lundi 31 mai 2010

Après vous, Alferi.



LA CAUSE
 
La lumière décida. Elle entrait horizontalement par l’unique fenêtre de la chambre – une quinzaine de mètres carrés – et ressortait par la fenêtre symétrique du vestibule-cuisine-salon – douze mètres carrés au plus. Du moins est-ce ainsi qu’elle cueillit Ben lors de sa visite. Il devait être huit heures du soir, et le soleil de juin, dont la chute se précipitait comme celle d’une montgolfière en flammes, enduisait les murs mal peints, les meubles de récure et le parquet brut d’un vernis de miel chaud. A l’aube, la Terre ayant tourné son dos, l’appartement serait de nouveau embroché par les rayons, suspendu en plein ciel par un trapèze de lumière plus tangible que les quatre étages inférieurs. A gauche de la cuisine, dont la séparait mal un rideau de perles de bois, la salle de bains-toilettes lui ajoutait à peine cinq mètres carrés. Ben ouvrit grand les deux fenêtres. Le luxe de cette lumière traversante compensait largement, à ses yeux, l’exiguïté des lieux.
 
« Air (vent) lumière, se dit-il,
(soleil)
(h) aspirés. »
 
Pour parvenir à vivre seul, il lui semblait vital d’emménager dans une vue plus que dans un intérieur, dans une lumière plus que dans un volume. Sa haine du domicile n’en exigeait pas moins pour prix de son silence. Il appellerait « chez-soi » davantage un lieu d’où – d’où regarder, d’où repartir – qu’un lieu où, davantage un perchoir, un belvédère, une consigne, qu’une résidence. L’appartement du Catalan, comme il prit l’habitude de le désigner, était idéalement réduit, idéalement ouvert. Sans vis-à-vis, sans ascenseur, sans bail – ce mot terrible, synonyme de cautionnement et de liberté provisoire –, il était situé assez haut sur le flanc d’une colline en bordure de Liguse. Or ce chef-lieu d’une laideur inoffensive devenait presque pittoresque vu du dessus, car la plupart des bâtiments de sa vieille ville avaient gardé leurs toits d’ardoise. Ben se félicita de sa bonne fortune, et il sourit en songeant qu’il la devait à la présence d’un ticket de métro entre les pages trente-deux et trente-trois d’un roman de qualité moyenne.
 
Pierre Alferi, Après vous, POL, 2010, p. 7 à 9.
 
Ce n’est pas parce que je commence la lecture du dernier roman de Pierre Alferi que j’en recopie ici les premières pages : je l’ai déjà terminé ; et ce que je relis par-dessus votre épaule n’est pas ce que vous lisez. Ayant lu ces lignes et les suivantes avant vous, j’ai l’impression de bénéficier d’une profondeur de champ nouvelle. Comme je suis bon prince, je veux bien partager (mais avec parcimonie) mes lumières : notez donc celle, décisive, de la phrase liminaire. C’est peut-être l’héroïne, ou le moteur, ou le sujet de ce roman – où précisément c’est bien une question d’éclairage qui décide de l’importance des personnages, du sujet, ou du genre. Car il y a un très beau jeu de mise en doute du genre et du sujet dans ce roman qui, bien que doté d’une page trente-trois qui suit la trente-deux, n’a rien d’autre en commun avec celui mentionné à la fin de l’extrait ci-dessus : c’est à coup sûr l’un des plus excitants que j’aie lus ces derniers temps – et parmi les autres il y avait déjà les Jumelles.



Commentaires

Ce sera après toi, il est déjà emprunté à la bibliothèque (mais je l'ai réservé).
Commentaire n°1 posté par Didier da le 31/05/2010 à 10h12
C'est aussi grâce à toi si j'ai lu Après vous avant toi.
Réponse de PhA le 31/05/2010 à 10h22
Didier da vient de me souffler la plus sage des réponses à ma question! La bibliothèque, bien sûr! Ah, marre de finir au commissariat après une course éperdue sur le Bd Saint-Michel, les gorilles de Gibert aux fesses - si je puis dire...

Commentaire n°2 posté par Depluloin le 31/05/2010 à 10h21
Allons, Depluloin ! Vous confondez les vigiles de Gibert et les petits chiens hargneux qui font la joie maligne de vos fillettes.
Réponse de PhA le 31/05/2010 à 10h25
Philippe, il faut que j'vous dise : vous êtes beau, bien et bon quand vous aimez.
Commentaire n°3 posté par Chr.Borhen le 31/05/2010 à 11h21
C'est sans doute que j'aime aimer ce qui mérite d'être aimé.
Réponse de PhA le 31/05/2010 à 18h54
Courtoisie de la lumière.
Commentaire n°4 posté par Gilbert Pinna, le blog graphique le 31/05/2010 à 11h38
Tant qu'on oublie l'ombre.
Réponse de PhA le 31/05/2010 à 19h12
Oui, mais si je vous suis (après vous), les piles qui vacillent déjà vont encore s'alourdir. Bon je note (soupir) 
Commentaire n°5 posté par Zoë le 31/05/2010 à 14h38
Hélas ! C'est de plus un auteur encore jeune (que dis-je : tout jeune ; je crois qu'il a mon âge) avec une longue et riche carrière devant lui (et même derrière, d'ailleurs). Quelle misère pour nos étagères !
Réponse de PhA le 31/05/2010 à 19h06
Oui "aménager dans une lumière" belle idée !  Et   c'est le rêve, le mien en tout cas. En atelier  d'écriture je donne parfois comme consigne Entrer dans un élément ... (consigne chipée chez Aleph - Ecritures)  "Entrer dans la lumière" est une expérience d'écriture exaltante
Cela dit mon néanmoins joli appart n'en a pas assez du tout de lumière et, comme je suis addict, je suis tout le temps soit au parc voisin des Buttes Chaumont soit dans un bistro baigné de soleil ...
Dane
Commentaire n°6 posté par Dane Cuypers le 31/05/2010 à 17h16
Tout avoir... J'ai beaucoup de lumière - loin des Buttes Chaumont !
Réponse de PhA le 31/05/2010 à 19h14
"emménager dans une vue plus que dans un intérieur, dans un lumière plus que dans un volume" hé mais il habite chez moi ce perso ! à moins qu'il n'ait délogé l'oncle à Tati !
Commentaire n°7 posté par Juliette Mézenc le 01/06/2010 à 12h14
Si vous saviez ce qui va se passer chez vous... (et si vous voulez le savoir, vous savez quoi faire !)
Réponse de PhA le 01/06/2010 à 12h53

mercredi 26 mai 2010

je panse mes maux (comme je peux)

