dimanche 31 octobre 2010

requis à la lecture

« Retour aux mots sauvages » ! « Faits III » ! m’exhortent quelques-uns de mes visiteurs d’hier, dont je lis à l’instant les requêtes. Mais comment donc savent-ils déjà que je les ai achetés précisément hier ?
(Et toujours, bien sûr : le babiroussa. En revanche, aucune trace de potamochère.)


Commentaires

Cette tête m'est curieusement familière.... ça ne peut être Monsieur le Comte... oh je crois que je brûle... ;)
Commentaire n°1 posté par Depluloin le 31/10/2010 à 18h06
Bien sûr que vous brûlez : sortir sous un tel soleil sans couvre-chef, c'est parfaitement déraisonnable !
Réponse de PhA le 31/10/2010 à 22h53
Babiroussa ou Potamochère ? Mer ou montagne ? Bain ou douche ? Sartre ou Camus ? Hublot ou vasistas ? etc, etc...
Commentaire n°2 posté par Gilbert Pinna, le blog graphique le 31/10/2010 à 19h13
Cohen ou Beinstingel ? (ce sera les deux, mais l'un après l'autre)
Réponse de PhA le 31/10/2010 à 22h53
La malheureux a tellement servi que le voilà dans l'état où il se trouve. On espère que le potamochère (pas si moche) échappera à ce sort funeste.
Commentaire n°3 posté par Zoë le 31/10/2010 à 19h47
C'est la rançon du succès pour le babiroussa. Le potamochère ne craint rien : il n'intéresse pas grand-monde, si j'en crois mes statistiques. La vie est injuste.
Réponse de PhA le 31/10/2010 à 22h56
Allons bon, mon commentaire a été avalé. je disais donc (à peu près) que ce babiroussa vous a tellement servi que le voilà réduit à cela. On espère un sort plus clément pour le potamochère (pas si moche).
Commentaire n°4 posté par Zoë le 31/10/2010 à 19h49
Momentanément avalé, le voici tout recraché.
Réponse de PhA le 31/10/2010 à 22h57
Qui c'est Mochère ?
Commentaire n°5 posté par Moons le 31/10/2010 à 20h34
Un pote à vous ?
Réponse de PhA le 31/10/2010 à 23h02
Je l'eusse cru plutôt potavou.
Commentaire n°6 posté par Moons le 31/10/2010 à 23h22
Et Monsieur Le Comte quant à lui l'eût dit potauxroses.
Réponse de PhA le 01/11/2010 à 08h57
Il fait vraiment la tête, devant la grande galerie des visiteurs ?
Commentaire n°7 posté par Dominique Hasselmann le 01/11/2010 à 19h32
Une poussée dentaire lui colle la migraine.
Réponse de PhA le 02/11/2010 à 11h10
 

dimanche 24 octobre 2010

un coup d’œil sous l’abat-jour

Dans la série « les nouveaux éditeurs ont droit à l’électricité », après les doigts dans la prose, voici les éditions de l’abat-jour, qui s’intéressent notamment aux blogs d’écrivains (c’est que je me suis dit que c’étaient sûrement des gens de bon goût), et qui publient en ligne un premier roman dont les premières lignes, précisément (et même les premières pages) ont l’air d’une bonne tenue. Soulevons donc un peu l’abat-jour.

Commentaires

Les Editions du goudron ne peuvent que se réjouir de cette initiative éclairante.
L'abat-jour, qui favorise la lecture, est préférable au rabat-joie, qui impose la censure.
Commentaire n°1 posté par Dominique Hasselmann le 24/10/2010 à 09h45
Tu ne t'ennuies pas sans tes rabat-joie ?
Réponse de PhA le 24/10/2010 à 21h43
J'apprécie votre initiative : il était en effet urgent de rapprocher la prise de l'abat-jour afin de faire circuler les nouvelles énergies coopératives. Ça + les tomates d'hier, nous voici parés contre les rabat-joie. (Salut au passage @ l'irréductible DH.)
Commentaire n°2 posté par David Marsac le 24/10/2010 à 10h40
J'essaie de mettre tout le monde au courant.
Réponse de PhA le 24/10/2010 à 21h44
Ah! Pour une fois, tout arrive, je ne clamerai pas : Vive le papier! ... Superbe initiative! ... Longue vie et succès espérons! 
Commentaire n°3 posté par Depluloin le 24/10/2010 à 14h28
Depluloin, vos papiers !
Réponse de PhA le 24/10/2010 à 21h47
Belle initiative si j'en juge par l'écriture de Nimzowitch. 
Commentaire n°4 posté par Dominique Boudou le 24/10/2010 à 18h18
N'est-ce pas ? (ça fait plaisir, la visite !)
Réponse de PhA le 24/10/2010 à 21h48
Vous croyez que je peux proposer ma bio de Claude François ?
Commentaire n°5 posté par Moons le 24/10/2010 à 23h50
Oups ! J'ai failli vous conseiller les Doigts dans la prose.
Réponse de PhA le 25/10/2010 à 09h39
ça me rappelle des propos du cher Jean-Luc Godard, brodant sur le thème : les frères Lumière se seraient appelés Abat-jour est-ce que ça aurait changé quelque chose à l'histoire du cinéma ?
pour en revenir aux éditions dudit abat-jour, je les trouve quand même bien sûrs d'eux pour ce qui est de savoir ce qu'est la "vraie" fiction...
Commentaire n°6 posté par L'employée aux écritures le 25/10/2010 à 20h53
C'est sûr qu'on n'est jamais sûr de rien - surtout dans ce domaine.
Réponse de PhA le 27/10/2010 à 07h19
@ Martine Sonnet : votre remarque sur la "vraie" fiction me rappelle, à mon tour, la formule très juste de Georges Monti, l'éditeur de votre beau livre, à l'un de nos auteurs : "Il y a dans votre projet une "posture" très originale et dans vos pages un ton, une verve, extrêmement réjouissants. En d'autres temps, je vous aurais dit oui sans hésiter. (...) Il y a, en librairie, de moins en moins de place pour des livres de cette qualité. (...) Il n'est pas impossible qu'un éditeur plus jeune, moins "bien" diffusé, puisse s'emballer pour un tel texte (paradoxe appararent)."  Le "vrai" dans la fiction renvoie, à mon avis, à ce paradoxe de notre époque plus ou moins difficile, selon l'angle. Mais enfin, c'est la nôtre et, en tant qu'éditeur moins bien diffusé, j'ai plus de liberté aussi.
Commentaire n°7 posté par David Marsac le 26/10/2010 à 09h13
@ David Marsac, j'ai bien l'impression qu'en ce moment un très petit éditeur assumant seul jusqu'à la diffusion du tout petit nombre de livres qu'il publie et défend (quasi physiquement !) résiste mieux qu'un éditeur à la surface légèrement plus grande en passant par le bon vouloir d'un diffuseur qui servira toujours en premier les palettes des livres qui ne sont pas de la littérature mais sont censés se vendre placées prêtes à prendre dans ses hangars, quand celles des éditeurs pointus seront reléguées au fond où il n'ira puiser pour servir les commandes que quand ça lui chantera... même si le petit éditeur paie pareillement ses services.
Commentaire n°8 posté par L'employée aux écritures le 26/10/2010 à 17h20
 

