2021

Mon petit DIRELICON (1)

 

Absorbé :

État du lecteur heureux. Et c’est ainsi que tous ses lecteurs, absorbés par leur lecture, disparurent à tout jamais. Vous voilà prévenus.



Académie Française :

Institution qui rassemble les académiciens. Les académiciens vivent sous un dôme. Ils sont immortels, verdoyants et épéistes. Ce sont aussi des écrivains : Valéry Giscard d’Estaing était membre de l’Académie Française. Xavier Darcos l’est encore.



Académie Goncourt :

Ne pas confondre avec l’Académie Française. Le risque est d’autant plus grand que l’Académie Goncourt est aussi française – mais un peu moins que l’autre quand même. Elle est aussi un peu moins académique car ses membres sont rarement appelés « académiciens ». N’en est pas moins prestigieuse pour autant, surtout depuis l’arrivée d’Éric-Emmanuel Schmitt.


Mon petit DIRELICON

(Petit dictionnaire des idées reçues sur la littérature contemporaine mais quand même un peu à la manière de Flaubert)




dimanche 7 mars 2021

Finir les restes

Ce n’est pas facile de parler de Finir les restes – sauf déjà à dire que c’est le nouveau livre de Frédéric Fiolof dont j’avais beaucoup aimé La Magie dans les villes, rappelez-vous. Ce n’est pas facile parce qu’il touche à ce qui nous touche tous un jour où l’autre, et dont il est si difficile de parler, d’ailleurs je répugne un peu à en dire le sujet – disons juste que c’est sensiblement le même que celui du beau livre d’Anne Pauly, Avant que j’oublie, dont déjà je n’avais dit que trois mots ici, et pour les mêmes raisons. Moins narratif, le livre de Fiolof se concentre sur l’état – appelons-le par son nom : colère – dans lequel ne se reconnaît pas celui qui s’appelle tantôt « l’homme très en colère », tantôt « l’orphelin », puisque c’est bien de ça qu’il s’agit. Très en colère, le voici prêt à en découdre avec Denis Morelle, son ennemi d’enfance, le seul qu’il parvient à se trouver car d’ennemis on sent bien que cet homme-là n’en saurait avoir. Mais Denis Morelle bien sûr a depuis des lustres disparu des radars, et voici notre homme avec sa colère dans le cœur et dans les mains l’urne funéraire à qui il doit trop tôt faire traverser la France.

Finir les restes vient de paraître tout récemment chez Quidam éditeur.



mardi 2 mars 2021

lundi 1 mars 2021