Ma cheville me fait un mal de chien. Elle est toute rouge et elle a doublé de volume. Je vois déjà d’ici venir les rieurs : j’ai bien dit ma cheville, pas mes chevilles. J’ai dû me faire une entorse – ça ressemble vraiment à une entorse –, mais je ne m’en souviens pas. Aucun faux pas de ma part. Ça a commencé lundi soir, discrètement, après une journée de quasi repos, justement. J’ai pensé aussi à une mygale, qui m’aurait piqué à mon insu (la douleur concerne exclusivement la zone malléolaire, cette précision me tracasse). En tout cas je déguste. Hier soir je ne pouvais plus mettre le pied par terre. Mon dernier billet aussi s’en ressent. Ce matin, ça s’est très vaguement calmé juste le temps d’assurer la matinée de cours. Je vais vous dire : je soupçonne un double de moi-même, dans une dimension parallèle, qui aura eu l’idée saugrenue de consacrer mon talent au football. Comme je suis un être sensible, j’enfle aussi par compassion inconsciente. Je hais le foot. Et je hais encore plus ce crétin de double footballeur.
La douleur est un truc idiot. Elle empêche de penser à autre chose qu’elle-même. Elle est sûrement à l’origine de l’autofiction. La mienne, tout de même, est encore plus bête que les autres. Cette façon qu’elle a de ne s’attacher qu’à une cheville ! Une migraine, on dira ce qu’on voudra, ça a quand même plus de gueule. En plus, une migraine, ça a le bon goût de ne pas se montrer. Ça donne juste une belle expression douloureuse au migraineux. On voit qu’il s’en passe, des choses, dans sa tête. Alors que ma douleur, regardez moi ça comme c’est peu seyant, rose vif et informe (d’autant plus que mes chevilles sont plutôt gracieuses, en temps normal). Ecœurant. Vous êtes bien bons de lire ce billet. Enfin, on se soigne comme on peut.


Commentaires

Mais c'est horrible! c'est atroce!! En plus, il vous manque les cinq doigts de pied! (Philippe, vous faites comme moi? Vous nettoyez votre parquet avant de faire des photos? :)
Commentaire n°1 posté par Depluloin le 26/05/2010 à 19h04
Tout à fait, ah Depluloin ! vous au moins savez trouver les mots justes : c'est horrible de l'extérieur et c'est atroce à l'intérieur. Et en plus, comme de juste, c'est absurde. (Ah ! Il vous épate, hein, mon parquet !)
Réponse de PhA le 26/05/2010 à 19h11
Viens, à la maison (sur l'air bien connu) j'te soigne !
Commentaire n°2 posté par Pascale le 26/05/2010 à 19h41
J'arrive ! (à cloche-pied)
Réponse de PhA le 26/05/2010 à 20h32
à votre place, je me désolidariserais illico de cette enflure qui autrement va vous suivre partout
Commentaire n°3 posté par L'employée aux écritures le 26/05/2010 à 20h02
Donc vous préconisez l'amputation ? (C'est que je m'y suis quand même attaché, à mon pied gauche ; nous avons fait tant de chemin ensemble...)
Réponse de PhA le 26/05/2010 à 20h34
Crise de goutte?
Commentaire n°4 posté par F.B. le 26/05/2010 à 20h46
On me l'a suggéré. Ce qui me fait espérer que non, c'est que j'ai quand même très bien dormi la nuit dernière. (Il faut dire aussi que je suis un dormeur hors pair.)
Réponse de PhA le 26/05/2010 à 20h51
Un réveil douloureux au chant du coq signe la goutte...
Commentaire n°5 posté par quotiriens le 26/05/2010 à 20h54
Oui, c'est ce qui me rassure : ce matin j'avais presque l'impression que c'était passé !
Réponse de PhA le 26/05/2010 à 21h23
Vous dégustez? la mygale? brrrr
La puissance des mouches de Blaise Pascal : une mouche qui bourdonne suffit à anéantir le travail de la raison (une envie d'éternuer aussi) - alors une entorse, vous êtes tout excusé!
Commentaire n°6 posté par Aléna le 26/05/2010 à 21h12
Mais c'est délicieux, les mygales ! les oeufs, surtout.
Réponse de PhA le 26/05/2010 à 21h24
Je cherche la cheville et... de quel côté est le pied?
Sûr, ce n'est pas un pied de biche ni une cheville de danseuse.
(allez consulter tout de même)
Commentaire n°7 posté par Ambre le 26/05/2010 à 21h12
Aurais-je mis la photo à l'envers ? Vous avez raison, il faut que je consulte, au moins pour retrouver mon pied.
Réponse de PhA le 26/05/2010 à 21h26
Dîtes, en cas de migraine, vous faîtes comment pour la photo? (vous voyez, il y a une intelligence du corps : il sait où il faut avoir mal)
Commentaire n°8 posté par Aléna le 26/05/2010 à 21h14
Eh bien... Je ne sais pas trop : je ne suis même pas fichu d'avoir une bonne vieille migraine. (Pardon à ceux qui y sont sujets !)
Réponse de PhA le 26/05/2010 à 21h28
Tu ne te serais pas raser la malléole dernièrement, pour faire le beau (ça ressemble à une infection d'épilation :) ?
Commentaire n°9 posté par Pascale le 26/05/2010 à 22h08
Me raser la malléole ! Tout de même ! Du tout : j'ai la cheville naturellement glabre. (Déjà que je ne me rase même plus le menton...)
Réponse de PhA le 26/05/2010 à 22h11
Le menton, je savais, c'est pour ça... parfois les hommes ont des déviances que nous, les femmes, n'expliquons pas (je ris de mes bêtises, j'imagne ta tête)! Mais peut-être que tu ne "t'en souviens pas" non plus.
Commentaire n°10 posté par Pascale le 26/05/2010 à 22h17
Concernant le traitement du poil, je dois dire que ma pente est celle de la facilité plutôt que de la coquetterie... Je ne me rappelle même plus si j'ai encore un rasoir.
Réponse de PhA le 26/05/2010 à 22h23
Si vous avez du romarin dans votre jardin, vous en prenez quelques brindilles, mettez les à macérer dans de l'alcool à 90° avec quelques gouttes d'huile d'olive et faites -vous masser avec cette mixture, ça va vous faire du bien...
Commentaire n°11 posté par soulef le 26/05/2010 à 22h46
Flûte ! Pas de romarin. ça marche avec de la menthe ?
Réponse de PhA le 26/05/2010 à 22h48
Pourquoi pas ,peut-être bien avec du thyn ,sûrement que vous en avez dans votre cuisine
Commentaire n°12 posté par soulef le 26/05/2010 à 22h54
Allez, ce soir, mon pied sera le plat du jour !
Réponse de PhA le 27/05/2010 à 13h33
thym pardon !
Commentaire n°13 posté par soulef le 26/05/2010 à 22h55
Non, je pense à une mesure de rétorsion de votre conscience (de haute tenue) pour une broutille d'excès de forfanterie. Essayez l'excès de modestie pour compenser. Si cela vous est vraiment trop difficile, faites le poirier pour faire dégonfler à renouveler jusqu'à complète disparition.
Commentaire n°14 posté par Zoë le 26/05/2010 à 23h11
C'est que je me méfie beaucoup des excès de modestie - je vais plutôt essayer le poirier. (Quoique... euh... la chandelle, ça marche aussi ?)
Réponse de PhA le 27/05/2010 à 13h36
Vraiment,  aucun souvenir ?

