mardi 29 mai 2012

le corps réfléchissant, en autorégulation automatique


Pour un confort comportemental maîtrisé, en plus du stretch qui vous procure un confort de surface, enduisez-vous d’une membrane, un film synthétique très fin, très performant. Votre organisme ainsi constitué de façon composite se préservera et deviendra un modèle du genre : une des meilleures manières de survivre dans cet univers.
 
Il ne faut pas oublier, l’ultime modèle : le corps réfléchissant, en autorégulation automatique.
 
« Le corps réfléchissant, l’expérimentation qui invite à l’essentiel ! » Sans effet de surface indésirable.
 
C’est entrer dans une logique évolutive.
 
Il faut veiller aussi à aller vers un minimum d’opérations : Ne superposer les couches qu’en ayant une connaissance rationnalisée du ZONING HUMAIN.
 
Notre géométrie est variable.
 
Conçus à partir d’une cartographie du corps humain, cette collection de sous-vêtements chauffants destinés à l’outdoor (Warm X) est alimentée par un micro-régulateur. Leur matière textile est composée de fibres d’argent aux propriétés conductrices et antimicrobiennes. Délimitation stricte de l’intimité. A NE PAS DEPASSER.
 
 
Virginie Poitrasson, Il faut toujours garder en tête une formule magique, éditions de l’Attente, 2012, p. 103.
 
(Une découverte, quoi.)
(Demain de 13 h à 14 h 30  elle sera en compagnie de Véronique Pittolo, pour qui Toute révolution commence par les pieds – ça y est, je suis déjà convaincu – et d’Elizabeth Jacquet qui ne raconte pas Quand j’étais petite mais le dit quand même, à l’auditorium du Petit Palais. Et si je me console de ne pas pouvoir y être c’est que j’ai eu la chance récemment de pouvoir les écouter au Comptoir des mots, le jour même des vingt ans des indispensables éditions de l’Attente.)
https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWfJTPxHZT32PtutAEcg0RVo5aqa17iWxKJW_XJ2iJzOEPR6kI3kosky9hHcbYfS3rFP4SpUw2nRYZcBdFYXn2keQbHwtG7rT15LF0cpyRawDu4GHEFL9wx1ZHcXp15EHPBn7VWpqRY9Q/s1600/417100_3208535537930_1402440178_33286284_1544918650_n.jpghttps://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgp_5XWQlljueeWTn9CzGVWOgLGbVzdkAzjPu715jtEP9uVOV8_Rf3HoK8Vc_OM2BtxNiFr3qE7_ThcCHEG1-jgG9tEbcyDRnGY1NDlok2al9u1JUObZSMqEx4ZAK6SLDOaTkd6VnE_8Ig/s1600/402634_3208564138645_1402440178_33286285_1097392185_n.jpg

Commentaires

Une pellicule sur tout le corps? C'est ce qu'on a fait à deux enfants, dorés pour les transformer en angelots , à la Renaissance. Le problème, c'est qu'ils sont devenus de vrais anges: ils sont morts asphyxiés.
Commentaire n°1 posté par Lza le 30/05/2012 à 10h00
C'est à ce prix qu'on connaît le prix des anges.
Réponse de PhA le 30/05/2012 à 12h14
Il y aurait donc encore de la pellicule quelque part ?
Très belle, la couverture de droite : les mots broyés.
Commentaire n°2 posté par Dominique Hasselmann le 31/05/2012 à 10h29
Ou les mots en pelote.
Réponse de PhA le 01/06/2012 à 20h51
Sur son blog, elle dit : puisque nous sommes invisibles, essayons d’être sonores, puisque nous sommes inaudibles, essayons d’être visibles.
Réfléchissant...
Commentaire n°3 posté par tor-ups le 31/05/2012 à 11h57
Très tactile aussi.
Réponse de PhA le 01/06/2012 à 20h52

dimanche 27 mai 2012

Les mains gamines, d’Emmanuelle Pagano.


Un recueil de nouvelles d’Emmanuelle Pagano aperçu l’autre jour me rappelle qu’entre deux paquets de copies j’avais griffonné ceci sur l’un de ses précédents romans, c’était encore une fois peu de temps avant l’ouverture de ces Hublots. Et c’était bien. (Le livre, hein ; parce que pour le billet déjà le temps manquait aux mots.)
 
 
Sa façon de ne pas dire
 
http://emmanuellepagano.files.wordpress.com/2011/06/mains.jpeg 
N’ayant pas lu les Adolescents troglodytes ni ses romans précédents, c’est avec les Mains gamines que je découvre l’univers et l’écriture d’Emmanuelle Pagano. Un sujet fort (il est bon peut-être de préciser qu’à mes yeux, ce pourrait facilement être une réserve) heureusement servi par une écriture authentique. Un traumatisme, comme on dit. Victime et bourreaux sont des enfants, de la même classe, CM2. Une année entière, peut-être ; plusieurs mois en tout cas, ça a duré. Etaient des enfants, plutôt, les bourreaux ; aujourd’hui ce sont des hommes faits, car cela appartient au passé. Au passé, mais toujours présent dans la mémoire collective. Le roman compte quatre parties, on change de narrateur – de narratrice – à chacune. Ce sont des proches des bourreaux, proches d’une manière ou d’une autre, qui parlent. Mais de tous les âges. Qui savent, sans savoir, comme on sait de l’extérieur ; qui n’en sont pas moins habitées, rongées. La victime est là aussi, présente, omniprésente et pourtant si discrète, « aux petits soins » même, mais opaque, ou presque – j’aime cette façon de traiter ce personnage. J’aime aussi le suspens du récit, dans le temps, un temps d’automne (Emmanuelle Pagano ancre son récit dans un terroir, dans un tissu social où les plus riches le sont grâce à la vigne, tandis que d’autres vivent des châtaignes). Et sa façon de ne pas dire.
 
