vendredi 29 septembre 2023

court toujours (188)

– On ne te reconnaît pas bien sur cette photo.

Oui, j’étais plus vieux à lépoque.




jeudi 28 septembre 2023

court toujours (187)

En fait j’ai honte, hein, mais surtout de ne pas avoir honte ; tu vois ce que je veux dire ?




mercredi 27 septembre 2023

Avec mon stylo (12)

Avec mon stylo, 12e épisode : « Je vais aller voir la voisine, avec mon stylo. »


On reprend le feuilleton du mercredi. Mais ce qu’il faut savoir (et ce que je ne savais pas avant l’été, quand j’ai posté le 11e épisode), c’est que ce feuilleton est désormais un teaser !


Tous les épisodes (et sur Youtube)

mardi 26 septembre 2023

court toujours (186)

Et c’est ainsi que tous ses lecteurs, absorbés par leur lecture, disparurent à tout jamais.




lundi 25 septembre 2023

court toujours (185)

– Jamais vous ne dites du mal d’un livre ; on sent que vous êtes vraiment quelqu’un de bienveillant.

En fait, c’est surtout que je ne suis pas payé pour lire des merdes et pas assez maso pour les acheter avec mon fric.




dimanche 24 septembre 2023

la mer est bleue

Le bleu, oui c’est toi Charlie qui m’apprends le mot et la couleur, je connais pas, ni le rouge ni le beige d’ailleurs, le marron je connais à cause des bois noirs, le marron c’est une sorte de noir je connais, tu me montres une surface clair sur ton dessin c’est bizarre et tu dis bleu et puis un autre mot que j’ai plus en tête là maintenant, ah oui : mer, tu dis la mer est bleue mais ça signifie rien pour moi parce que je sais même pas ce que c’est la mer, comme tu vois que je comprends pas la mer tu dis c’est comme le ciel mais liquide qu’on peut flotter dessus, ah bon je dis je répète la mer, le bleu (…)


Laurent Margantin, Le premier couloir, éditions Derrière la salle de bains, 2020.



samedi 23 septembre 2023

C’est encore loin, l’Amérique ?

Il était grand temps (…) de se souvenir du seul enjeu réel : « Je ne peux rien oser pour moi-même tant que je n’ai pas mené à bien un travail d’assez grande ampleur qui me satisfasse totalement. »

De fait, Kafka était maintenant résolu à rassembler ses forces pour s’attaquer à un projet auquel il pouvait s’identifier librement, sans intervention extérieure : le projet Amérique. Comment et quand cette décision eut lieu, c’est une zone d’ombre – on dirait presque que Kafka s’est contraint au silence non seulement vis-à-vis de ses amis, mais vis-à-vis de lui-même, car ni dans le journal, ni dans ses lettres, on ne trouve la moindre trace de ce brusque revirement esthétique (…).


Reiner Stach, Kafka, Le temps des des décisions, Le Cherche-Midi, 2023.




vendredi 22 septembre 2023

- De quoi ça parle ? - De synapses.

Quand on me demande « de quoi ça parle » ou, pire, « qu’est-ce que ça raconte », je suis toujours bien embêté. Comme si, sous prétexte que je l’ai écrit, je serais mieux placé qu’un autre pour savoir de quoi ça parle. La seule chose qui m’intéresse, c’est que ça parle, en fait. Il faut que ça parle. Ce sera peut-être encore plus vrai pour le prochain (qui paraîtra en janvier, ce sera le dix-septième ; je serai bientôt majeur). On me demandera de quoi ça parle, et je serai bien embêté. Mais ça parle, ça parle vraiment. C’est comme quand on me demande ce que ça représente, ce que je dessine. Et puis parfois, pour répondre quelque chose, je réponds « des synapses ».



jeudi 21 septembre 2023

mardi 19 septembre 2023

court toujours (182)

Comme ils avaient trop de pudeur pour s’ouvrir leur cœur, ils se montraient leurs parties génitales.