;-)
Commentaire n°15 posté par espace-holbein le 26/05/2010 à 23h13
C'est gentil de m'imaginer un double alpiniste plutôt que footballeur. (Mais ça fait peur !)
Réponse de PhA le 27/05/2010 à 13h37
rétention, tête trop pleine (je panse mes maux je pense mémo), un seul remède : s'oublier.
Commentaire n°16 posté par albin le 27/05/2010 à 13h19
Précisément, j'avais commencé ; et flûte ! c'est précisément la cause de mon enflure, que j'ai oubliée.
Réponse de PhA le 27/05/2010 à 13h39
mais non, le thym c'est anti-s(c)eptique. Gardez des excès de modestie, ça ne vaut rien, ils viennent toujours de l'orgueil.
Commentaire n°17 posté par Aléna le 27/05/2010 à 15h00
 

tous les mardis : soleil

tous les mardis : soleil

Deuxième rencontre aujourd’hui avec mes lycéens du projet Tick’Art, en librairie cette fois, chez Libralire, rue Saint-Maur. Le temps me manque ce soir (pardon : ce matin) (allez, je remets en image la belle affiche de Tick’Art) pour adresser aux élèves de Karine Loisy plus qu’un salut et mes vœux de plaisir à lire – il y a de beaux titres en effet dans la liste de leurs achats.
Pour ceux qui ne connaissent pas le projet Tick’Art, c’est ici et , chez Sébastien Smirou, que j’en ai eu moi-même connaissance – sans savoir à l’époque que j’y participerais. (Il a fermé son blog, dommage, qui va rédiger mes billets quand le temps me manquera ?) Coïncidence, je vois qu’il leur avait lu Pierre Alferi (sa poésie, j’imagine), dont je découvre à l’instant le dernier roman, il en écrit aussi, Après vous, c’est le titre, qui m’intrigue déjà comme ont su le faire ses Jumelles. Et comme je vois aussi que c’est Frédéric Forte qui a guidé Sébastien Smirou vers la Maison des Ecrivains et Tick’Art, c’est l’occasion de vous conseiller, si vous en avez la possibilité, de vous rendre aux rencontres (un auteur et son éditeur) que ce dernier organise dans le cadre de sa résidence au Comptoir des Mots, ça vaut le détour.


Commentaires

J'espère que cette fois les élèves se comporteront avec un peu plus de déférence... ;)
Commentaire n°1 posté par François Matton le 26/05/2010 à 18h05
Ceux-là sont très sympas. (J'aimerais bien te voir dans une classe !)
Réponse de PhA le 26/05/2010 à 18h54
Sébastien Smirou? Mais alors qui est le "nègre" de l'autre? C'est à n'y plus rien comprendre!! ;)
Commentaire n°2 posté par Depluloin le 26/05/2010 à 18h10
Mes nègres ? Je ne les compte plus !
Réponse de PhA le 26/05/2010 à 18h58
 

lundi 24 mai 2010

il est normal que tu boites encore un peu

Noir et blanc
 
La guerre est finie. Tous veulent y croire et font tout pour y croire. Et reprennent lentement le chemin des habitudes anciennes.
 
Sanja est invitée demain soir à une réception. Elle veut y paraître belle. Aussi décide-t-elle d’aller s’acheter une nouvelle robe. Elle pense à une robe blanche, avec peut-être un motif discret. Elle ne s’est plus habillée de blanc depuis si longtemps.
 
Sanja entre dans un magasin, essaye les robes blanches, se regarde dans les miroirs, retrouve les attitudes, les gestes. Mais soudain elle bafouille, bredouille, hache les mots et demande à essayer une robe noire. Peut-être, souffle-t-elle, avec un discret motif blanc. Elle ressort avec une robe noire avec un léger moucheté blanc.
 
Le lendemain, à la réception, toutes ses amies, lumineuses dans leurs teintes claires, s’étonnent de cette nouvelle robe.
 
Elle boite encore dans les phrases, entre les mots, elle hache les mots Les taches – les – taches – de – sang – se voient – moins – moins – sur une – robe – noire. Elle veut clouer une planche devant sa bouche. Ses amies forment un rempart clair entre elle et la réception. Elles disent, avec un petit rire qu’elles veulent réconfortant, Viens Sanja, nous allons te guider, te montrer le chemin, il est normal que tu boites encore un peu.
 
Marie Frering, L’ombre des montagnes, Quidam, 2010, p. 79-80.
 
C’est à Sarajevo, pendant la guerre, et après, comme ici.
Déjà le premier livre de Marie Frering était comme une promesse. 