2008
 
Emmanuelle Pagano vient de faire paraître Un Renard à mains nues, toujours aux éditions POL.


Commentaires

Oui, c'est un très bon texte.
Commentaire n°1 posté par Anna de Sandre le 27/05/2012 à 19h01
Nous sommes d'accord.
Réponse de PhA le 28/05/2012 à 20h44

samedi 26 mai 2012

paysage au serpent

http://meaxylon.files.wordpress.com/2010/10/poussin1.jpg
 
L'un des premiers tableaux que j'ai vraiment aimés. Je n'ai pas envie de chercher à savoir pourquoi. Mais vous pouvez cliquez sur l'image pour l'agrandir un peu.




Commentaires

J'adore!!
Commentaire n°1 posté par chris le 26/05/2012 à 18h46
Mais pour le voir en vrai, il faut aller à Londres.
Réponse de PhA le 27/05/2012 à 17h49
(... ce qui se trame sous les bosquets, une épouvante)
Commentaire n°2 posté par Gilbert Pinna le 27/05/2012 à 08h17
Une épouvante cachée et pourtant sous nos yeux.
Réponse de PhA le 27/05/2012 à 17h50
Quelle belle lumière! Mais ne serait-ce pas Orphée courant au secours d'Eurydice piquée par un serpent?
Commentaire n°3 posté par Lza le 27/05/2012 à 09h50
Je ne le connais que sous le titre indiqué - ou plutôt Landscape with a snake puisqu'il est à la National Gallery ; a priori la victime du serpent est un homme. Du même Poussin il y a aussi le paysage avec Orphée et Eurydice :

Réponse de PhA le 27/05/2012 à 17h57
Je n'avais pas remarqué le serpent dans le coin. Et je viens de raconter l'histoire à une fillette prénommée Eurydice.
J'ai appris récemment que Poussin avait été atteint de polyarthrite!
Commentaire n°4 posté par Lza le 28/05/2012 à 16h15
J'aime beaucoup ce fait qu'on ne remarque pas de prime abord la cause de la panique alors qu'elle est au premier plan.
Réponse de PhA le 28/05/2012 à 20h44
 

jeudi 24 mai 2012

Treize mille jours moins un, de Didier da Silva.


Une soixantaine de chips au paprika
 
En fait, il n’y a pas à dire, c’est quand même mieux de suivre les auteurs, plutôt que de n’en lire qu’un titre par-ci par-là (ce que je fais souvent quand même, parce que sinon, aussi, comment savoir ?) De Didier da Silva, j’avais déjà bien aimé Hoffmann à Tôkyô, paru l’an dernier chez Naïve ; un peu dépaysé tout de même par ce récit sans histoire, anodine odyssée toute en apesanteur dans un paysage estampillé japonais qui valut sans doute au livre quelques contresens : il n’y était guère plus question du Japon que du Mali chez Chevillard quand celui-ci écrivait Oreille rouge. Est-ce le retour dans un paysage moins exotique à mes yeux (quoique…) – puisque c’est Marseille qui remplace Tôkyô dans Treize mille jours moins un –, ou simplement le plaisir de la reconnaissance, ou même – n’ayons pas peur des mots – des retrouvailles avec un ton devenu familier : c’est sans réserve que je recommande la lecture de ce court récit, nouveau roman d’aventures sans aventures – voire : Sam joue du piano, se promène au hasard dans les parcs et par les rues, prend un bain de minuit, rentre chez lui, attend la pluie, s’endort, ressort le lendemain. Le drame tout de même est là, permanent, qui guette notre héros : sera-t-il victime d’une agression ? en tout cas les rochers sont coupants ; pour peu qu’on manque d’attention en sortant de l’eau, une blessure au pied peut vous gâcher la journée – sans parler de la fin tragique d’un poisson d’aquarium, d’un pied de tomate, d’une pédale de piano. Didier da Silva ne s’en cache pas : les grandes aventures, les fresques épiques, les intrigues complexes, très peu pour lui ! Ce fatras-là, il est tout juste bon à hanter les cauchemars de Sam : « Ses cauchemars sont longs, compliqués, riches de rebondissements ; de vrais romans avec une intrigue, du suspense, une galerie de seconds rôles (l’horreur vraiment). La seule image qu’il garderait de celui-ci serait celle-là, dont l’incongruité le rendrait extrêmement perplexe : dans un moment de panique absolue (prise d’otages ou incendie, pas moyen de s’en souvenir), sa mère rangeant toute affaire cessante, dans les compartiments d’un lave-vaisselle, une soixantaine de chips au paprika. » (p. 49-50). C’est sans doute qu’il existe, aux yeux de l’auteur, une alternative à cette matière traditionnelle du roman qui, à force d’en (ab)user, se réduit de plus en plus souvent à une triste série de lieux communs de la fiction. Et chez Didier da Silva, ce ne sont pas non plus les symboles qu’il faut chercher : s’il y en a, c’est pour mieux les vider du sens qu’on leur trouverait habituellement, quitte même – comme il arrive au bel arc-en-ciel final – à leur tourner le dos ; non, ce qu’il y a chez lui, c’est d’abord un ton, une sorte de couleur du son, maintenue par la force interne du style, comme dirait – à peu près – Flaubert ; la recherche quasi musicale du parfait équilibre, de la note parfaite, entre humour et humanité – puisque Sam, notre héros si peu héroïque, est aussi musicien ; et l’auteur (me rappelle soudain la quatrième de couverture de Hoffmann à Tôkyô) – aussi.
 
