Entre le 15 septembre 2002 et le 18 mars 2003, aucune note dans le
vieux Carnet vert. C’est tout à fait inhabituel. Je recopie la
note du 15 septembre.
« Dimanche
15 septembre 2002
Ce
qui relie tous mes textes : une variation sur le thème (ou la
forme) de la personne, et de la finitude.
Débuts
possibles de Centrifuge (le 7 septembre) et de Liquide
(le 10). »
Par
temps clair est inspiré par la théorie de l’évolution, et
plus largement par la biologie. J’ai besoin de passer à la
physique – même si j’y suis beaucoup plus ignorant. Centrifuge
n’ira pas plus loin. Liquide deviendra Liquide. Je me
souvenais que tout avait été resserré dans le temps (je parle de
l’écriture), entre 2001 et 2003. Mais à ce point, quand même
pas. Et si je recopie la note du 18 mars, c’est pire. (Bien sûr
que je la recopie, la facilité a sa place ici. Et puis ça dit
clairement à quoi je passe mon temps.)
« Mardi
18 mars 2003
Ma
recherche autour de la personne m’amène à la supprimer :
Liquide est ce roman à la personne zéro, qui n’en reste
pas moins au point de vue interne de ce personnage sans personne. Il
me faut justifier cette absence de personne grammaticale : elle
ne peut tenir qu’à l’inconsistance de l’être, à son état
liquide, enclin à prendre la forme du récipient dans lequel il se
coule. L’inconsistance, ou l’inconséquence – presque la
non-existence ; n’est-ce pas ce qui nous définit le mieux ?
Monsieur
le Comte au pied de la lettre a été entamé le 14 novembre,
Seul à voir le 21 décembre. »
Je
commence enfin à savoir ce que je fais quand j’écris, à relire
ce que je dis de Liquide.
Liquide
paraîtra en 2009, trois ans après Par temps clair, un an
avant Monsieur Le Comte au pied de la lettre (la majuscule à
Le n’était pas encore décidée, visiblement). Seul à
voir paraîtra, j’espère. Tout ce temps.
Tout
ce temps. Entre le 1er janvier et le 31 décembre 2002, j’ai fini
Par temps clair, j’ai écrit Chroniques imaginaires de la
mort vive, j’ai écrit quelques passages de Mémoires des
failles (dont je n’ai pas encore le titre), j’ai commencé
Liquide, j’ai commencé Monsieur Le Comte au pied de la
lettre – ces cinq-là sont aujourd’hui publiés. J’ai écrit
aussi Non sec – là il n’est plus question de publication
mais c’était bien aussi de l’écrire, je lui dois sans aucun
doute Monsieur Le Comte – et j’ai commencé Seul à
voir, auquel je crois toujours.
Voilà
ce que ça m’a fait, que le Seuil publie Une Affaire de
regard. Et qu’il refuse Par temps clair. Publier, ne pas
publier : deux moteurs. Écrire restera ma seule réaction.
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