samedi 23 octobre 2010

Bingo ! (une caisse de tomates)

Nous transportons des livres et la police dit Bingo ! quand elle les trouve, et nous disons Bingo ! à son Bingo, parce que nous tenons tous alors, police, non-police, ce livre pour un Bingo – le Bingo de l’autre, si l’on veut. Or, je ne suis pas sûre que le livre soit un Bingo ni une fête. Le mode d’action d’un livre n’est pas binguiste ni festif ; sa performativité spécifique n’est ni binguiste ni fictive. Je sais bien que les livres qu’on remarque sont souvent conçus en termes binguistes et pour produire un Bingo ! chez le lecteur, l’éditeur, les médias et toute la chaîne-du-livre. Autrefois – autre, autre, autrefois – j’aurais dit qu’en ce cas ces livres sont des livres et non de la littérature ; aujourd’hui, un livre de littérature bon peut se concevoir binguiennement, tout replié sur lui pour produire l’élan typique qui le projette en tête de gondole, et sidère les gondoles, et dispatche les petits cœurs post-it scrupuleusement remplis par les libraires d’adjectifs binguiens tels que jubilatoire, savoureux, etc., et tous ces mots culinaires avec lesquels en France on décrit la littérature, et qui ne datent pas de Bernard Pivot, non, Bernard n’a fait qu’entériner une habitude plus ancienne : j’ai lu les mêmes adjectifs dans une série de fiches pédagogiques destinées aux lycéens des années 60, qui décrivaient indifféremment Colette, Paul Guth et Cholokov.
 
la police dit Bingo !, c’est ce qu’elle a fait en arrêtant* une « proche du groupe de Tarnac » et en découvrant une caisse d’Insurrection qui vient dans le coffre de sa voiture.
* Et en lui plaquant un revolver sur la tempe (voir plus loin).
 
Nathalie Quintane, Tomates, p. 54 à 56, POL, 2010.
 
Dans ces Tomates il est notamment question de l’incarcération de Julien Coupat, des Jumelles de Pierre Alferi (cette histoire d’un révolutionnaire emprisonné qui se fait baiser, dont j’ai déjà dit ou essayé de faire sentir tout le bien que j’en pensais), de Lire en fête, de livres, de littérature, de tomates. Leur rouge va bien à notre humeur insurrective du moment (nous = Monsieur Le Comte et moi). Allez donc sur Sitaudis lire les questions que vous vous posez déjà, ou sur Poézibao, ou sur le site de l’Humanité, où l’on peut écouter un autre passage que j’avais eu aussi envie de recopier bêtement, comme je fais toujours. 