Commentaires

Ces quelques suffisent pour sentir un drame, passé? ou à venir?. Se dégage quelque chose de très fort. Puet-être pas pour moi tout de suite... attendre d'être forte, aussi. (A retenir en tout cas)
Commentaire n°1 posté par Ambre le 24/05/2010 à 10h59
Passé, même quand il l'est il ne l'est pas. Mais malgré la dureté du sujet, ce n'est pas une lecture éprouvante.
Réponse de PhA le 24/05/2010 à 14h25
Encore " un mal au genou", comme celui de Liquide je suppose qui va me laisser au bord des larmes...
Je (re)lisais encore votre livre "Liquide "ce matin, le noeud persiste ...Belle écriture et émotion forte qui ne laisse personne indifférent (je tenais à vous le dire ).
Commentaire n°2 posté par soulef le 24/05/2010 à 13h20
C'est un mal différent, plus absolu - et bien sûr, là non plus on ne peut pas rester indifférent.
(Merci. Sous mes airs de brave je suis un grand sentimental.)
Réponse de PhA le 24/05/2010 à 14h29
Ne plus avoir à attendre les snipers aveugles, sortir, sortir, et boiter encore une peu.
Commentaire n°3 posté par Gilbert Pinna, le blog graphique le 24/05/2010 à 18h14
C'est ça - et ne pas savoir jusqu'à quand.
Réponse de PhA le 24/05/2010 à 20h21
Commentaire n°4 posté par Pascale le 24/05/2010 à 23h42
Non. ça a l'air féroce.
Réponse de PhA le 25/05/2010 à 07h43
Oui, une sacrée expérience de lecteur. J'y ai pensé en lisant ton papier qui se termine sur Sarajevo et parle de Quidam. Les connexions, des fois...
Commentaire n°5 posté par Pascale le 25/05/2010 à 09h05
Eh bien je ne te cacherai pas que je me suis dit, en lisant l'Ombre des montagnes, que tu aimerais sans doute ce livre (j'y avais déjà pensé avec Désirée, je crois).
Réponse de PhA le 25/05/2010 à 09h33

dimanche 23 mai 2010

le mythe du manuscrit arrivé par la poste – c’est moi

 

Je lis chez Pierre Jourde que certains croient que les éditeurs ne lisent pas les manuscrits, que le manuscrit d’un inconnu envoyé par la Poste n’a aucune chance d’être lu. Il y a même une jeune femme qui le serine à qui veut l’entendre sur son blog. (C’est chez elle que j’ai appris que j’étais un mythe. Sachez-le : ici, c’est un mythe qui vous parle.)
Cela dit je comprends très bien son scepticisme : c’est tellement invraisemblable ! D’ailleurs moi non plus je n’y ai jamais cru. C’est l’une des raisons (mais pas la seule) pour laquelle durant vingt-cinq ans ou presque d’écriture quotidienne, je n’ai pour ainsi dire jamais rien envoyé à aucun éditeur. Mais ça ne me scandalisait pas plus que ça ; au fond je n’ai jamais tenu à être moi-même publié (même si aujourd’hui il ne me déplaît pas que mes livres le soient – quand c’est bien fait). Et si M n’y avait pas cru à ma place, j’en serais encore là.
Je me souviens parfaitement de l’étonnement de mon éditeur, au Seuil, de ne pas me voir sauter au plafond. Et lui d’insister (avec honnêteté, notez-le) : Vous savez, ce qui vous arrive là, ça n’arrive qu’une fois sur mille (ou dix mille ? je ne sais plus) – décidément il voulait vraiment me voir au plafond, tandis que je restais cloué au plancher par l’incrédulité. Moins saint que Saint-Thomas, j’ai dû d’ailleurs continuer à nourrir des doutes, malgré l’évidence. N’empêche, celle-là, je ne peux pas la nier.
Maintenant, si je voulais vraiment dire ce que je pense de l’édition, je serais bien embêté. De ce que j’ai pu voir ici et là – et même ailleurs, car ma chance insolente de débutant inconscient n’a duré qu’un temps –, je ne saurais pas tirer la moindre généralité. Les pratiques diffèrent. Normal : les maisons aussi. Une idée tout de même (une évidence qui m’a d’ailleurs guidé chez mon éditeur actuel) : il vaut mieux envoyer son manuscrit à un éditeur dont on aime le travail. Maintenant, si on n’aime rien…





