samedi 8 février 2020

Écrire et publier ou pas (5) (1983-1986)


Il se trouve qu’à cette époque je fais des études d’anglais et qu’à cette occasion je découvre la poésie de Coleridge ; ça fera un Sam de plus à mon Panthéon personnel. Je me lance aussitôt dans une adaptation du Vieux Marin en alexandrins. Six-cents, quand même. Quelques-uns sont encore lisibles. En fait depuis quelque temps, et même de plus en plus souvent, à force, il m’arrive d’écrire des textes qui restent lisibles. (Encore faut-il, pour avoir la possibilité de s’en rendre compte, avoir le courage de ne rien jeter, et de relire de temps en temps les pires niaiseries. Savoir d’où on vient.) Mais alors que c’est éparpillé ! Ça part vraiment dans tous les sens. A côté de proses plutôt d’avant-garde, j’écris toujours mes sonnets, je tente une première fois de monter ma pièce de théâtre, une fois mon Vieux Marin achevé j’enchaîne avec une adaptation de Koubla Khan (et, tiens, c’est de mieux en mieux) et surtout je continue toujours mon vieux roman, devenu pour le coup complètement expérimental, auquel je mettrai un point que je croirai final au début de l’année 1986, soit dix ans après l’avoir commencé.
Cet éparpillement, je n’en ai pas vraiment conscience, à l’époque. Je ne cherche pas à savoir s’il a un sens. Je ne sais pas à quelle profondeur il est ancré, et je ne me doute pas qu’il deviendra mon principal obstacle éditorial.
A ce propos, j’emprunte la vieille Remington de ma maman, et je tape le roman à la machine. Je dis « le roman » pour ne pas dire le titre. Il lui manque encore quelque chose pour être lisible mais aujourd’hui encore je considère que c’est lui qui m’a fait et que c’est sans doute ce que j’ai écrit de plus important. Mais il lui manque incontestablement quelque chose pour être lisible. Des quatre ou cinq gros éditeurs auxquels je l’envoie (par la poste évidemment, à l’adresse recopiée à l’intérieur d’un bouquin), seul Grasset, tiens donc, parle de « curieux manuscrit ». Le reste, des lettres-types. Je n’enverrai plus rien avant longtemps. De toute façon je n’ai jamais cru que c’était possible, d’être publié. Des amis me sollicitent pour monter ma pièce de théâtre. On s’y met. En juin 1986, nous jouons sur des planches modestes, mais parisiennes quand même.


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