  Novembre 2008.
  
Peu de temps pour alimenter ce blog, alors je continue à recycler de vieilles critiques (enfin, disons plutôt de vieilles impressions de lecture) qui lui sont antérieures – car les livres, en tout cas certains, ne vieillissent pas. J’ai juste pris soin d’ôter la majuscule au da de Didier : je ne savais pas encore à l’époque qu’à ce sujet l’auteur ne plaisante pas – c’est vrai aussi que d’une minuscule il saurait faire une épopée. Ces Treize mille jours moins un (dont j’avais posté un extrait tout à fait au début de ces Hublots ; après tout c’est un peu Didier qui m’a donné l’idée d’ouvrir un blog, lui-même en a deux) sont parus dans la belle collection LaureLi des éditions Léo Scheer, comme plus récemment l’Automne zéro neuf, roman atmosphérique, premier du genre.


Commentaires

Remarque minuscule : tu me fais encore plus inactuel que je ne suis. En Mars 2006, je n'avais pas encore commencé à écrire Hoffmann... Le 9 se sera décroché. Ça arrive souvent. ;-)
Commentaire n°1 posté par Didier da le 25/05/2012 à 06h55
Mais oui ! Je me demande où j'ai pris cette date, puisqu'en cherchant à la même place je viens de trouver celle de novembre 2008 - c'est-à-dire à quelques jours de l'ouverture de ces Hublots.
J'espère que tu travailles de toutes tes forces, on commence à s'impatienter.
Réponse de PhA le 25/05/2012 à 07h26
Je  l'avais lu avec plaisir, à l'époque. Je vais le relire, tiens.
Commentaire n°2 posté par Anna de Sandre le 25/05/2012 à 09h13
A l'époque où j'emmerdais Loïs ?
Réponse de PhA le 25/05/2012 à 23h09
Et oui :-)
Commentaire n°3 posté par Anna de Sandre le 26/05/2012 à 08h44

dimanche 20 mai 2012

Jean-Luc Coudray n’a plus besoin de lui.


LE CHIEN DE LEOPOLD

Le chien de Léopold est un placard à archives. Il engrange une mémoire sans interprétation qui resurgit en aboiements unanimes.
Les vrais dossiers du monde sont dans le chien de Léopold.
Du coup, les gens respectent l’instinct de rangement qu’ils observent chez cet animal.
Ils marchent comme des soldats, pensent en apnée, évitent de cueillir les fleurs trop petites, vivent de peu, ne laissent pas enfler leurs soucis, rectifient leurs opinions vite déteintes.
 
Jean-Luc Coudray, Je n’ai plus besoin de moi, L’Atelier de l’Agneau, 2011, p. 66.
Philippe-Coudray.JPG 
Le dessin est de Philippe Coudray – et à la page 67 du même livre. Quant à Jean-Luc Coudray (déjà aperçu par ces Hublots), je propose qu’on le garde encore un peu.

jeudi 17 mai 2012

Tout passe, de Gabriel Josipovici.


Une pièce, un « il » anonyme, une voix qui le restera ; ça commence presque comme certains textes brefs de Beckett ; Soubresauts peut-être ou Compagnie ou même Sans mais non, pourquoi je pense à Beckett, pourquoi je pense à Beckett alors qu’il y a si longtemps que je n’y ai pas pensé. Mais non. Petit à petit des personnages quand même s’assument comme tels autour du il, fils fille femme et autre femme, à des âges variés car d’une époque on passe à une autre ; la mémoire n’aime pas l’ordre chronologique. Le présent, lui, est obsédant comme l’anonymat du protagoniste qui, ôtez-moi d’un doute, ne trouve tardivement son nom que dans un dialogue du passé. Au présent, « il se tient là ». Ne fait plus que ça, face à la fêlure et à la transparence du carreau. Sa fille peut bien venir faire le ménage, son fils lui dire de faire changer le carreau, il se tient là, c’est tout. Au passé aussi, il se tient là ; il se tient là car le passé est encore présent, Tout passe dit la voix anonyme mais encore faut-il que tout passe. Pour le moment tout ne passe pas. Au passé aussi, il se tient là, mais parfois il sent – il sent encore – son odeur ; et parfois dans un autre passé il parle, il parle et la littérature le recouvre au point qu’il disparaît comme ce texte écrit sans penser à changer de page, jusqu’à ce que la page soit entièrement noire comme la mort de l’autre.
 
