lundi 27 juin 2022

Les Chevals morts d’Antoine Mouton

C’est un extrait des Chevals morts, d’Antoine Mouton, qui vient de (re)paraître aux éditions La Contre Allée ; il faut que vous lisiez ça :



je veux que nous soyons comme ce couple que j’ai vu dans le métro l’autre jour

ils étaient assis côte à côte

elle s’est levée la première il est resté assis

il a posé la main sur le siège où elle était assise et il l’a caressé avant de la rejoindre

et en le caressant il a eu ce sourire

ce sourire fait que les chevals morts restent loin



je veux être comme cet homme, que la chaleur de ton cul soit la chose la plus précieuse du monde

la chaleur que ton cul diffuse aux objets sur lesquels tu t’assois, qu’elle soit toujours divine absolument

même si ton corps est loin de moi même si tu t’es levée avant moi, je serai là pour sentir la chaleur de ton cul là pour la retenir là pour en jouir et que mon sourire soit l’épouvantail le plus obscène du monde contre la course des chevals morts sur la lande




samedi 25 juin 2022

Quélen = enqulé

Quélen = enqulé, le nouveau livre de Dominique Quélen qui paraît aux éditions Louise Bottu, est d’une drôlerie qui n’a d’égale que sa violence, à moins que ce ne soit l’inverse. Je vous recopie juste un passage du deuxième texte (il y en a quatre), « Remember », sans vous en dire un mot ; les attentifs comprendront pourquoi.


Eh, mère, emmerderesse, ne t’énerve ! Je m’empresse et me dépêche ! Ne me tente ! Je te prends tête-bêche ! Enchevêtrement de membres empêtrés ! Je me tends, membré tels les brèles des Berbères, vers cette mère édentée, ventre et fesse vergetés : le temps s’est mêle de te léser, mère. Je cesse d’errer et me recentre vers le tertre de Vesper, selve de ténèbres emmêlée. Ce sexe sec, j’espère le retremper ; en pensée je m’en lèche les lèvres. Je me penche et mets le nez : eh, cette fente empeste les crevettes, le chester et les pertes de règles ! Elle sent le renfermé ! Le derme en est telles des pêches blettes. Les lèvres béent : j’entre. En elles j’exerce des pesées vengeresses, et j’engendre les spectres de frères : je règle mes dettes envers le frère décédé.





lundi 13 juin 2022

Les noms d’oiseaux aussi sont des mots d’amour.

Nous serions des urubus

Des mésanges charbonnières

Pêcherions comme des martins le soir au coin du feu

Et en mignons

Troglodytes et faucons

Nous fuirions les ravins

Pour décoller sans retour





Les retours c’est pour les couples

Qui cendrent à petits feux

Sur les brindilles de pacotille





Alors que nous


Aurions vingt ans, à quarante ans




Charlotte Monégier fait dialoguer ses amoureux, qui sont aussi des amoureux de l’amour qu’ils rêvent, Elle et Lui, aux éditions Lunatique ; ça vient de paraître.




mercredi 8 juin 2022

la faire sortir de n'importe quelle manche

 


C'est un extrait de mes Mémoires des failles, que les éditons de l'Attente ont publiés en 2015. Le livre sera au Marché de la Poésie.