dimanche 23 février 2020

Écrire et publier ou pas (15) (mars 2002)


Par temps clair est plus abouti qu’Une affaire de regard, c’est aussi l’avis de Bertrand Visage. Il précise même que, s’il avait su que j’étais capable de ça, il m’aurait probablement demandé des retouches à Une affaire de regard. Je me rends bien compte a posteriori d’une des difficultés du métier d’éditeur dont on ne parle pas tellement. Un auteur, qui n’a pas encore publié, on le découvre par un texte ; et on s’en fait une idée à partir de ce seul texte. C’est forcément très réducteur. Par temps clair est plus abouti, mais il est aussi plus « autarcique ». Ce n’est pas un point positif, même si je ne peux m’empêcher de penser à l’idéal flaubertien d’un « livre sans attache extérieure qui se tiendrait de lui-même par la force interne de son style, comme la Terre sans être soutenue se tient en l’air » (j’ai beaucoup pensé à Flaubert en écrivant Une affaire de regard). La suite le confirmera. Alors que d’habitude au Seuil il suffit d’un comité de lecture pour accepter ou refuser un manuscrit, Par temps clair en nécessitera trois. Bertrand Visage veut le faire passer, mais pas contre l’avis du comité de lecture. La première impression étant plutôt réservée, il sollicite Olivier Cohen, dont l’avis aussi est positif ; on est près de la publication mais il y a encore une hésitation ; un troisième comité devrait entériner la publication. Claude Cherki, qui est alors le PDG du Seuil et qui d’habitude ne lit aucun manuscrit veut savoir de quoi il retourne ; à l’issue du troisième comité de lecture ce sera non. Deux ans plus tard il donnera sa démission avec un procès sur le dos après avoir participé dans des conditions discutables à la vente du Seuil à la Martinière ; ça me fera une belle jambe.


Nuage, Ciel, Ciel Nuageux, Couvert, Gris, Dépression

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