Commentaires

Des tomates, des tomates? C'est encore la saison des tomates? J'avais comme le sentiment qu'on rentrait dans la pérode des topinambours, mais si c'est encore tomates, alors là oui bingo
Commentaire n°1 posté par petite racine le 23/10/2010 à 09h28
En tout cas c'est assurément de plus en plus la saison de ces tomates-là, en tout cas ; tant pour le climat général que pour l'affaire en question.
Réponse de PhA le 23/10/2010 à 12h04
Tiens... Nathalie Quintane, j'aime beaucoup d'habitude! Alors pourquoi cet extrait me laisse quelque peu... sur ma faim (!) ... désappointé? Vous m'en donnerez un bon kilo quand même! 
(Et j'attends toujours que l'on me livre Monsieur le Comte sur un plateau d'argent! Beau titre non? Je suis entouré de paresseuses, c'est une honte!;)
Commentaire n°2 posté par Depluloin le 23/10/2010 à 11h03
C'est sûrement à cause de ma manière tout égoïste de citer les textes : je recopie ce qui me fait réagir, ça correspond à mon humeur du moment ; je ne cherche pas à extraire un passage exemplaire, sachant bien que c'est toujours en vain.
(Mon bon seigneur, je risque de monter moi-même un de ces jours jusqu'à la capitale ; je vous adresse un pneumatique dès que la date sera fixée. Peut-être trouverons-nous un instant pour nous rencontrer, si nous ne sommes pas trop immatériels ce jour-là.)
Réponse de PhA le 23/10/2010 à 12h14
Le lancer de tomates est en voie de disparition : même dans les théâtres, on préfère se lever pendant la représentation, déranger tout un rang et s'en aller parce que cela déplaît à monsieur et madame, plutôt que de jouer à Hernani.
Le lancer d'oeufs est également tombé en désuétude (il faut dire que la fermière a augmenté ses prix sur le marché et que le "bio" est réservé à un usage alimentaire.
Le lancer de cailloux (moins ambitieux que celui des pavés) est à la mode : sans doute des souvenirs inconscienst de ricochets sur l'eau d'un lac à Gérardmer ou Annecy.
Commentaire n°3 posté par Dominique Hasselmann le 23/10/2010 à 12h53
Pourtant le théâtre est à la mode, sur les scènes les plus variées.
Réponse de PhA le 23/10/2010 à 14h50
Concernant les tomates : c'est bien pour l'actualité que je me disais que ça avait un petit goût de topinambour
Concernant Monsieur le Comte : il est toujours noté manquant sur le logiciel fournisseur de mon libraire, faut lui dire quand même qu'il nous manque effectivement, et qu'il faudrait qu'il se dépêche
Commentaire n°4 posté par petite racine le 23/10/2010 à 13h33
Mince alors ! La route qui reste à Monsieur Le Comte est pourtant bien longue encore pour qu'il soit déjà épuisé. J'aurais dû mettre un dérailleur à sa bicyclette.
Réponse de PhA le 23/10/2010 à 14h52
"C'est sûrement à cause de ma manière tout égoïste de citer les textes : je recopie ce qui me fait réagir, ça correspond à mon humeur du moment ; je ne cherche pas à extraire un passage exemplaire, sachant bien que c'est toujours en vain."
Bravo.
(pardon, suis en période de "régression" "commentatrice") 
Commentaire n°5 posté par Ambre le 23/10/2010 à 13h35
Régressez, Ambre, régressez ! (Je suis mal placé pour ne pas vous y encourager.)
Réponse de PhA le 23/10/2010 à 14h54
Je ne me suis pas relu, donc PhA me mettra une mauvaise note en "frappe".
Mea culpa, j'admets la punition.
Commentaire n°6 posté par Dominique Hasselmann le 23/10/2010 à 13h57
Réponse de PhA le 23/10/2010 à 15h00
Hum! Message bien reçu.
Commentaire n°7 posté par Ambre le 23/10/2010 à 15h30
Remarquez, il vaut mieux qu'il dise Bingo quand il lui lui plaque un révolver sur la tempe que "feu". Je vais m'offrir un kilo de ces tomates d'hiver ça va requinquer mes nerfs, un peu fragiles ces temps ci.
Commentaire n°8 posté par Zoë le 23/10/2010 à 16h53
Je rêve qu'un policier crie Bingo en trouvant Monsieur Le Comte sous les décombres de la bibliothèque et en pointant son revolver sur les cordons mycéliens de Gyrophana lacrymans.
Ces Tomates-là me paraissent en effet tout indiquées pour vos nerfs.
Réponse de PhA le 23/10/2010 à 17h34
Moi c'est l'inverse de Depluloin : Quintane m'emmerde d'habitude, et là non, ça m'a bien plus cet extrait. Vous êtes très fort PhA. Et "binguiste", j'aime énormément.
Commentaire n°9 posté par Anna de Sandre le 23/10/2010 à 17h37
C'est peut-être parce qu'elle ne prend pas la peine de "faire galoper le petit cheval", écrit-elle ailleurs (dans le même livre).
Un jour j'écrirai un livre binguiste, pour voir.
Réponse de PhA le 23/10/2010 à 18h26
Quelques aromates sur ces tomates... Dingo ! ( je ne sais plus ce que j'écris).
Commentaire n°10 posté par Gilbert Pinna le 23/10/2010 à 18h05
(Confidence pour confidence, c'est souvent quand je ne sais pas ce que j'écris que je suis content du résultat.)
Réponse de PhA le 23/10/2010 à 18h29

jeudi 21 octobre 2010

J’ai trop de goût pour l’incertitude.

J’ai écrit des « romans » mais je n’aime pas tellement les romans. Je trouve les romanciers gonflés d’écrire des romans, d’imposer des personnages, de raconter des histoires. De dire Voilà, c’était comme ça. C’était comme ça et pas autrement. C’est ça qui s’est passé, pour telle raison. Et le monde, c’est comme ça, c’est à ça que ça ressemble. Regardez comme ça ressemble bien. Pas vrai que c’est comme ça ?
J’ai trop de goût pour l’incertitude. J’aime les romans qui font bouger le roman. Qui ne rentrent pas bien dans la boîte à formes de quand on était petit. Ou bien les romans qui ne sont pas du tout des romans. Ou des livres qui finissent par être des romans alors qu’ils ne ressemblent pas du tout à des romans. Ou évidemment des romans dont l’histoire n’est pas le sujet mais juste une partie de la forme.
Je me suis engagé comme romancier mais au fond je préfère rester un agent double. (Ne le répétez pas mais j’ai envie de mettre le navire en danger.)


