jeudi 27 février 2020

Écrire et publier ou pas (18) (septembre 2002 – mars 2003)


Entre le 15 septembre 2002 et le 18 mars 2003, aucune note dans le vieux Carnet vert. C’est tout à fait inhabituel. Je recopie la note du 15 septembre.


« Dimanche 15 septembre 2002

Ce qui relie tous mes textes : une variation sur le thème (ou la forme) de la personne, et de la finitude.
Débuts possibles de Centrifuge (le 7 septembre) et de Liquide (le 10). »


Par temps clair est inspiré par la théorie de l’évolution, et plus largement par la biologie. J’ai besoin de passer à la physique – même si j’y suis beaucoup plus ignorant. Centrifuge n’ira pas plus loin. Liquide deviendra Liquide. Je me souvenais que tout avait été resserré dans le temps (je parle de l’écriture), entre 2001 et 2003. Mais à ce point, quand même pas. Et si je recopie la note du 18 mars, c’est pire. (Bien sûr que je la recopie, la facilité a sa place ici. Et puis ça dit clairement à quoi je passe mon temps.)


« Mardi 18 mars 2003

Ma recherche autour de la personne m’amène à la supprimer : Liquide est ce roman à la personne zéro, qui n’en reste pas moins au point de vue interne de ce personnage sans personne. Il me faut justifier cette absence de personne grammaticale : elle ne peut tenir qu’à l’inconsistance de l’être, à son état liquide, enclin à prendre la forme du récipient dans lequel il se coule. L’inconsistance, ou l’inconséquence – presque la non-existence ; n’est-ce pas ce qui nous définit le mieux ?
Monsieur le Comte au pied de la lettre a été entamé le 14 novembre, Seul à voir le 21 décembre. »


Je commence enfin à savoir ce que je fais quand j’écris, à relire ce que je dis de Liquide.
Liquide paraîtra en 2009, trois ans après Par temps clair, un an avant Monsieur Le Comte au pied de la lettre (la majuscule à Le n’était pas encore décidée, visiblement). Seul à voir paraîtra, j’espère. Tout ce temps.
Tout ce temps. Entre le 1er janvier et le 31 décembre 2002, j’ai fini Par temps clair, j’ai écrit Chroniques imaginaires de la mort vive, j’ai écrit quelques passages de Mémoires des failles (dont je n’ai pas encore le titre), j’ai commencé Liquide, j’ai commencé Monsieur Le Comte au pied de la lettre – ces cinq-là sont aujourd’hui publiés. J’ai écrit aussi Non sec – là il n’est plus question de publication mais c’était bien aussi de l’écrire, je lui dois sans aucun doute Monsieur Le Comte – et j’ai commencé Seul à voir, auquel je crois toujours.
Voilà ce que ça m’a fait, que le Seuil publie Une Affaire de regard. Et qu’il refuse Par temps clair. Publier, ne pas publier : deux moteurs. Écrire restera ma seule réaction.



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