Commentaires

Pour ma part j'ai préféré l'envoi par cigogne : plus long cheminement, mais effet de surprise garanti. Malgré quelques pages égarées dans les nuages, l'éditeur accueillit le manuscrit avec la déférence due au nouveau-né. Je vous le recommande !
Commentaire n°1 posté par Florence le 23/05/2010 à 08h05
Bonne idée ! Je la retiens !
Réponse de PhA le 23/05/2010 à 11h04
@Florence, la cigogne? vous êtes éditée chez les schtroumpfs? Vous les avez donc rencontrés? Racontez!
Autant relire la correspondance de Flaubert pour remettre les pendules à l'heure, ces belles et rudes lettres écrites à Ducamp qui le presse d'éditer...
Monsieur PhA, les demi-habiles sont les plus nombreux et les plus bruyants (c'est là leur nature).
Commentaire n°2 posté par Aléna le 23/05/2010 à 10h20
C'est la blessure à l'ego qui les fait hurler - c'est humain. Quand on a compris que dans cette affaire ce sont les textes qui comptent et non la personne, on a plus de chance d'avancer. A cet égard, cette détestable appellation de "wannabe" est symptomatique. J'aurais détesté être traité de "wannabe" au moment où j'ai cherché pour la première fois un éditeur. C'est le sens du billet qui se cache sous le dernier lien de celui-ci.
Réponse de PhA le 23/05/2010 à 11h09
Jourde m'agace prodigieusement. Tant que de bons livres continueront à être édités, comme l'écrivait Georges Picard dans "Tout le monde devrait écrire" publié chez Corti, il faut les lire et donner envie de les lire plutôt que perdre son temps comme il le fait encore. Avec l'audimat qu'il a, il devrait avoir honte de ne pas consacrer son temps à faire la promotion des survivants. Désolé pour le coup de gueule, Philippe, mais j'ai toujours préféré les bâtisseurs aux vains polémistes.
Commentaire n°3 posté par Pascale le 23/05/2010 à 10h51
Comme beaucoup de monde, je l'ai connu par La Littérature sans estomac, qui m'a bien fait rire - sans que j'aie lu aucun des auteurs épinglés, je dois avouer. Le seul auteur auquel il consacrait un article et que j'avais déjà lu, c'était Chevillard. C'était un bel article passionné, et tu sais combien j'aime Chevillard ; ça donnait vraiment envie de le lire. Depuis, j'ai beaucoup aimé les livres de Jourde que j'ai lus, notamment Pays perdu et La Cantatrice avariée. (Et puis l'apparente disparité de son écriture égoïstement m'intéresse.) Son article est d'ailleurs très mesuré, tu peux le lire.
Réponse de PhA le 23/05/2010 à 11h03
J'ai lu l'article, il ne m'apporte rien, Wrath est connu de la blogosphère.
J'ai découvert Jourde par "Pays perdu", "La littérature sans estomac" est venue après, je n'ai pas apprécié car sa veine nihiliste  - et certains de ses argumentaires (notamment sur PAG) laissent dubitatif, et Chevillard était déjà connu - bien que parfois drôle, n'est pas ma tasse de thé, ce qui ne m'a pas empêché de continuer à le découvrir - et je préfère ses essais et quelques-uns de ses romans à tout ce fratras d'articles que je trouve ridicules. Ce n'est qu'un avis personnel que tu es en droit de ne pas partager...
Commentaire n°4 posté par Pascale le 23/05/2010 à 11h12
Ah bon ? Elle est si connue ?
Bon, tu sais que personnellement, je préfère parler des livres que j'aime ; mais je ne suis pas sûr que ce soit par choix : un mauvais livre me fait mal comme si j'en étais l'auteur. (Bon, je te trouve dure pour le fatras ; mais ce n'est pas bien grave.)
Réponse de PhA le 23/05/2010 à 11h46
@aléna : oserais-je avouer que mes lecteurs, en tout cas, ressemblent parfois aux schtroumppfs ? Ca donne de drôles d'idées, comme on peut le voir.
Commentaire n°5 posté par Florence le 23/05/2010 à 11h19
Alors vous écrivez des mini-livres, format timbre-poste ?
Réponse de PhA le 23/05/2010 à 11h47
Commentaires très pointus.
Je passe mon tour...
(j'ai écouté une fois Pierre Jourde sur F.Culture, il m'avait un peu agacé mais je n'ai rien lu de cet auteur)
Est-ce que les mythes ont l'ouïe aussi fine que les mites? (°_°)
Commentaire n°6 posté par Ambrre le 23/05/2010 à 11h25
C'est pour ça que vous frisonnez, Ambrrre ?
(Les mythes, quand ils étaient petits, ont eu beaucoup d'otites. Mais leur température, l'otite partie, est la même qu'aux mites. Pour l'ouïe, on ne sait pas.)
Réponse de PhA le 23/05/2010 à 11h58
On peut dire ce qu'on veut (Pascaaaaaaaale!), Pierre Jourde a pour moi le mérite d'avoir fichu un sacré coup de pied dans la fourmilière. Pour moi, il rejoint les polémistes littéraires et ne serait-ce que pour cela, il est à respecter! Chevillard par exemple est illisible. Certes, c'est un écrivain brillant. On ne peut rien lui reprocher saufqu'il n'a rien à dire, à raconter plutôt.
D'autres, Brebel, Annocque, Didier da, Fr. Matton, savent - j'imagine - que la littérature est certes littérature mais aussi communication d'une âme, d'une joie, d'une douleur. Communication de l'humain, tout simplement...
Putain, j'le dirai pas deux fois! Je veux dire : je n'oserai pas deux fois! :)
Commentaire n°7 posté par Depluloin le 23/05/2010 à 11h53
Depluloin, vous avez osé critiquer Chevillard. En garde ! Je vous attends demain à l'aube sur la plaine de Choir. (Bien sûr, qu'il n'a rien à raconter : c'est un poète en costume bouffant de romancier bouffon. Le fait est que la mention roman sur ses livres m'a toujours laissé songeur. Mais vous savez bien que c'est sous les couvertures qu'il se passe les choses les plus intéressantes.)
Réponse de PhA le 23/05/2010 à 12h08
Comment écrire ? C'est la question que je me pose ...
Commentaire n°8 posté par soulef le 23/05/2010 à 11h54
Vous avez le choix : la plume, la pointe bic, la vieille Remington... Il paraît qu'on peut aussi utiliser l'ordinateur !
Réponse de PhA le 23/05/2010 à 12h10
S'ils étaient format timbre-poste, ils seraient avalés par la cigogne, piétinés par les schtroumpfs, méprisés des Gargamels, donc non j'évite.
Commentaire n°9 posté par Florence le 23/05/2010 à 12h16
Ah, ces Gargamels ! Que ferions-nous sans eux ?
Réponse de PhA le 23/05/2010 à 13h44
Je ne parlais de l'ustensile PhA !
Commentaire n°10 posté par soulef le 23/05/2010 à 12h27
Je vous taquine. Si vous en êtes au comment, c'est que vous avez résolu le quoi et le pourquoi, et même le quand ; ce qui n'est pas une mince affaire !
Réponse de PhA le 23/05/2010 à 13h46
Ah je ne suis pas du tout d'accord avec Depluloin sur Chevillard. Dire qu'il n'a rien à dire!!!!!!!! alors là je m'insurge. Ne serait-ce que son Autofictif, en fait son Journal, est pour moi d'une lecture exquise et bien souvent d'une réflexion philosophique intéressante, même si comme il le dit : "l'écrivain ne fait jamais que survoler ce qu'il écrit". Quant à Choir, je l'ai entendu en parler l'autre jour dans Esprit Critique et, si ce livre est difficile d'accès pour des lecteurs lambdas, je trouve qu'il est très actuel, voire prémonitoire, de ce qu'est notre monde ou de ce qu'il devient (tout comme le Houllebecq La possibilité d'une île. Il est parfois des lectures qui demandent un effort... On peut le réécouter ici.
Commentaire n°11 posté par Ambrre le 23/05/2010 à 12h47
@ Ambre : "Survoler ce qu'il écrit", voilà qu'il signe lui-même son arrêt de mort!! Bon Dieu! Faut-il que j'en appelle à ceux qui se sont crevés les veines pour une phrase?!! De Villon à Artaud en passant par... En plus ce malentendu : Chevillard est certes un écrivain, je ne dis pas! De toute façon, je sais que vous ne m'aimez plus. Ça doit être de ma faute, n'ayant jamais su retenir une femme! :)
@ Philippe : En garde! J'ai ma poignée de coquillages et d'os de... faut que je relise... Hop! L'un de nous deux devra rentrer à pieds...
Commentaire n°12 posté par Depluloin le 23/05/2010 à 13h11
Attendez un peu que je vous bombarde d'étoiles de mer ! Je suis le ninja des étoiles de mer.
Réponse de PhA le 23/05/2010 à 13h51
@ Depluloin : Antonin Artaud, Georges Bataille!!! Comment comparer des incomparables.
Ah ah je ne vous aime plus? Parce que je n'ai pas commenté votre dernier billet? Tsss! Il ne m'a pas inspiré, na! Si vous saviez les efforts que je fais pour que ce soit vous qui ne m'aimiez (qui ne m'aimassiez?;o)) plus hu hu! 
Commentaire n°13 posté par Ambrre le 23/05/2010 à 13h37
@ Ambre : Que je ne vous aimasse plus?!! Impossible!! Jamais!!! Ôoooo cruelle!
Commentaire n°14 posté par Depluloin le 23/05/2010 à 13h46
Les étoiles de mer!!! Quelle imagination chez cet écrivaillon de Chevillard!
Commentaire n°15 posté par Depluloin le 23/05/2010 à 14h04
Encore ? Un bon coup d'holothurie sur la nuque et on ne vous entendra plus !
Réponse de PhA le 23/05/2010 à 14h45
J'arrête! Je me rends! Et il faut savoir que j'admire Chevillard - dans le plus grand secret il est vrai! :)
Commentaire n°16 posté par Depluloin le 23/05/2010 à 14h51
Et une victoire de plus pour le concombre de mer !
Réponse de PhA le 23/05/2010 à 15h13
Chevillard n'a rien à dire, ah elle est forte celle-là. Plus souvent, des écrivains n'ayant rien à dire de ce tonneau-là ! D'ailleurs un écrivain n'a rien à dire, il a à écrire, c'est pourtant simple, nom d'un petit bonhomme en bois. Et, personnellement, je n'accorde absolument aucun crédit aux éloges de qui ne blâme jamais rien (si on me permet de paraphraser Beaumarchais).
Commentaire n°17 posté par Didier da le 23/05/2010 à 16h50
C'est bon, j'ai assommé Depluloin à coups d'échinodermes.
Pour blâmer, encore faut-il avoir le cran, le temps ou le vicieux désir de lire des livres dont on devine facilement qu'on ne les aimera pas (ou alors être payé pour ça). A force, on finit bien par savoir où mettre ou ne pas mettre les pieds. C'est ce qui me surprend pour une bonne partie des auteurs à succès pourfendus par Pierre Jourde : l'idée de les lire ne m'était jamais venue à l'esprit. Je ne comprends pas bien sur quel masochisme de lecteur repose leur succès.
Réponse de PhA le 23/05/2010 à 18h32
Il arrive que les mythes nous échappent, oh !....