Commentaires

Je rêve d'un critique qui refuserait de parler d'un livre dès la première mention réaliste...zut... C'est mon tour...
Commentaire n°1 posté par David Marsac le 21/10/2010 à 10h03
Quoiqu'un réalisme plus réaliste que le réalisme, ça puisse aussi m'intéresser.
Réponse de PhA le 21/10/2010 à 14h01
Vingt dieux! Et moi qui vient d'acheter les œuvres complètes de F. Nourissier!!! (Jamais rien lu de lui je crois bien..) 
En revanche, votre texte me rassure quant à l'impossibilité (honteuse) où je me trouve de lire et d'apprécier les grands romanciers américains. Mais c'est sûrement un tort!
Commentaire n°2 posté par Depluloin le 21/10/2010 à 10h57
Depluloin, vous êtes prié de ne pas mettre le doigt sur mes lacunes culturelles, surtout en appuyant aussi fort.
Réponse de PhA le 21/10/2010 à 14h03
Si vos livres m'ont plu c'est sûrement parce que je n'avais pas l'impression de lire des romans! je n'arrive pas à lire de "vrais" romans. Là je viens de commencer Asiles de fous de Régis Jauffret (j'attends Monsieur le Comte!!! sont longs à la fnac.com), lu cinquante pages hier. je m'ennuie mon Dieu que je m'ennuie. Me suis pas du tout ennuyée avec Houellebecq!
François Nourissier ce ne sont pas des romans ses livres, c'est sa vie qui est un roman. Bien aimé tout ce que j'aie lu.
Commentaire n°3 posté par Ambre le 21/10/2010 à 12h34
Mais Asiles de fous est-il le meilleur livre de Régis Jauffret ? Il faudrait demander aux spécialistes. En tout cas Monsieur Le Comte risque de vous confirmer que tous les fous n'y sont pas.
Réponse de PhA le 21/10/2010 à 14h07
Hé bé, quelle histoire...
Commentaire n°4 posté par Moons le 21/10/2010 à 13h45
C'est justement la question que j'évite de me poser quand je me lance dans un projet !
Réponse de PhA le 21/10/2010 à 14h09
Les meilleurs romans sont ceux qui nous changent, qui nous aident à mieux comprendre l'humain, ceux à propos desquels on peut dire qu'on n'en sort pas exactement le même que nous y sommes entrés. Mais un livre inutile, par contre, quel tragédie...
Commentaire n°5 posté par Sophie le 21/10/2010 à 14h10
Et qui change aussi, un peu, la littérature.
Un livre vraiment inutile ne l'est pas : il prend de la place et c'est précisément ce dont on manque le plus. Il est plutôt nuisible.
Réponse de PhA le 21/10/2010 à 14h25
Le principe d'incertitude est une belle règle de conduite littéraire : en fait, c'est le clavier (ou le stylo pour certains...) qui décide, et la "tempérance" qu'on lui accorde.
Il faut explorer le labyrinthe -- ou se laisser guider par ses chausse-trappes -- et au bout, c'est peut-être The Shining !
On en fait tout un roman (nouveau, un temps), du réalisme : passons sur.
Maintenant, un livre (qu'il soit de prose, de poésie, de peinture, d'imaginaire, de luminaire, de mer, de vieil océan...) qui transforme son lecteur aura réussi sa mission inavouée et précieuse.
Commentaire n°6 posté par Dominique Hasselmann le 21/10/2010 à 15h57
Il arrive souvent, heureusement, que derrière le roman se cache un livre.
Réponse de PhA le 21/10/2010 à 19h34
«...j’ai envie de mettre le navire en danger.»

Où est le navire ?
Le poisson l'aura déjà mangé.
Commentaire n°7 posté par espace-holbein le 21/10/2010 à 18h37
Mais... je me reconnais ! (Comme j'ai grossi ! Vite, au régime !)
Réponse de PhA le 21/10/2010 à 19h36
Lu et approuvé.
(Cela dit le roman est un genre qui n'en est plus un, tellement fourre-tout.)
Commentaire n°8 posté par albin le 21/10/2010 à 20h45
(C'est sans doute ce qui m'a permis de m'y fourrer.)
Réponse de PhA le 21/10/2010 à 20h54
 