Tout passe est un court roman, « Un roman » comme l’annonce l’auteur, qui vient de paraître chez Quidam, du même Gabriel Josipovici dont j’ai déjà tant aimé le très différent Moo Pak – même si tout de même il y était déjà question d’écriture impossible. Et c’est traduit par Claro, qui en parle lui-même ici.
https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi8FkQHQpoJdzWv-_Q_rbLbh6-Dwd4H4k4S4FFdMHwLifidAuvgTAlL1h2w0aeslQ0ZX_R4zX26Qd4HfH4P4rG63QbjzqlFcf0vv0QiMHCpsGfmDXgs20TUIFR2qJJFMMX0fRrSxgLVp24/s1600/tout+passe.jpg

Commentaires

Des résonances... alors j'ai commandé le livre.
Commentaire n°1 posté par Anonyme le 17/05/2012 à 17h52
Il résonne longtemps. (Votre confiance me fait plaisir.)
Réponse de PhA le 18/05/2012 à 15h31

lundi 14 mai 2012

pour les dix ans de Quidam éditeur, passés et à venir


« Dix ans d’existence, dix ans à ne publier que de l’inédit (exception faite d’une réédition), dix ans consacrés à la création et à la vache enragée, dix ans à être de ceux qui rendent la littérature vivante et participent de la bibliodiversité, QUIDAM A DIX ANS ! Et s’en souhaite au moins dix de plus si libraires, bibliothèques et lecteurs sont d’attaque pour ce bout de chemin. »
 
Quidam, c’est mon éditeur. Plus exactement, c’est l’éditeur avec lequel cette phrase a vraiment pris un sens : « c’est mon éditeur ». Avant, ce n’était pas mal, mais ce n’était pas vraiment ça. Quidam, c’est l’éditeur qui peut me dire « Lis ça, c’est pour toi », et à qui je peux faire confiance. Pas plus tard que cette semaine, avec Tout passe, de Gabriel Josipovici, je reviendrai dessus – Gabriel Josipovici dont déjà Moo Pak m’avait enthousiasmé. Grâce auquel pour une fois, ordre alphabétique oblige depuis les petites classes, je suis enfin fier de voir mon nom en tête d’une liste qui comporte ceux de B. S. Johnson, de Ron Butlin et de Reinhard Jirgl. Heureux de le voir côtoyer ceux de Jérôme Lafargue et de Romain Verger, dont la lecture m’a convaincu de proposer mon travail à Quidam. Heureux de le voir régulièrement prendre le risque de publier des premiers romans d’inconnus, et constater à chaque lecture que oui, ce livre-là il fallait vraiment le publier (coup de cœur notamment pour le magnifique livre de Denis Decourchelle la Persistance du froid, et plus récemment pour le terrible Crevasse de Pierre Terzian). Heureux enfin de voir que lorsque tout récemment un auteur déjà plus que confirmé arrive, ce n’est autre que Marie Cosnay, que je lisais depuis des années notamment chez Laurence Teper, une belle maison dont on regrette la fermeture. Parce que ne publier que des livres auxquels on croit vraiment, sur la durée, à une époque où seul l’immédiatement consommable a une chance d’être rentable, sans les moyens de maisons d’édition plus puissantes et qui ne prennent pas les mêmes risques, bien sûr c’est un métier ; mais c’est aussi un peu plus que ça.


Commentaires

Une belle relation écrivain-éditeur, un bel hommage, et.... pour moi, des découvertes à venir...
Commentaire n°1 posté par Anonyme le 15/05/2012 à 07h34
Et je me rends compte que j'en ai oublié plein que j'ai lus et aimés : R.D. Brinkmann, Miguel Duplan, Marie Frering, Victoria Horton, Jacques Josse, Michael Lentz, Annette Mingels, Nils Trede, Marc Villemain...
Réponse de PhA le 15/05/2012 à 07h47
Oui, bel éditeur à qui l'on souhaite une autre décennie de publications heureuses pour notre plaisir de lecteurs !
Je note les deux livres de Decourchelle et Terzian mais je suis atterrée devant la disparition de Laurence Teper que j'ignorais !
Commentaire n°2 posté par Françoise le 15/05/2012 à 09h05
Deux très beaux premiers romans, très différents l'un de l'autre.
Oui, Laurence Teper, ça manque.
Réponse de PhA le 15/05/2012 à 21h31
 