Commentaire n°18 posté par espace-holbein le 24/05/2010 à 00h31
Ah, c'est beau !
Réponse de PhA le 24/05/2010 à 09h35
encore une fois j'arrive après la bataille...
@Pluplu, Chevillard serait d'accord, il ne veut rien raconter, il dit lui-même que cette littérature là est finie, qu'il faut travailler qur la forme, le style, que la langue s'auto-suffit puisqu'elle ne se réfère plus qu'à elle-même.
Jourde, j'aime bien, je crois que c'est pays perdu que j'ai lu, c'est ce livre sur sa campagne natale? Moi aussi j'aime bine son coup de pied dans la fourmillère, après totu c'est un tradition littéraire aussi!
@Florence, c'est-quoi-que-vous-écrivez? que-je-le-lise...
Commentaire n°19 posté par Aléna le 24/05/2010 à 11h08
Le plus drôle, c'est que je connais assez Depluloin pour savoir que vous prêchez un convaincu, mais il a décidé de bouder.
Réponse de PhA le 24/05/2010 à 14h23
mais je l'adore quand il boude!
Commentaire n°20 posté par Aléna le 24/05/2010 à 16h38
Depluloin, c'est vraiment le roi des séducteurs : quoi qu'il fasse, il a toutes les femmes à ses genoux.
'soupir'
Réponse de PhA le 24/05/2010 à 17h27
quel est ce soupir?? rangez moi ça tt de suite, voyons! Je ne doute pas de vos talents!
Commentaire n°21 posté par Aléna le 24/05/2010 à 18h16
Vous êtes gentille, mais je ne peux rien face au sex-appeal surhumain de Depluloin, hélas.
Réponse de PhA le 24/05/2010 à 20h23
@alena : de la littérature pour la jeunesse, actuellement surtout pour ados. On peut voir tout ça sur mon site. C'est trèèès loin de Chevillard, hein, pourtant j'aime beaucoup (quoique,  les saillies d'humour hypocrite, l'invention, c'est très enfantin, il y a peut-être quelque chose de proche, à bien y réfléchir). Sinon, jamais lu Jourde. Connaissais pas. Donne envie de tenter.
Il faudrait quand même que je lise un bouquin de ce monsieur dont je me permets de commenter les articles sur son blog, Philippe Annocque, c'est cela ?
Commentaire n°22 posté par Florence le 24/05/2010 à 19h50
On a le droit de commenter sans avoir lu les livres - du moment qu'on a lu le billet (et encore, il n'y a pas de contrôleur). (Mais ça fait toujours plaisir quand même, je ne vais pas faire ma coquette !)
Pierre Jourde est vraiment un auteur intéressant, disparate (un livre ne suffit pas à se faire une idée) (et ce dernier aspect - notamment - m'intéresse). J'en touché un mot ici et .
Réponse de PhA le 24/05/2010 à 20h30
J'arrive un peu tard, mais je visite les blogs  en pointillés ces temps-ci. Chevillard, c'est Jourde qui me l'a fait découvrir et la lecture de "La littérature sans estomac " m'a fait un bien immense parce que moi-même je pensais pis que pendre de certains des auteurs épinglés et surtout du système germano pratin. Je me suis dit s'il recommande cet Eric, c'est que ça doit être bon. Il était peu connu.
Chevillard ne démontre rien mais il dit des milliards de choses sur l'absurdité du monde, sur nos dérisoires arrogances et surtout avec une extraordinaire maestria du langage. Je dois cependant reconnaître que Choir est le premier que j'aie abandonné après m'être goulument jeté sur ses pages. Univers trop sombre. Pas la pêche pour absorber ça pour l'instant (plus tard peut-être). Enfin j'ai rencontré ces deux personnes en chair et en os. Ils sont l'un et l'autre épouvantablement sympathiques (je soupçonne Depluplu d'être jaloux
Commentaire n°23 posté par Zoë le 25/05/2010 à 10h20
Moi c'est tout l'inverse : un peu bizarrement, Chevillard était le seul des auteurs commentés dans la littérature sans estomac que je connaisse à l'époque, et le bel article chaleureux de Jourde me l'a tout de suite rendu sympathique. Pour Chevillard, j'ai raconté comment ça s'est passé pour moi ici même. (Bien sûr : Pluplu est jaloux ! Mais je l'admire de venir me dire ça sous le nez, sachant la clef au bras qui l'attend.)
Réponse de PhA le 25/05/2010 à 18h50
Remède aux chevilles qui gonflent : envoyer un manuscrit par la Poste (avant qu'elle ne soit entièrement privaitisée, ce qui coûtera alors les yeux de la tête), et, comme pour un concours de la fonction publique, attendre l'affichage des résultats sur le panneau ad hoc de la faculté, si on les a toutes gardées.
Commentaire n°24 posté par Dominique Hasselmann le 25/05/2010 à 11h12
Ne parle de cheville qui gonfle ! Ma gauche est toute rouge et enflée sans que je sache pourquoi (sans blague). Pourtant je me surveille.
Réponse de PhA le 25/05/2010 à 18h52
Merci pour le lien, ça m'a permis de lien en lien d'aller lire le très beau commentaire de Claro. Je suis de plus ravie de vous savoir complice. Jusqu'alors mes commentateurs étaient des anti Chevillard. Le petit tailleur est un de mes préférés mais j'aime beaucoup la série des Crab. Pour Choir, j'y reviendrai quand j'aurai un peu plus le coeur à rire de notre méchante misère
Commentaire n°25 posté par Zoë le 26/05/2010 à 10h18
Choir, à mon sens, trouve sa source dans la deuxième partie de Sans l'orang-outan. C'est là, notamment, qu'on entend nettement, pour la première fois, le choeur qui donne son titre à Choir (dans l'un des sens possibles, évidemment). Si vous ne l'avez pas lu, je vous le recommande avant Choir - la chute sera moins rude. Un peu comme il vaut mieux lire Malone meurt avant de lire L'Innommable.
Réponse de PhA le 26/05/2010 à 15h08
J'ai lu l'orang outang. Non je pense que je ne suis pas d'humeur à supporter la noirceur, humeur qui m'a conduite à laisser mon blog en jachère. Tout cela n'est pas important, c'est de la littérature  En ce moment j'ai trop à faire avec la vraie vie. BàV
Commentaire n°26 posté par Zoë le 26/05/2010 à 17h41
Il y a en effet des conditions nécessaires à la lecture, et qui nous dépassent. Merci d'autant plus pour la visite.
Réponse de PhA le 26/05/2010 à 17h57