lundi 18 octobre 2010

un même désir de liberté



Sans même que j’ouvre le livre, la lecture du dernier titre de Pierre Bayard me fait réagir. (D’ailleurs ses titres me font toujours réagir, pourtant bizarrement je n’ai encore lu aucun de ses livres ; il m’en excuse lui-même, courtoisie appréciée.) Je ne sais donc pas vraiment ce qu’il y a sous le titre, mais sa lecture me ramène à ma propre disparate – apparente –, mon besoin de démarquer ce qui s’écrit de ce qui s’est écrit avant, y compris dans l’autarcie du cercle restreint de mes livres, besoin marqué par des sauts parfois plus importants – notamment sous mes deux titres à rallonge. Disparates, mes goûts de lecteur le sont aussi, et d’emblée Bayard me souffle d’échanger par exemple les œuvres de Chevillard et de Mingarelli, ou celles de Volodine et de Michon, pour voir ce que ça fait – aux lecteurs. Et ça me rappelle une réflexion de Thierry Beinstingel dans les notes d’écriture de ses Feuilles de route, à propos d’un manuscrit refusé. Attendez que je retrouve, c’est pas tout récent, voilà, le 4 janvier 2009, il écrivait ceci :
« … Seulement, cet aspect marrant ne correspond pas à ce que je propose habituellement : on m’a répondu : "trop pied nickelés". Il est vrai que l’humour chez moi n’est pas très fin, plutôt genre potache. Soit. Donc je suis passé à autre chose au point d’en oublier jusqu’au titre. Mais en le relisant, je retrouve intact ma flopée de personnages, leurs farces, ces intrigues minces et joyeuses. Pas sûr qu’il était si décalé que cela pour une édition. »
En tant qu’éditeur, son éditeur ne fait pas n’importe quoi : aujourd’hui son Retour aux mots sauvages marche fort, dès que j’aurai un moment je m’y plongerai. N’empêche, on sent le petit regret de l’auteur (et puis personnellement je n’ai rien contre les potacheries, au contraire). Je me rappelle avoir ressenti très fort, après ma première publication au Seuil, l’attente du même roman, ou à peu près ; alors que moi, tout heureux justement d’avoir franchi ce seuil qui me paraissait symbolique, j’envisageais déjà de donner à la publication mes envies, comme je les donnais auparavant à la seule écriture, dans ce qui devrait être l’insouciance de qui n’a pas ni jamais eu d’éditeur. Or la publication crée des attentes, surtout quand le livre a été un petit peu remarqué. Qu’aurait-on dit à Louis de Funès si d’un coup il s’était pris pour Pierre Brasseur (ou inversement) ? Mais les attentes, il faut parfois savoir les tromper, sinon l’ennui guette (d’abord l’auteur, mais la contagion est imminente). Et puis le recul, celui grâce auquel on voit les choses dans leur ensemble et pas seulement la partie émergée de l’iceberg, laisse apparaître comment tout cela tient ensemble, comment tout cela même, si disparate que cela paraisse au prime abord, se ramène à un même objet (celui dont je suis le satellite). Cette vision d’ensemble, pour mes textes Quidam a su l’avoir, en mesurer les risques – et ose les prendre. L’édition est belle quand elle a ce courage, et aujourd’hui celui de publier une calembredaine – certes elle-même héroïque. Quant au mouvement qui anime le satellite, j’ai bien envie de l’appeler désir de liberté – oui, il y a sans doute chez Monsieur Le Comte quelque chose comme une revendication anarchiste, au moins de la lettre – un désir que je crois retrouver différemment chez d’autres auteurs protéiformes (à brûle-pourpoint je pense à Diderot, à Flaubert, à Calvino ou encore, plus près de nous, à Pierre Jourde ou à Céline Minard), grâce auxquels je ne me sens pas tout seul sur ce front-là. La liberté de remettre à chaque fois ce qu’on fait – ce qu’on est – en question.



Commentaires

Je sens de mon côté de l'écran aussi le petit regret qui traverse votre longue déambulation, Phillippe, regret amorti par une sorte de précaution à l'égard du champ littéraire d'aujourd'hui. Je pense, comme le disait Bouveresse à l'occasion d'un colloque à la Sorbonne sur l'engagement, vers 2003, qu'il existe aujourd'hui des Musil méconnus, potache sublime à sa manière, et des Proust condamnés à la moisissure ou à la chambre capitonnée (tête dans le plâtre des murs), et des Sterne encore en attente sur le bas-côté. Ce qui renvoie chaque lecteur aux choix éditoriaux actuels, peu engagés à mon avis, rarement engageants ou  conformes à une attente majoritaire, sans qu'on sache qui fait en l'occurrence majorité (éditeurs, libraires ou lecteurs). Vive donc cette liberté d'exception, potache comme le chameau sur une voix autoroutière.
Commentaire n°1 posté par David Marsac le 18/10/2010 à 09h38
Maintenant, me concernant, je ne regrette plus grand-chose ; et je ne me sens plus empêché par autre chose que mes propres limites - et par le temps, aussi. On sent parfois dans certains livres prometteurs quelque chose comme une bride retenue ; méfions-nous des empêchements artificiels, il y en a bien assez avec ceux qui touchent vraiment à l'écriture.
Réponse de PhA le 18/10/2010 à 20h35
Billet réjouissant, Philippe. Un vent de liberté souffle... (De Pierre Bayard, j'ai lu "Comment parler des livres...", attiré par le titre, entre autre. Je n'ai pas été totalement... mais je n'ai peut-être pas goûté tout le suc de ce texte! Pas la première ni la dernière fois chez moi!)
Commentaire n°2 posté par Depluloin le 18/10/2010 à 12h43
Appelez-moi Zéphyr. (Pas lu du tout Pierre Bayard, mais il a à coup sûr au moins le mérite de faire réfléchir dès la couverture.)
Réponse de PhA le 18/10/2010 à 20h37
"La liberté d'invention est une menace noire pour l'invention de la liberté."
Benoît Dehort, Oeuvres complètes, Editions du goudron, 2001 ( tome 6, page 431).
Commentaire n°3 posté par Dominique Hasselmann le 18/10/2010 à 15h55
Le Dehort de la pensée.
Réponse de PhA le 18/10/2010 à 20h39
J'ai pris la liberté de lire Monsieur le Comte, acheté à La Hune -tant qu'à faire-. J'y reviendrai sous l'arbre quand j'aurai épongé le retard dans les affaires abandonnées pour mon escapade.
Commentaire n°4 posté par Zoë le 18/10/2010 à 19h55
Vive la liberté ! (surtout celle-là)
Réponse de PhA le 18/10/2010 à 20h43
Ce billet de Thierry Beinstingel m'avait marquée, moi aussi... Et mêmes interrogations que vous sur les livres à venir quand on a été publié. "Un même désir de liberté" me paraît l'exacte réponse ( ça fait du bien à lire !)
Commentaire n°5 posté par Anne Savelli le 19/10/2010 à 09h59
Et pas si facile, d'ailleurs !
Réponse de PhA le 19/10/2010 à 10h27
Si c'était facile, on n'aurait plus la peur en contrepoids et... hum, quoi, qu'est-ce qui pourrait bien se passer ? me questionné-je...
Commentaire n°6 posté par Anne Savelli le 19/10/2010 à 10h46
Naviguer à vue entre deux écueils (au moins) : se fourvoyer, s'ennuyer. Mais oui : la peur, au moins, c'est vivant.
Réponse de PhA le 19/10/2010 à 10h54