lundi 18 septembre 2023

En Fraternité avec Luc Dagognet

Fraternité est le premier roman de Luc Dagognet (le même Luc Dagognet qui publie la revue L’Autoroute de sable) et vient de paraître aux éditions DO. C’est un récit qui bifurque, emprunte d’abord une direction – une querelle de voisinage qui tire vers le thriller – on songe un instant à Propriété privée de Julia Deck, sauf que le protagoniste-narrateur est célibataire et sans enfants ; et puis ça part dans un chemin de traverse ; une autre voie s’ouvre, laquelle choisir se demande le lecteur ? Et tiens, justement, nous voici dans un labyrinthe, dont l’issue s’éclaire d’une lumière inattendue. Car pourquoi un roman devrait-il être uni-directionnel ? Le narrateur, un trentenaire plein de craintes, de doutes, de failles, de détestation du bruit et d’un vrai désir de fraternité nous promène dans le wagonnet de sa pensée (il y a aussi un wagonnet dans l’histoire) entre roman social, épouvante, roman psychologique, roman d’amitié (comme on dit « roman d’amour ») et même roman à thèse, car il arrive qu’une thèse en effet s’impose. Et j’ai oublié de dire que, et ce n’est pas la moindre de ses qualités, ce roman parvient à être drôle et tendre à la fois. Avec tout le reste, ça nous fait une belle addition.

Pour une vraie belle lecture approfondie, avec un avis un peu différent du mien sur le dénouement (que personnellement j’appellerais un dénouement à surprise par ricochet), allez donc lire ce qu’en dit Pierre Butic sur En attendant Nadeau.



dimanche 17 septembre 2023

vendredi 15 septembre 2023

L’angoisse de la page noire

« Tout lui donnait aussitôt à écrire » écrit Rainer Stach à propos de Kafka (j’ai à peine entamé cette biographie et vous la recommande déjà), paraphrasant Kafka, lequel aurait écrit un jour « Tout me donne à penser » ; et ce « Tout me donne à penser » (même quand je n’écris pas) me donne tellement à penser que ce « Tout lui donnait à écrire » (car même quand on n’écrit pas, on écrit encore) m’a donné à penser – à écrire – sur l’angoisse de la page noire, et ce que c’est, moi qui ne connais pas la blanche.

Voilà, c’est confus, c’est du moins obscur sinon tout à fait noir ; cette phrase aura de la chance si elle trouve quelqu’un pour la comprendre. On est déjà dans la page noire.

Pourtant, enfant, à l’âge des « rédactions », rien ne me paraissait valoir la peine d’être écrit (surtout qu’écrire était, pour l’essentiel, raconter). Je voulais déjà écrire, pourtant, mais quoi. Et maintenant, tout. Rien ne vaut pas la peine d’être écrit. Pourquoi tant de livres ne valent pas la peine d’être lus, voilà le mystère, puisque tout est passionnant. À titre d’exemple, puisque j’ai celui-ci sous la main : je lis une biographie, celle d’un écrivain dont l’œuvre entière me passionne, depuis l’adolescence. Mais quelle vie ne vaudrait pas une biographie susceptible de me passionner ? Je me passionnerais à écrire toute vie, quelle qu’elle soit. Il suffirait que j’arrête n’importe qui dans la rue, et j’aurais forcément – me semble-t-il –, au prix d’un effort d’attention, la matière d’une biographie extraordinaire. Ou d’autre chose qu’une biographie, pour peu que mon interlocuteur et moi ne parlions pas la même langue. Ou que mon sujet ne soit pas un sujet parlant, comme disent les linguistes : un animal, une plante, un organisme, vivant parce qu’il y a « bio » dans mon exemple et pourquoi donc une biographie devrait-elle se limiter à l’humain ? sans quoi je pourrais prendre n’importe quoi d’autre : le vol de la mouche, la rotation d’Uranus, l’entièreté de la personne, l’érosion lexicale du tonnerre, la formation du silex – tiens, la formation du silex, je n’y connais rien, mais alors absolument rien du tout, comment se fait-il que je n’y connaisse rien ? Comment peut-on vivre sans rien connaître de la formation du silex ? Il y a certainement un roman, un poème, qui sait, une pièce de théâtre à écrire à propos de la formation du silex ! Il y a tant de gens que cela passionnerait ! Non ? Pourvu que ce soit écrit avec passion ! Et je n’ai que moi pour l’écrire ; je n’ai que moi, juste moi, enfermé dans un seul moi pour écrire sur tout ça. Pour écrire, pour écrire beaucoup trop pour mes seules deux mains, mon unique cerveau – quelle chance ont les poulpes ! Pour noircir des pages et des pages d’une encre qui recouvre de l’encre encore. Au point que. Il y a déjà tant de livres qui ne valent pas la peine d’être lus. Comment espérer que tout ce qui se surécrit, s’écrit par-dessus, soit encore lisible. Comment espérer que, dans quelque temps, je sois encore moi-même en mesure de lire ce que j’aurais écrit ?