samedi 12 mai 2012

Monsieur Le Comte en Tarzizanie


En Tarzizanie, c’est le troisième livre d’Orion Scohy, paru comme les deux précédents chez POL. Je fais mon bien informé, mais mercredi dernier encore je n’avais jamais encore, je l’avoue honteusement, entendu parler d’Orion Scohy. Heureusement qu’une âme charitable a attiré mon attention dessus, il s’agit d’un Hermite critique dont je vous engage à suivre le blog de critique littéraire, encore jeune mais clairement de bon goût, et qui a commis sur cette Tarzizanie la critique que je n’écrirai pas moi-même, chacun son boulot. Or voici qu’à la page 185 de cette Tarzizanie, je lis :
« Monsieur Le Comte fut-il entièrement maître de la décision subséquente, qui l’amena sans tarder davantage à rechercher ladite rue (du Pot-aux-Roses) sur un plan de la ville surgi à point nommé, miraculeux exemple de génération spontanée, tel agaricus bitorquis, l’agaric des trottoirs, éclatant le bitume de sa chair savoureuse ? »
Oui, vous avez bien lu. Et au cas où vous auriez mal lu, l’auteur précise, juste en dessous :
« (Philippe Annocque, Monsieur Le Comte au pied de la lettre.) »
C’est moi, quoi. Enfin, c’est nous : Monsieur Le Comte et moi, Monsieur Le Comte et son siamois. Voici donc pourquoi je n’avais plus de nouvelles depuis quelques temps : Monsieur Le Comte se paie des vacances en Tarzizanie, aux frais d’un pote qui assure tout le boulot, un sportif qui préfère la brachiation de liane en liane à la vélocipédie de Monsieur Le Comte. (Sans blague, si le livre vous tombe sous la main – il existe encore quelques bonnes librairies –, lisez le donc le faux sonnet calligrammatique et acrobatique qui ouvre le bal à la page 15 après quelques amuse-gueule, je vous garantis qu’il y a de bonnes chances que vous vous preniez pour Jane à votre tour, je veux dire que vous vous preniez d’amour pour Tarzizan et son auteur.)
Bref, voilà assurément, vous en conviendrez, un auteur de bon goût. Et comme s’il n’était pas sûr de m’avoir convaincu, il me met en bonne compagnie : j’ai reconnu aussi Eric Chevillard (pour les Absences du Capitaine Cook qui plus est), Pierre Alferi et Jacques Jouet. Mais je reprends ma lecture :
« « … tel agaricus bitorquis, l’agaric des trottoirs, éclatant le bitume de sa chair savoureuse ? » (Philippe Annocque, Monsieur Le Comte au pied de la lettre.)
 Je suis un peu comme ce champignon des villes qui, vérification faite, existe réellement (quoique pour ma part, je préfère continuer à me croire absolument incomestible)… »
Alors là je l’arrête tout de suite, Orion Scohy. Il fait fausse route. C’est tout le contraire : en tout point semblable à agaricus bitorquis ; dont j’ai évidemment, faut-il vous le préciser, vérifié par moi-même la comestibilité (il est en effet délicieux) ; il en poussait régulièrement à la limite entre le trottoir et la pelouse à cent mètres à peine de chez moi avant qu’on déracine quelques peupliers voisins qui, certes, défonçaient légèrement la chaussée, mais je m’éloigne de mon sujet, j’y reviens : en tout point semblable, disais-je, à agaricus bitorquis, Orion Scohy, dont je ne doute qu’il ait au moins un pied voire deux et auquel je saurais facilement faire porter le chapeau s’il s’avisait de me contredire, est parfaitement comestible ; c’est même, comme nous disons entre nous (nous autres mycologues) : c’est un comestible très estimable – la preuve : je l’ai dévoré.
 
http://www.gaite-lyrique.net/sites/default/files/kcfinder/upload/images/magazine/2012_04/orion_lianes.jpg

mardi 8 mai 2012

Sans l’orang-outan, d’Eric Chevillard.


Un seul singe nous manque
 
http://www.eric-chevillard.net/images/livres/sanslorangoutan.jpg 
« L’ouragan emporte aussi le nom de l’orang-outan, et voici notre langue orpheline à son tour, car le signe ne survivra pas longtemps au singe… » (p. 53)
 
