Le jardinier bleu avait quitté l’usine
en feu avec une pile de papier. Il avait enlevé sa ceinture, entouré le papier
jusqu’à le tordre et avait jeté le tas sur son dos. C’est le dernier papier –
qu’on confondrait, de loin avec sa chemise, comme du papier plié. Il ne dit
rien au garagiste à qui il achète de l’essence sur la route ; c’est comme
s’il traversait la frontière plusieurs fois. Pour éviter que le bloc s’envole
trop dans son dos, il doit le maintenir avec une main, et conduire avec l’autre,
jusqu’aux ralentissements. Le papier prend la poussière, se gorge d’eau dans le
vent, comme des cheveux qui graissent, mais quand il s’arrêtera il le jettera certainement.
Il n’aime pas quand ça brûle.
Fabien Clouette, Quelques rides, éditions de l’Ogre, 2015 p. 40-41.
Ce n’est pas parce qu’on pré-rentre
qu’on va s’arrêter de lire. (Mais comme on n’a quand même pas trop de temps pour commenter soi-même cet intriguant roman on vous engage vivement à cliquer sur le lien du titre.)
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