 

mercredi 13 octobre 2010

Je n’y serai pas, allez-y quand même !

rencontres-Quidam.JPG
(Cliquez donc pour agrandir.)
Je n’y serai pas, empêché par ma double vie, Peter Parker comme je te comprends. Je le regrette d’autant plus pour Romain Verger qui m’a déjà fasciné avec ses Zones sensibles et sa Grande Ourse, j’attends avec impatience de visiter ses Forêts noires. Qui plus est ça se passe chez Atout-Livre ; j’en profite pour saluer Jérôme Dayre, libraire de bon souvenir (c'était il y a juste un an). Ma soirée sera moins réjouissante, que ceux qui peuvent en profitent !



Commentaires

Je n'y serai pas pour les mêmes raisons et je le regrette surtout pour "La femme du métro" (très beau roman) et son traducteur Michel Volko, comme toujours excellent.
Commentaire n°1 posté par Pascale le 13/10/2010 à 07h56
J'ai eu beaucoup de bons échos, mais je ne l'ai pas encore lu.
Réponse de PhA le 13/10/2010 à 12h16
Merci Philippe! Je regrette aussi de ne pas t'y retrouver. Quant à moi, en cas de service minimum, il est possible que j'emprunte la bicyclette de M. le Comte pour m'y rendre plus vite.
Commentaire n°2 posté par Romain le 13/10/2010 à 08h53
Je penserai à toi entre deux rendez-vous. Mes amitiés à Jérôme D.
Réponse de PhA le 13/10/2010 à 12h18

 
La double vie est souvent la source de complications.
Commentaire n°3 posté par espace-holbein le 13/10/2010 à 09h03
C'est tout à fait moi !
Réponse de PhA le 13/10/2010 à 12h20
...double vie, double vie... encore un cumulard.
Commentaire n°4 posté par Gilbert Pinna, le blog graphique le 13/10/2010 à 09h44
(Et encore : en réalité je mène une triple vie. Je dis double vie pour rester modeste.)
Réponse de PhA le 13/10/2010 à 12h21
Peut-être y serais-je puisque j'abandonne mes collines pour quelques jours dans la Kapitale. Je note
Commentaire n°5 posté par Zoë le 13/10/2010 à 11h55
Vous descendez de vos collines ? Bon séjour dans notre plaine !
Réponse de PhA le 13/10/2010 à 14h06
J'allais dire "Jamais sans vous!!", mais si c'est la librairie des bons souvenirs... ;)
Commentaire n°6 posté par Depluloin le 13/10/2010 à 19h30
De très bons souvenirs, même !
Réponse de PhA le 14/10/2010 à 17h39

lundi 11 octobre 2010

au sujet du sujet



Le sujet n’est pas le sujet.
Il y a le sujet apparent et le sujet réel.
(Il y a peut-être même le terme complétif du sujet.)
Se poser la question du sujet en aval, plutôt qu’en amont.
Mais surtout : méfions-nous des sujets.
Depuis que Sarkozy est au pouvoir (mais déjà avant), il y a de plus en plus de mauvais sujets. Certains mauvais sujets sont tellement nombreux qu’ils n’en font qu’un : les Roms sont un mauvais sujet.
Un mauvais sujet est un sujet tiré un peu au hasard pour en remplacer un autre.
Aux examens, aux concours, il y a toujours des sujets de remplacement, au cas où il arriverait malheur au premier sujet. Il est rare qu’ils soient meilleurs que le premier sujet.
Sarkozy, par exemple, est un sujet de remplacement pour remplacer le sujet qui me tient à cœur. Comme sujet de remplacement, il n’est pas très bon. Il ressemble à un sujet de Sarkozy : on n’y croit pas. Tout le monde sait bien que mon sujet, c’est Monsieur Le Comte.