J’ai compté : c’était mon dixième livre de Chevillard (il m’en manque quelques-uns). Forcément, sur la quantité, j’ai des préférences. Sans hésitation, Sans l’orang-outan en fait partie. Il rejoint Du hérisson dans mon panthéon. Peut-être même au-dessus.
Inutile de résumer le propos ; avec son efficacité habituelle, l’auteur le fait en trois mots : Sans l’orang-outan.
C’est donc l’histoire d’une perte. Une perte essentielle. En effet, même si, avant de disparaître, l’orang-outan ne se rencontrait pas à chaque coin de rue ; dès lors qu’il a disparu, son absence est universelle. Evidence bonne à dire, Chevillard le fait mieux que moi.
C’est une tragédie, en trois actes.
Du premier, Albert Moindre est le chantre désespéré. Témoin privilégié de l’irrémédiable catastrophe – c’est lui qui prenait soin de Bagus et Mina, les deux derniers espoirs –, il est seul à mesurer au lendemain de leur disparition ses conséquences cosmiques. C’est une déploration sans fin, une litanie oraculaire ; c’est triste comme la mort avant la mort – et c’est drôle comme un livre de Chevillard.
Le deuxième est plus choral. Albert Moindre s’y efface, avec la discrétion déjà du grand singe des forêts malaises ; c’est aussi qu’il n’a plus à vaticiner : les conséquences sont là, incontestables. Le « je » avec justesse laisse la place à un « nous » ; il ne s’agit plus que de décrire le monde désormais, tel qu’il est devenu : un sol meuble où l’on s’enfonce dans l’indifférence générale (donnant ainsi naissance, pour peu qu’on soit pris par le gel, à quelque singulière forêt de cadavres), où une population cherche l’oubli dans la fumée de la « loka », condamnée à cultiver l’« ongle » dur et la fougère, à manger cru le lambi et boire le lait de yack, à se casser les dents sur la peau impénétrable de l’informe « hurlant ». Une sorte d’églogue inversée, une apocalypse hivernale et primitive qui trouvera bientôt son accomplissement dans Choir, que notre auteur déjà médite*.
Albert Moindre reprend du poil (roux) de la bête au troisième acte : c’est lui qui, naturellement, sera le guide et le mentor d’une petite équipe chargée de sauver l’humanité – c’est-à-dire rendre la vie à l’orang-outan. Seul moyen : le devenir ; et notre Albert Moindre en entraîneur fervent de prétendants à l’état simiesque ne lésine pas sur les moyens, que je vous laisse découvrir. Résultats non garantis, mais jubilation assurée.
Ce livre, qui m’a conquis sans réserve – j’ai du mal à comprendre celles de certains critiques – marque à mon sens un tournant dans l’œuvre de Chevillard. Toujours aussi inventif, aussi jouissif et burlesque, il est aussi plus grave, plus désespéré. Le propos, sous l’habituelle loufoquerie apparente, touche à l’essentiel. L’écriture est belle, tout simplement. L’humour y est pudeur. Finalement j’en ressors ému.
 
Janvier 2008.
 
* L’auteur de cet article apparemment prétend posséder quelque talent divinatoire.
 
Une relecture qui s’impose, en ces temps propices à la disparition brutale des espèces tutélaires.


Commentaires

On pourrait imaginer aussi, irrespectueusement, que notre actuel "baladin du monde occidental" rend ici une sorte d'hommage secret à John Millington Synge...
Commentaire n°1 posté par Dominique Hasselmann le 11/05/2012 à 14h15
Pourquoi pas - si Chevillard doit à Beckett ce que Beckett doit à Synge.
Réponse de PhA le 11/05/2012 à 20h44
"Emue", oui, c'est ainsi que j'en ressors....
Commentaire n°2 posté par Anonyme le 20/05/2012 à 17h21
N'est-ce pas ?
Réponse de PhA le 22/05/2012 à 21h20

dimanche 6 mai 2012

billet pour un aller simple

Longtemps, j’ai regardé ailleurs. Pendant cinq ans au moins. Je ne faisais pas exprès, je ne m’en suis pas rendu compte tout de suite. Et puis un jour, à la cantine, c’était sept ou huit mois après son élection, j’écoutais deux collègues qui disaient que partout on ne voyait que lui, on n’entendait que lui, et je me suis rendu compte que moi je ne l’entendais plus. Sa voix, son phrasé si caractéristique, cela appartenait déjà au passé. Bien sûr je savais qu’il n’y avait rien de vrai dans ce que je ressentais, je savais que c’étaient mes deux collègues qui étaient dans le vrai : partout, on ne voyait, on n’entendait que lui. Mais pas moi. A bien y réfléchir, quand même, il y avait bien, quelque part dans un coin de mon champ de vision, une petite forme floue qui s’agitait pour attirer mon attention : c’était lui. Mais je ne le voyais plus. Je ne l’entendais plus. Je n’étais même pas sûr de l’orthographe de son nom.
Il n’y a pas de quoi se vanter, hein. C’était juste un symptôme. Cet homme, je m’étais forcé à l’écouter durant sa campagne électorale, sans parvenir à imaginer – tout en le sachant – que les gens allaient l’élire. Cet homme dont l’activité principale avait consisté à se montrer. Qui s’était fait connaître du grand public en se montrant, lors d’une prise d’otages dans une maternelle où l’on n’avait pas réussi à arrêter vivant le preneur d’otages, et qui m’était immédiatement apparu comme, non, pas antipathique, d’ailleurs le mot ne m’est pas venu tout de suite, il m’est venu plus tard, sans doute au moment du Kärcher, ou du Fouquet’s, ou du yacht, ou à un autre moment encore. Obscène. Alors après son élection, le regarder, l’écouter encore, non, ce n’était plus possible. Lire après tout était bien suffisant. La télé pendant des siècles on s’en est passé.
Obscène le mot est fort peut-être. Question de sensibilité. Et puis l’obscénité, ou ce que moi je prends pour de l’obscénité, est bien partagée. Tiens, la récente candidature de Patrick Poivre d’Arvor à l’Académie Française, ça avait bien quelque chose d’obscène aussi (mais au moins c’était drôle). L’obscénité est peut-être dans l’air du temps, montrez-vous montrez-vous, il y en aura bien pour finir par croire que vous existez. Sarkozy, certainement, a bien incarné l’air du temps. On ne peut pas lui retirer ça. Il reste encore à changer l’air.