samedi 22 mai 2010

ne pêchons pas deux fois le même poisson



Noyer le poisson est une pratique aussi commune à la politique qu’à la pêche. Jean-Frédéric et ses amis espéraient nous faire oublier ses cinq voix d’avance lors des dernières législatives à Rambouillet – il n’y en a plus qu’une après le décompte des Sages, et tout est à refaire. On se réjouit de retourner aux urnes, et si l’on est déjà parti se mettre au vert à l’heure du second tour, on aura pris soin de confier sa voix à qui saura la faire entendre.




Commentaires

Suppléant de Christine Boutin, c'était aller au casse-pipe !
La concurrente verte, qui a sans doute quelque chose d'Anne Roumanoff en elle, peut se réjouir : il paraît que le poisson (en eau de mer ou eau douce) pourrit par la tête.
Commentaire n°1 posté par Dominique Hasselmann le 22/05/2010 à 11h15
Que veux-tu, on a les élus qu'on n'a pas élus. (Tiens ? Poisson vire au vert ?)
Réponse de PhA le 22/05/2010 à 17h58
Ça c'est un beau poisson!! Mazette!! Bon, le physique ne veut rien dire mais une chose est certaine c'est que j'ai cru un instant que vous aviez fait un billet sur... non, rien... pas le physique! :)
Commentaire n°2 posté par Depluloin le 22/05/2010 à 12h07
Ce que j'aime dans cette photo, c'est l'évident inconfort du siège.
Réponse de PhA le 22/05/2010 à 18h00
(tout comme Depluloin;o))
Commentaire n°3 posté par Ambre le 22/05/2010 à 13h05
(Copieuse !)
Réponse de PhA le 22/05/2010 à 18h00
" Tu es fait Al Capone!" (Eliott Ness)
Commentaire n°4 posté par Depluloin le 22/05/2010 à 15h57
C'est vrai qu'il pourrait faire du cinéma.
(Quand même, se faire arrêter pour fraude fiscale ; on dira ce qu'on voudra, ce type était un précuseur.)
Réponse de PhA le 22/05/2010 à 18h03
On dirait Richard Antony à qui on annonce qu'il ne pourra pas participer au radio crochet de la maison de retraite
Commentaire n°5 posté par Zoë le 22/05/2010 à 22h55
C'est vrai ?? Richard Antony ne pourra pas participer au radio crochet de la maison de retraite ???
Réponse de PhA le 22/05/2010 à 23h01
 

dimanche 16 mai 2010

il est conseillé de vider tout corps de ses liquides principaux

http://www.lmda.net/imgliv/L63282.jpg
Ce chantier, grand chantier, est mis en œuvre – gros œuvre et grandes œuvres – par la société Bouygues.
Le corps fond, s’y enfonce. Une barre de fer l’aide.
Si un béton classique est constitué d’éléments de granu­lométrie décroissante, en commençant par les granulats (NF EN 12-620 – spécification pour les granulats destinés à être incorporés dans les bétons), le spectre granulo­métrique se poursuit avec la poudre de ciment puis, parfois, avec un matériau de granulométrie encore plus fine, comme une fumée de silice (récupérée au niveau des filtres électrostatiques dans l’industrie de l’acier). L’obtention d’un spectre granulométrique continu et étendu vers les faibles granulométries permet d’améliorer la compacité donc les performances mécaniques. Un corps étranger nuit à l’élasticité de la préparation. Une fois les chairs de celui-ci décomposées, le vide constitué peut entraîner des fissures.
L’eau a un double rôle d’hydratation de la poudre de ciment et de facilitation de la mise en œuvre (« ouvra­bilité »). Le corps est ainsi artificiellement réhydraté durant quelques jours. Les fines particules issues de la fumée de silice pénètrent alors la chair qui sera solidifiée sans décomposition néfaste à l’ouvrage. En l’absence d’adjuvant plastifiant, la quantité d’eau est déterminée par la condition de mise en œuvre. Un béton contient donc une part importante d’eau libre, ce qui conduit à une utilisation non optimale de la poudre de ciment. En ajoutant un plastifiant (appelé aussi « réducteur d’eau »), la quantité d’eau utilisée décroît et les performances mécaniques du matériau sont améliorées (cf. BHP : Béton Hautes Performances). Il est conseillé de vider tout corps de ses liquides principaux (urine, sang, bile…) avant la mise en œuvre.
 