Alors j’arrête un peu, pour voir. Pour voir si je peux arrêter un peu. Ça fait presque une dizaine de mois que j’ai arrêté, pour laisser la page s’éclaircir un peu. Dans l’espoir de la page blanche. Dans l’espoir de la page claire. La page blanche est un espoir.



mercredi 13 septembre 2023

mardi 12 septembre 2023

court toujours (178)

– Tu peux garder le haut mais tu retires tes bas s’il te plaît.

– C’est à moi que vous parlez ?

Oh non. C’est à la vie.




lundi 11 septembre 2023

En passant par Berlin Alexanderplatz

Et puis j’ai aussi (et enfin) découvert cet été Berlin Alexanderplatz. Il y avait longtemps que le roman d’Alfred Döblin rayonnait sur les rayons de la bibliothèque familiale sans que je l’eusse encore ouvert, et puis comme il se trouva que je me trouvasse à Berlin, il fit le voyage avec moi, sous cette forme jaunie et un peu molle que prennent les Folio acquis dans les années 80. Choc à la lecture néanmoins. Je m’attendais à un grand livre ; c’est encore plus que ça. Mais tout de même, il n’y avait pas que le papier de mon vieux Folio qui avait vieilli : la traduction aussi. De retour en France, j’ai donc acheté illico la nouvelle traduction d’Olivier Le Lay qui rend justice au travail sur l’oralité, la choralité ai-je envie de dire de ce grand roman moderne, qui annonce sans doute, me semble-t-il, l’œuvre de Reinhard Jirgl, que publie Quidam en français.



dimanche 10 septembre 2023

court toujours (177)

Il était à moitié mort. Les recherches continuaient. L’autre moitié manquait encore.




samedi 9 septembre 2023

À propos de lecture et de sensibilité

Petite querelle de rentrée littéraire : Nicolas Mathieu reproche à Kévin Lambert le recours de ce dernier à une « lectrice sensible », pour parler français. Kévin Lambert lui répond ; vous pouvez lire ça ici, sur le site de Télérama. Rien de bien méchant dans cette histoire mais, à lire Kévin Lambert, il n’a fait que se documenter. Pourquoi ne pas appeler cela de la documentation ? Si on veut encore écrire des romans réalistes, on se documente, pour éviter d’écrire des bourdes qui pourraient choquer certaines sensibilités. Pourquoi pas ? Je le confesse, moi-même, il m’est arrivé dans mes lectures d’être choqué par certains détails a priori anodins – et votre manque de sensibilité dans ce domaine vous les ferait sans doute considérer comme tels –, mais à propos desquels pour ma part je suis particulièrement sourcilleux. J’ai carrément arrêté la lecture du roman d’un (vraiment) excellent auteur à cause d’une erreur (terriblement grossière) de botanique. D’un autre roman, lu en entier celui-là, je me rappelle, avant toute autre chose, deux erreurs de botanique encore une fois (concernant pour l’une des cyclamens, pour l’autre des digitales ; ça vous fait deux indices). On ne plaisante pas avec la botanique. On n’écrit pas n’importe quoi sur les fleurs. De même, avant d’écrire sur une espèce animale ou sur un champignon peu connus, on me demande ; c’est plus sûr et je n’ai jamais refusé ce genre de service. On va croire que je me moque dans ce billet de la mode des « sensitivity readers » ; c’est un peu vrai. Mais je m’y moque aussi de moi-même, car tout ce que je viens d’écrire est absolument vrai – et la sensibilité de chacun se place où elle se place, y compris là où on ne l’attend pas. Il y a du boulot.



vendredi 8 septembre 2023

court toujours (176)

À sa forme allongée et à son pronotum muni de deux dents vers l’arrière, on reconnaît immédiatement le cidnope poilu comme un élatéridé.




mercredi 6 septembre 2023

court toujours (174)

– Pourquoi avez-vous décidé d’écrire à la troisième personne ?