Commentaires

La sujétion au sujet a été souvent la grande question de la littérature : le Nouveau roman a su en faire l'objet de certaines de ses oeuvres.
Sarkozy est en effet un faux "bon sujet" : trop facile, trop rutilant, coruscant, anguille plutôt que perche (à ne pas saisir).
Surtout, il croit, comme à l'époque de la royauté, que les Français sont ses sujets (donc des objets).
Le vrai sujet d'un livre de fiction : le président de la République actuel est un clone, un avatar de l'homme réel, une marionnette à la Berlusconi -- il n'y a pas de "modérateurs" sur ce blog ? --, un pantin à moitié désarticulé ; chaque année de son quinquennat, qu'il faut souhaiter unique, est un chapitre d'une histoire de fou qu'un malade raconterait à ses compagnons d'hôpital psychiatrique.
Voilà un sujet à creuser.
Commentaire n°1 posté par Dominique Hasselmann le 11/10/2010 à 10h02
Sarkozy ne sera jamais mon sujet - et réciproquement.
Réponse de PhA le 11/10/2010 à 19h06
A propos de sujet...
C'était quoi, le sujet, déjà ?
Ah, oui : Monsieur Le Comte
Commentaire n°2 posté par Moons le 11/10/2010 à 12h28
Il a bien changé.
Réponse de PhA le 11/10/2010 à 19h08
M.... à Monsieur Le Comte pour une bonne pêche.
Commentaire n°3 posté par quotiriens le 11/10/2010 à 14h27
La pèche est un bon sujet pour s'interroger sur le sujet.
Réponse de PhA le 11/10/2010 à 19h09
Monsieur Le Comte n'est pas Monsieur le Comte, ciel, ces liens !
Commentaire n°4 posté par Moons le 11/10/2010 à 21h26
Et oui : il semble bien que Monsieur Le Comte ne soit pas Monsieur le Comte.
Réponse de PhA le 12/10/2010 à 13h17
Je n'ose être le sujet de ce commentaire , je crains d'être enrolée dans une suite verbe complément qui ne me conviendrait pas. Encore que, je vous fais confiance pour le bon accord
Commentaire n°5 posté par Zoë le 11/10/2010 à 22h05
Si vous préférez être complément circonstanciel, vous serez plus libre de vos mouvements dans la phrase.
Réponse de PhA le 12/10/2010 à 13h19
... Le sujet : c'est aussi la phrase qui commence une fugue.
Commentaire n°6 posté par tor-ups le 12/10/2010 à 11h34
et la réponse au sujet est encore le sujet
Réponse de PhA le 12/10/2010 à 13h34
Je serais un complément circonstanciel de bonne cause ou de mauvaise manière dans ce cas.
Commentaire n°7 posté par Zoë le 12/10/2010 à 14h10
Un complément circonstanciel de bonne cause et de bonne condition.
Réponse de PhA le 12/10/2010 à 16h40
Le sujet est sans fin et ce n'est pas Albin qui vous contredira.
Commentaire n°8 posté par albin le 12/10/2010 à 16h05
Tant qu'il restera un poisson dans la mer.
Réponse de PhA le 12/10/2010 à 16h42

Commentaire n°9 posté par tor-ups le 19/10/2010 à 09h40
En voilà un beau sujet ! (qui en vaut un autre en tout cas : tout dépend de ce qu'il y a dans la trousse.)
Réponse de PhA le 19/10/2010 à 10h12
 

mercredi 6 octobre 2010

quelque chose dont tu ne sais pas encore bien ce que c’est


Te voici donc prêt à attaquer les premières lignes de la première page. Tu t’attends à retrouver l’accent reconnaissable entre tous de l’auteur. Non. Tu ne le retrouves pas. Après tout, qui a jamais dit que cet auteur avait un accent entre tous reconnaissable ? On le sait : c’est un auteur qui change beaucoup d’un livre à l’autre. Et c’est justement à cela qu’on le reconnaît. Mais il semble vraiment que ce livre-ci n’ait rien à voir avec tous les autres, pour autant que tu te souviennes. Tu es déçu ? Un moment. Il est normal que tu sois un peu désorienté au début, comme lorsqu’on vous présente quelqu’un dont on avait associé le nom à un visage, et qu’on tente de faire coïncider les traits qu’on voit avec ceux dont on se souvient. Et cela ne marche pas. Et puis tu poursuis ta lecture, et tu t’aperçois que le livre se laisse lire indépendamment de ce que tu attendais de l’auteur. C’est le livre en soi qui attise ta curiosité, et, à tout prendre, tu préfères qu’il en soit ainsi. Te retrouver devant quelque chose dont tu ne sais pas encore bien ce que c’est.
 
Italo Calvino, Si par une nuit d’hiver un voyageur.
 
Encore un texte étudié avec les 3e, et une belle occasion de les mettre en garde contre ce que j’appelais l’autre jour les « lectures encombrées ».
Ceux qui me suivent de près savent pourquoi ce texte me parle si fort. Allez, demain je développe la question.


Commentaires

je ne veux pas faire la rabat-joie, mais si vous avez des élèves qu'il faut prémunir contre les lectures encombrées, vous avez de la chance - c'est qu'ils ont lu au moins un livre :)
Commentaire n°1 posté par Aléna le 06/10/2010 à 12h12
Oh, pas besoin de lire beaucoup pour que les lectures soient encombrées !
Réponse de PhA le 06/10/2010 à 13h42
Je vous suis "d'assez loin" mais je vous comprends, enfin, je comprends que "ce texte vous parle si fort". Vous n'êtes pas toujours "seul à voir" cher Philippe.
Commentaire n°2 posté par Ambre le 06/10/2010 à 12h38
C'est que vous en avez lu un peu plus que la moyenne !
Réponse de PhA le 06/10/2010 à 13h43
Les lectures encombrantes plutôt? Oh pardon M'sieur! j'ai pas écouté en classe! :) 
Ceci dit, j'aime m'encombrer d'un bon auteur celui qui laisse toujours à désirer, qui ne laisse jamais de découvrir ce qu'on a mal lu jadis! (Ma (re)lecture de Madame Bovary, il y a quelques années tout de même m'avait laissé sur le flan! D'ailleurs, je me demande si je ne vais pas y remettre le nez - dans ce livre pas dans Madame Bovary - ah les phrases mal parties!) 
Commentaire n°3 posté par Depluloin le 06/10/2010 à 14h02
Flaubert, c'est peut-être le premier auteur que j'ai vu, à chaque livre, tout remettre en jeu.
Réponse de PhA le 07/10/2010 à 22h21
Déposer sagement le livre sur le bureau. Ne pas l'ouvrir, ajourner sine die cette opération pour épaissir le mystère comme on épaissit une crème.
Commentaire n°4 posté par Gilbert Pinna le 06/10/2010 à 14h32
Ah oui, j'aime ça aussi ! (Mais la gourmandise est parfois irrésistible.)
Réponse de PhA le 07/10/2010 à 22h21
Demain, bel encombrement à prévoir (prévisions de Rosny-sous-Livres).
Commentaire n°5 posté par Dominique Hasselmann le 06/10/2010 à 14h49
Chouette ! J'adore ce genre de bouchons (de champagne)
Réponse de PhA le 07/10/2010 à 22h22