Julien d’Abrigeon, Le Zaroff, LaureLi Léo Scheer, 2009, p. 72-73.
 
On est prié de ne pas imaginer le reste du livre à l’aune de ce seul extrait – où d’un autre également isolé –, ce n’est pas comme ça marche avec Julien d’Abrigeon. Le plaisir du collectionneur passe par la variété, il ne sera pas déçu.
On peut lire l’avis du Fric-Frac Club, du Matricule des Anges ou de Libr-Critique, ou encore écouter l’auteur lui-même dans la pénombre. La couverture, signée par le Tampographe Sardon, valait la peine d’être ici reproduite – les tueurs en série ont besoin d’une bonne couverture.



Commentaires

Voilà qui bétonne l'estomac avant le repas dominical...
Commentaire n°1 posté par Lafarge le 16/05/2010 à 14h44
« Nous avons retrouvé l’homme abattu d’une balle la nuit dernière, calciné à quelques kilomètres. Rien ne vous obligeait à faire cela. Vous avez même laissée la douille. Sans doute l’arme aura disparu. Je ne vous cerne pas. Le corps fut ligoté à des morceaux de bois.
Des traces de pneus reviennent pas à pas, le véhicule semblait lourd, lesté à l’arrière, camionnette classique mais ce poids, ce poids que vous traîniez, peut-être était-ce déjà, tous ces morceaux de bois… »
 
Le Zaroff, p.61.
Réponse de PhA le 16/05/2010 à 18h00
Ah Monsieur le Conte, le bois... Vous savez me prendre par les sentiments... Il est vrai que le bois fait passer le béton. Et ce n'est pas là parole de médicastre.
Commentaire n°2 posté par lafarge le 16/05/2010 à 18h23
C'est ma faute : je fais goûter la choucroute sans les saucisses. Satané Milou !
Réponse de PhA le 16/05/2010 à 18h38

vendredi 14 mai 2010

Et si nous nous donnions tous la main pour faire le pont ensemble ?

Ou pour faire la traversée à la nage, après tout pourquoi pas.
Parce que franchement, petit frère qui, son école fermée, fait le pont tout seul à la maison tandis que grand frère va au collège, comme d’ailleurs papa et maman devant un public singulièrement clairsemé – ça n’a pas grand sens.



Commentaires

Hum, voui! C'est bien ce que je disais quelque part : l'Ascencion est un jour férié bâtard!
Commentaire n°1 posté par Ambre le 14/05/2010 à 22h35
Et que dire du vendredi...
Réponse de PhA le 15/05/2010 à 12h12
Faire le pont en se donnant la main, ouiche. mais la traversée à la nage, excusez-moi, je préfère garder une certaine autonomie de mouvement
Commentaire n°2 posté par Zoë le 14/05/2010 à 22h54
Pourtant ça pourrait être drôle (je rentre de la piscine à l'instant).
Réponse de PhA le 15/05/2010 à 12h14
Cette histoire entendue quand j'étais enfant : tu as vu comme il est long le pont, dit le premier admiratif, oui dit le second et encore heureux qu'on l'ait fait dans ce sens. 
Commentaire n°3 posté par albin le 14/05/2010 à 23h15
Le second doit être un cousin à moi.
Réponse de PhA le 15/05/2010 à 12h16
Ambre! Traiter un agrégé de batard?! Mais où donc avez-vous été élevée
?! Ah je suis choqué!
Commentaire n°4 posté par Depluloin le 15/05/2010 à 00h07
Mais vous allez reprendre tout ça, Depluloin, à la baguette !
Réponse de PhA le 15/05/2010 à 12h18
C'est en nous donnant la main qu'ensemble, nous ferons de grandes choses, nous traverserons les mers, les océans, nous escaladerons les montagnes, les volcans, nous nous aimerons les uns les autres, ensemble, en nous donnant la main, nous bousculerons les rochers, nous illuminerons les forêts.. etc... etc...
Commentaire n°5 posté par Gilbert Pinna, le blog graphique le 15/05/2010 à 09h56
Et  nous atteindrons le week-end ?
Réponse de PhA le 15/05/2010 à 12h20
Certes... mais des vendredis calmes et clairsemés, j'en redemande!
Commentaire n°6 posté par Knobe le 15/05/2010 à 11h17
Ah, parfois, ne cherchons pas la cause de notre confort passager.
Réponse de PhA le 15/05/2010 à 12h22
Ah, zut, vous avez brisé mon élan...
Commentaire n°7 posté par Gilbert Pinna, le blog graphique le 15/05/2010 à 12h34
Oh pardon !
Réponse de PhA le 15/05/2010 à 13h58
@ Depluloin : chaussez vos lunettes, il n'y a point de virgule!
Commentaire n°8 posté par Ambre le 15/05/2010 à 12h46
@ Ambre : Vous ne voyez pas que j'adore vous mettre dans l'embarras?! Le ferai plus! :)
Commentaire n°9 posté par Depluloin le 15/05/2010 à 13h15
Et quand est-ce que vous me mettez dans le débarras?
(oups, je me lâche)
Commentaire n°10 posté par Ambre le 15/05/2010 à 13h24
blougblougbloug (vous me tenez bien la main,là?) blougbloug
Commentaire n°11 posté par Aléna le 15/05/2010 à 23h07
On ne parle pas en nageant (surtout sous l'eau !) Allez, encore un petit effort !
Réponse de PhA le 16/05/2010 à 09h57