Commentaires

Merci, Philippe, pour ce texte dont le propos est la copie de ma pensée depuis 5 difficiles et honteuses années.
Commentaire n°1 posté par chris le 06/05/2012 à 20h25
Ne crions pas victoire non plus : nous sommes seulement débarrassés d'un symptôme, certes spectaculaire et pernicieux, j'ai peur que le mal soit plus profond.
Réponse de PhA le 07/05/2012 à 17h53
Oui, je souscris à tout ce que vous dites (de ce que vous "disez", comme disait ce personnage à BFMTV, si bien que je me demande si lui-même est bien sûr de l'orthographe de son propre nom). J'ai eu peur jusqu'à 19 heures, quand la presse belge a annoncé la bonne nouvelle. Pour tromper ma peur, j'ai passé les derniers jours à ranger mes livres. Mais je n'ai pas bien dormi, pas bien pu lire non plus en dépit de l'arrivage tout récent de Dachau....
Obscénité, c'est le mot juste, jusque dans le discours de ce soir où il jouait à celui qui arrache des lambeaux de son coeur pour l'offrir à son public. Margot était en larmes. Pourquoi ai-je regardé? Peut-être pour en croire mes yeux. Obscénité aussi pour le journaliste en question, bien évidemment....
Commentaire n°2 posté par Anonyme le 06/05/2012 à 21h24
Ah c'était un beau moment, ces adieux...
Réponse de PhA le 07/05/2012 à 17h54
et d'obsène il passa à obsolète... hum c'est bon la langue française... Ouvrons nos oreilles endormies et soyons attentifs.
Commentaire n°3 posté par Gab le 06/05/2012 à 21h54
Tout à fait : qui est à la mode - se démode.
Réponse de PhA le 07/05/2012 à 17h55
Il va va falloir qu"il trouve un nouveau poste, d'autant plus que, grâce à lui, l'âge de la retraite... Depuis la mort de Louis De Funès, il y a un emploi vacant dans le cinéma...
Commentaire n°4 posté par Lza le 07/05/2012 à 09h28
Oh, on ne lui en voudra pas de prendre une retraite anticipée, ce serait mesquin.
Réponse de PhA le 07/05/2012 à 17h57
Excusez-moi, il y a un "de" en trop dans ma parenthèse, c'est l'émotion....
Commentaire n°5 posté par Anonyme le 07/05/2012 à 12h13
ce qui est sidérant c'est que malgré cette obscénité, 48% de français ont voté POUR lui ! il n'y a quand même pas 48% de très riches en France ! 
Commentaire n°6 posté par Mme de K le 07/05/2012 à 12h29
En fait je crois que c'est justement cette obscénité qui a fait son succès - ou ce que nous percevons comme tel et qui, à d'autres yeux, passent pour une sorte de décomplexion (inventons le mot pour lui, il le vaut bien). Ne perdons pas de vue que certains de nos jeunes ne rêvent que de grosses voitures, de gourmettes en or et de belles nanas. Le comportement de certains membres l'équipe de France de football a été un autre bel exemple de cette obscénité ambiante. Sarkozy et Riberi passent pour des winners qui ont bien raison d'en profiter.
Réponse de PhA le 07/05/2012 à 18h06
et l'obsénité est ausi faire croire à ces jeunes-là, qui rêvent grosse voiture, grosse montre, grosse maison, grosse b (oh pardon...) qu'il suffit d'y croire pour l'avoir. Et que cela peut les rendre libres et heureux. Je crois que je rêve d'un pouvoir dont la priorité serait d'offrir à tous ces jeunes vides de quoi remplir de richesses humaines leur vie à venir. Un truc comme ça quoi, utopiste, souriant, léger et qu prenne un peu aux tripes. Vous voyez ?
Commentaire n°7 posté par Gab le 07/05/2012 à 18h43
Oui. En même temps, les obscènes, ou tout au moins les outrecuidants finissent en général par offrir un exemple à méditer ; aussi bien cette équipe de France qui s'y croyait que ce président qui ne pouvait imaginer à quel point son image était dégradée, au point de précipiter délibérément son parti dans un échec prévisible. J'ai longtemps craint que dans un instant de lucidité il renonce à sa candidature, mais dans son aveuglement il s'est révélé un auxiliaire précieux pour la victoire de la gauche (enfin, de la "gauche"...).
Réponse de PhA le 09/05/2012 à 15h08
Euh...oui...Une "gauche" plutôt très décentrée vers un centre à fond rosé...:-)
Commentaire n°8 posté par chris le 15/05/2012 à 18h34
En même temps, ne gâchons pas non plus notre plaisir d'un retour à une certaine normalité qu'on n'osait plus espérer.
Réponse de PhA le 15/05/2012 à 21h34
(le commentaire est à fond indéfini décoloré comme le "sujet" évoqué!)
Commentaire n°9 posté par chris le 15/05/2012 à 18h37
Oh!Combien je suis d'accord avec toi, Philippe!
Depuis quelques jours, je ressens cette impression d'un certain apaisement ce qui, en soi et objectivement, n'a pas vraiment lieu d'être mais c'est ainsi...
Avec le rongeur et ses acolytes, leurs propos, leurs actes calamiteux, haineux, violents, au quotidien, préjudiciables à la société en général et, en corollaire, aux relations entre citoyens" ordinaires, j'en étais arrivée à un véritable état de stress permanent, une "pression", un état de fureur que je n'avais jamais connus auparavant: oui, un soulagement, comme une respiration...
Commentaire n°10 posté par chris le 16/05/2012 à 04h20