Les deux autres ne répondaient pas.




mardi 5 septembre 2023

court toujours (173)

Il arrive que des milliers de personnes lisent le même livre en même temps. C’est comme une vaste partouze, sauf que c’est quand même un peu dégoûtant.




lundi 4 septembre 2023

Pennac au Terminus

Pennac en a donc fini avec la saga Malaussène ; le titre du dernier opus nous l’annonce d’emblée : Terminus Malaussène – même si, les habitués s’en doutent, le titre risque d’être à double-fond. Ça m’a donné envie d’aller voir Malaussène pour me rendre comment il s’en tirait avec sa fin, Pennac. C’est très joli, Malaussène, d’ailleurs, si jamais vous passez dans le coin ; ça ne m’étonne pas que le divisionnaire Coudrier y ait pris sa retraite (non : cette information n’est pas à proprement parler un spoil). Ça m’a donné envie aussi de lire Terminus Malaussène, même si je suis loin d’avoir lu tout le reste de la série ; je n’ai même pas lu le Cas Malaussène, dont Terminus Malaussène est la suite directe. Mais j’ai un souvenir très net de la Fée Carabine, pour l’avoir étudié naguère et même jadis avec mes 3e – souvenir qui m’a permis de deviner très vite qui – mais brisons-là, je risquerais d’en dire trop et ce n’est pas non plus mon propos. J’ai retrouvé le même plaisir à l’intrigue too much ; moi qui n’aime pas les intrigues, autant que l’auteur y aille franchement. De même avec cette voix narrative flottante au gré du récit : on passe sans ambages d’un narrateur extérieur omniscient au je de Benjamin Malaussène, lequel laisse parfois la place à un autre je, celui de Pennac en personne, qui nous met ses amis de la vraie vie dans son roman, comme un signe à distance.

Tiens, presque dans le même ordre d’idée mais pas tout à fait, un petit passage qui m’a amusé. C’est la reine Zabo qui parle, l’éditrice pour laquelle travaille Benjamin Malaussène, à propos du manuscrit d’un de ses auteurs :


« Je lui ai commandé la suite de son premier roman, un point c’est tout. Et sur le même ton ! Quand on capture un si nombreux lectorat avec un premier roman, on ne le déstabilise pas dès le deuxième. On attend au moins dix bouquins pour changer de ton. Alceste veut perdre la moitié de ses lecteurs, ou quoi ? Je ne publierai pas ça. »


Je vous assure que quand le lecteur est auteur lui-même, ça lui parle. Et Pennac qui écrit ça tout en appliquant studieusement les règles éditoriales basiques énoncées par la reine Zabo dans son nouveau Malaussène, cuisiné à la même bonne sauce Malaussène qui a fait ses preuves depuis plus de trente ans ; ça croustille. On compte sur lui pour faire quelques faux pas éditoriaux (c’était déjà un peu le cas avec le Journal d’un corps) ; il a bien de plus de dix titres à succès derrière lui. Avis aux auteurs qui en ont moins. D’autant plus que, on le verra par la suite, intrigue oblige, les propos de la reine Zabo ne sont pas à prendre au pied de la lettre.

Et la fin – car je voulais savoir comment Pennac allait finir. Bien sûr je ne peux pas vous la raconter. Ce que j’aime, c’est que, quelle que soit la façon dont on l’interprète, elle rend toute poursuite du récit impossible. Ou alors, il faudrait vraiment, mais alors vraiment changer de ton, et comment réagiraient les reines Zabo de la réalité ?




L’illustration est non contractuelle.

dimanche 3 septembre 2023

court toujours (172)

– Pourquoi écriviez-vous à l’imparfait ?

– Pour l’encourager à s’améliorer, bien sûr.