dimanche 3 octobre 2010

Franck n’a personne qui lui écrit

http://multimedia.fnac.com/multimedia/images_produits/ZoomPE/5/1/5/9782234064515.jpg 
Un matin de décembre, à force de quadriller toujours le même parterre, église, crèche, école, moi aussi j’en ai marre de ces limites et je descends plus bas, à peine quelques mètres de plus.
Pour rien, juste pour voir. Là j’apprends, de quelqu’un du quartier qui vous connaîtrait bien, comme ça, discussion devant une mercerie, me semble, pourquoi vous avez disparu : dans une bagarre aux Halles (bien sûr), vous avez agressé quelqu’un, plusieurs peut-être, pour dépouiller les fringues, évacuer les colères. Vol en réunion avec violence, toi et l’autre, celui au long manteau, vous êtes enfermés, à Fleury précise-t-elle. Fleury, sans Mérogis, répète-t-elle (elle dira plus tard qu’elle connaît, qu’adolescente elle y a passé plusieurs mois – ou jours ? ou semaines ? – je ne saurai pas si c’est vrai), Fleury, oui, quartier des jeunes détenus, Franck n’a personne qui lui écrit est-ce que tu voudrais son adresse ?
 
Marcher quelques mètres de plus ?
 
Anne Savelli, Franck, Stock,  collection La Forêt, 2010, p. 42.
 
C’est la première mention du prénom, et ce retard en italiques évoque la gaucherie émouvante d’une première et pudique caresse.
Plus notamment sur ePagine (ici et ), Lignes de fuite, Pages à pages, et aussi dans les pages du dernier Matricule des Anges.



Commentaires

La littérature peut aider à désincarcérer. C'est sans doute l'un des effets de ce livre.
Commentaire n°1 posté par Dominique Hasselmann le 03/10/2010 à 09h30
Elle doit le pouvoir toujours - a fortiori quand c'est son sujet !
Réponse de PhA le 03/10/2010 à 11h17
très beau livre, trop dedans encore pour en dire quelque chose
Commentaire n°2 posté par petite racine le 03/10/2010 à 10h13
Complètement dedans aussi (et encore vers le début) : c'est pourquoi je n'en dis rien - ou presque.
Réponse de PhA le 03/10/2010 à 11h19
Merci beaucoup, Philippe, pour cette dernière phrase, si juste...
Commentaire n°3 posté par Anne Savelli le 03/10/2010 à 10h58
J'étais en pleine lecture, et elle s'est imposée comme une évidence.
Réponse de PhA le 03/10/2010 à 11h19
Très belle mise en avant du livre d'Anne Savelli. Et merci aussi pour les liens.
Commentaire n°4 posté par ChGrossi le 03/10/2010 à 11h09
C'est qu'ils méritent d'être visités !
Réponse de PhA le 03/10/2010 à 11h20
La littérature aide à désincarcérer ceux qui ne sont pas en prison.
Commentaire n°5 posté par albin le 03/10/2010 à 11h27
Absolument. C'est pour ça qu'on la vend en librairie.
Réponse de PhA le 03/10/2010 à 12h01
Et quelques mètres de plus, tout est encore fleuri.
Commentaire n°6 posté par Gilbert Pinna le 03/10/2010 à 16h30
Sans Mérogis, ce nom deviendrait presque un euphémisme au doux parfum. (Sauf que non : j'ai déjà entendu aussi "à Fleury", ce n'était pas vraiment un euphémisme.)
Réponse de PhA le 03/10/2010 à 17h32
"Franck n’a personne qui lui écrit est-ce que tu voudrais son adresse ? "... et votre " la gaucherie émouvante d’une première et pudique caresse. "complètement chavirantes ces deux phrases. Le livre doit l'être... (chavirant)
Puis je lis (là) :"Seuls la lettre, le courrier en eux-mêmes, la simple sensation de décacheter l’enveloppe et d’y voir je t’embrasse, tiens bon, comptent ici. On écrit parce qu’on n’envoie pas son corps par la poste, c’est tout." 
Il a l'air beau ce livre.
 
Commentaire n°7 posté par Ambre le 03/10/2010 à 21h14
C'est vrai, et pas que l'air.
Réponse de PhA le 03/10/2010 à 21h29
On écrit parce qu’on n’envoie pas son corps par la poste, c’est tout.
Ca c'est magnifique. Entre autres. Merci.
Commentaire n°8 posté par Moons le 03/10/2010 à 22h05
Eh bien merci à Anne Savelli !
Réponse de PhA le 03/10/2010 à 22h16