C’est
encore une carte fine, comme la précédente.
Bütow, le 4 Février 1917 (sic, il faut bien sûr lire 1918).
Mes biens chers Parents. Décidément Edmond
est étourdi aujourd’hui.
Rien de bien neuf depuis le 1er.
Un interligne plus large que
d’habitude confirme ce « rien ». J’ai reçu quelques
lettres mais pas un seul colis. Il y a pourtant eu de grosses
distributions ; mais j’espère être plus heureux cette semaine : il y
en a paraît-il beaucoup à la gare. Comme courrier j’ai reçu les cartes de papa
des 17-18 et 21 et la lettre de maman du 20 janvier. Je plains bien ce pauvre
Louis de ses engelures ; il doit bien souffrir ; je sais ce que
c’est. Je suis pourtant assez heureux cet hiver. Après en avoir eu
quelques-unes aux premiers froids, je suis tranquille maintenant ; je n’en
ai plus aucune. Je suis assez
heureux, je suis tranquille. Il est vrai que je suis toujours les
conseils d’Arsène et que je ne quitte pas mes chaussettes la nuit. Arsène. Je vais vérifier mais je suis
presque sûr de n’avoir jamais croisé ce prénom. Vérification faite, jamais vu.
C’est peut-être le prénom de Daussy. Toutes mes félicitations à
Jean ! Qu’il continue ! Cela fera plaisir à ses parents quand ils
arriveront. La carte devait être
humide par endroits au moment de l’écriture, c’est comme si certains passages
étaient écrits en caractères gras. Papa est bien gentil de s’occuper
de ma collection de timbres ; je n’ai pas envoyé les timbres russes car
avec tous ces retards j’avais trop peur qu’ils se perdent. Ma collection de timbres. J’en parle un peu
dans un autre livre possible. Nous avions sans doute, nous avons – car elle
existe encore quelque part – quelques timbres en commun, Edmond et moi. Ma première
part d’héritage postal. Depuis hier le temps est redevenu assez
froid, il gèle assez fort, mais nous ne souffrons pas ; il fait même très
chaud à l’intérieur de nos baraques, il n’y a guère que sur le matin qu’il fait
un peu froid. Je continue à me trouver bien couché avec mon hamac. C’est
épatant comme sommier. Je vous quitte mes bien chers Parents en vous embrassant
bien fort tous les deux ainsi que Geneviève Louis Ma Tante et toute la famille.
Votre fils qui vous aime de tout son cœur. EAnnocque
Ah les collections de timbres! Un plaisir, un intérêt de jeunes gens d'une autre époque? Je relisais récemment les tractations entre le Narrateur et son arrogant camarade Lambert dans "Histoire". Merveilleuses descriptions de timbres... Très drôles aussi.
RépondreSupprimerUne autre époque, je crois bien.
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