mardi 29 septembre 2020

Notes sur les noms de la langue (30)

Au commencement était le verbe, mais il a fallu le conjuguer pour qu’apparaisse la première personne : je suis là.




lundi 28 septembre 2020

Notes sur les noms de la langue (29)

En revanche la deuxième personne du pluriel peut être la deuxième du pluriel, si je vous parle à tous. Mais si je te parle à toi en te mettant dans le même paquet qu’eux, ce « vous » mérite-t-il encore d’être appelé « deuxième personne du pluriel » ?




jeudi 24 septembre 2020

Coucou perte

Tiens, lis ça, et mets-y le rythme qu’il faut. C’est la page 80 de Coupe courte, ou de Coucou perte, de Julien d’Abrigeon, récemment paru aux éditions LansKine. 




mercredi 23 septembre 2020

Notes sur les noms de la langue (28)

Qu’est-ce donc que cette « première personne du pluriel » ? Ce n’est pas parce que je ne suis pas tout seul que je suis plusieurs.




lundi 21 septembre 2020

Entre grolars

Zoologiques est un recueil de conversations qui vient de paraître chez Fata Morgana sous la plume d’Eric Chevillard – sans doute l’a-t-il empruntée à l’un des deux perroquets qui y conversent : ils y sont les seuls oiseaux. Monsieur et Madame (ou plutôt « Elle » et « Lui ») partagent le même enclos / la même cage / le même vivarium et y sont bien sûr de la même espèce, à l’exception notable toutefois de Monsieur Grizzly et de Madame Ourse polaire, dont je vous livre ci-dessous un échantillon de la conversation, on comprendra pourquoi :


LUI – Bon, déjà une chose acquise : nous ne déjeunerons pas ensemble. On fait chambre à part aussi ?

ELLE (un peu gênée) – Hm… il se trouve que nous sommes génétiquement compatibles. La chose a été prouvée… il y a même eu quelques naissances.

LUI – De magnifiques petits oursons ?

ELLE – Des grolars.

LUI – Des gros lards… !?

ELLE – Grolars, des grolars… C’est un mot-valise anglais… a suitcase word… la compression de grizzly et de polar bear… grr… olar… grolar… des grolars.

LUI – En français, ça fait gros lards.

ELLE – Qu’on le veuille ou non. On entend gros lards.

LUI – Nous sommes des ours français, par le fait. Nos petits seront appelés gros lards. Ils seront des objets de risée. On se moquera d’eux. Avons-nous le droit de leur infliger ça ?


Voilà. Ou plutôt, nous voilà, nous voici, Eric Chevillard et moi, dans le même enclos : celui des écrivains qui prennent le grolar comme sujet (rappelez-vous mes Notes sur les noms de la nature). C’est le début d’une nouvelle communauté littéraire. Nul doute que nous sommes prêts à faire des petits.



lundi 14 septembre 2020

Notes sur les noms de la langue (25)

Si synonyme n’a guère de synonymes, force est de constater que son antonyme antonyme est le synonyme de contraire.




dimanche 13 septembre 2020

Kree

Donc j’ai lu Kree, de Manuela Draeger. Il est paru au début de l’année 2020, il fait partie de ces livres qui ont encore plus de chances que les autres d’être oubliés. Ce serait dommage. Ce serait d’autant plus dommage pour les lecteurs qui ne connaîtraient pas encore l’œuvre d’Antoine Volodine. Kree en est une nouvelle entrée très accessible, notamment parce que c’est clairement un roman, et qu’on y a clairement un personnage principal, Kree Toronto, dont on suit les vies (et là quand même permettez-moi de glisser un pluriel discret). C’est une jeune femme, l’une des plus badass de tout le post-exotisme. Je ne raconte pas n’importe quoi en disant que c’est aussi un roman d’amour et d’amitié, et aussi un roman politique. Tout ça, c’est vrai, mais ne vous y trompez pas : je l’écris juste pour racoler le lecteur. Ça ne vous dit pas pourquoi je ne voulais pas qu’il s’arrête à la fin. Ça ne vous dit pas pourquoi j’aime tout ce qu’écrit Volodine. Je n’essaierai pas. Il est plus facile d’ouvrir le livre au hasard, tiens, voilà, page 232, et d’en recopier quelques lignes, juste histoire de brouiller un peu tout ce que je viens de dire.

« Un jour il a l’impression que dans le voisinage immédiat s’est formé un deuxième œuf et, six à sept semaines plus tard, il sent un très doux contact entre eux deux. L’échange dure, d’abord avec des intermittences, puis en continu. C’est Smoura Tigrit. Elle sait son nom. Elle en est fière, d’après elle c’est un nom d’origine ybüre, et le nombre de survivants ybürs est infime. Griz Uttikuma objecte que le nombre de survivants des autres peuples est infime, lui aussi, quel que soit le peuple. Ce constat lugubre les fait rire. Sur des plaisanteries noires de ce genre se noue leur amitié. »

Kree, comme les autres publications de Manuela Draeger qui ne sont pas destinées à la jeunesse, est paru aux éditions de l’Olivier.




jeudi 10 septembre 2020

dimanche 6 septembre 2020

Un masque pour Raphaël

« Les personnages sont légèrement masqués pour laisser sa place à la littérature, mais oui c’est presque tout à fait eux » (Carla, Justine et les autres). C’est Paris-Match qui cite Raphaël Enthoven parlant de son dernier premier roman. Si vous voulez faire de la littérature, mettez un masque à vos personnages, et le tour est joué. C’est quand même pas compliqué. (Nos dirigeants aussi sont certainement de grands littérateurs.)

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samedi 5 septembre 2020

Notes sur les noms de la langue (22)

Le lexicographe connaît de nombreux noms communs qui ne le sont pas du tout. Paul Robert était lexicographe. Il se vengeait peut-être d’avoir pour sa part un nom propre très commun.





mercredi 2 septembre 2020

Trois ductions de Kubla Khan dans la revue Catastrophes, 3e et dernière partie

Voilà : la très belle revue de poésie Catastrophes me fait le plaisir et l’honneur de publier mes Trois ductions de Koubla Khan, un texte dont je ne prendrai pas le risque de préciser le genre et qui m’est très cher. Les deux premières parties sont déjà parues ; vous pouvez les (re)lire en cliquant d’abord ici puis là. Et voici donc la troisième et dernière, cliquez donc encore une fois.

mardi 1 septembre 2020

Notes sur les noms de la langue (21)

Parfois, pour « mot », on dit « terme » ; même quand ce n’est pas le mot de la fin. Le mot termine la chose. Sans mot, la chose n’est pas terminée. La terminologie est une fin. « Le mot, c’est la mort sans en avoir l’r », faisait dire Michel Arrivé à l’un de ses personnages. Ce romancier n’était pas linguiste pour rien. Ce linguiste n’était pas romancier pour rien.