mardi 1 mai 2012

une interview de POL dans Télérama


POL, c’est peut-être l’éditeur le plus souvent cité dans ces Hublots. Je lis dans Télérama (c’est Nathalie Crom) « (…) Trois lettres qui (…) signalent depuis lors au lecteur exigeant (ça c’est moi ?) des textes toujours de haute valeur littéraire (j’aurais dit souvent, plutôt). (…) les auteurs de chez P.O.L. – ils s’appellent notamment Emmanuel Carrère, Mathieu Lindon, Marie Darrieussecq, Nicolas Fargues, Jean Rolin, Atiq Rahimi, Patrick Lapeyre (j’aurais dit souvent, plutôt – disais-je) (…) » « (…) Il est essentiel aussi de publier (là c’est POL qui parle) des œuvres qui soient reconnues par les écrivains entre eux (…). Je pense par exemple à un auteur comme Hubert Lucot, dont je suis l’éditeur depuis plus de trente ans. Il n’est pas reconnu par le public comme je voudrais qu’il soit, mais ses livres comptent énormément pour d’autres écrivains – certains dont je suis l’éditeur, mais pas seulement. » En effet, Hubert Lucot compte pour moi, par exemple, et ça me fait plaisir de voir son nom dans Télérama, même seulement cité par son éditeur. Du coup j’en citerais bien d’autres, des auteurs POL qui méritent la visite, parce qu'il y en a bien peu dans cette interview, qui méritent la visite et la reconnaissance de lecteurs qui ne soient pas forcément des écrivains : Pierre Alferi, Joël Baqué, Olivier Cadiot, Didier da Silva, Suzanne Doppelt, Liliane Giraudon, Jacques Jouet, Edouard Levé, François Matton, Danielle Mémoire, Christian Prigent, Nathalie Quintane, Gwenaëlle Stubbe… sans parler de ceux que je n'ai pas encore lus, forcément.
 
Evidemment c’est un avis d’écrivain, et il est notoire en effet que les avis d’écrivains sont bien peu prescripteurs - on se demande (?) pourquoi.

Et Emmanuelle Pagano, Sébastien Smirou... (Profitons du déménagement pour une petite mise à jour, le 15 octobre 2014.)


Commentaires

Dois-je rougir de honte et me cacher sous un voile noir : des auteurs que vous indiquez en bleu, je n'ai lu que Jacques Jouet et cela grâce à vous. Mais je vais persévérer.
Ce que je n'ai pas assez fait pour la littérature française, je l'ai fait pour la littérature anglo-saxonne, me fiant à un écrivain pour en découvrir un autre. En ce sens, les journaux d'écrivains (entre autre celui de Virginia Woolf), ou leur correspondance avec des indications sur leurs lectures lorsque les blogs n'existaient pas, m'ont été très précieux.
Commentaire n°1 posté par Anonyme le 02/05/2012 à 00h38
la littérature française contemporaine a un vrai problème de représentation, c'est pour ça que ces auteurs (et bien d'autres que je n'ai pas lus moi-même) sont relativement peu connus - à des degrés variables. Ce qui est notable dans le cas de POL, dont le plus gros du travail est remarquable - à mes yeux c'est l'un des éditeurs dont le catalogue est le plus riche -, c'est qu'une partie des gros succès qu'il rencontre sont obtenus par des livres passables ou même moins (j'ai peu de goût pour Darrieussecq, Fargues et Rahimi, par exemple) et que ce succès n'entraîne pas celui d'auteurs qui pourtant comptent vraiment pour l'éditeur lui-même, comme Lucot, alors même que l'éditeur reste fidèle à ses auteurs durant des dizaines d'années. POL, ça marche, aux yeux de Nathalie Crom ; en réalité même là il y a un problème. D'ailleurs dans l'interview POL lui-même est très prudent, il ne cache pas qu'un rien peut mettre la maison en difficulté.
Réponse de PhA le 02/05/2012 à 15h25
même avis que Philippe... ça va finir par compter...
Commentaire n°2 posté par marie cosnay le 02/05/2012 à 13h51
Ton avis compte, c'est mon avis.
Réponse de PhA le 02/05/2012 à 15h26
Hé! Françoé Matton est aussi chez P.O.L.
D'accord il dessine mais il écrit aussi sous ses dessins :
"Avec mon ami Omar on discute à l'ombre.
On regarde les femmes passer.
On fait les idiots".
Page 5, J'ai tout mon temps, François Matton, éditions P.O.L.
(+_+)
Commentaire n°3 posté par Ambre le 02/05/2012 à 20h57
Et c'est beau.
(Et là encore, c'est râlant qu'il reste trop peu connu du public.)
Réponse de PhA le 03/05/2012 à 17h40