Le poète avait été, pendant la
nuit écoulée, témoin auditif de son propre éloge funèbre à la radio, en
rêve : « C’est une femme qui en donna lecture, une speakerine très
appréciée à cause de sa voix, d’habitude toute de cordialité à chaque occasion.
Dans mon cas sa voix prit un son non seulement différent, mais satisfait de ce
qui m’arrivait, et vengeur même. C’était comme si ma disparition était celle
d’un malfaiteur, comme si on avait réglé son compte à un ennemi du genre
humain. Ce que j’avais écrit ma vie durant, elle le déclara nul et non avenu,
et au nom de tout le monde. Nul et non venu ! – Or ce fut ce mot-là qui
remit pour moi les choses à leur place. Oublié à bon droit ! dit-elle, et,
tout à coup, je ne me vis plus du tout seul, ou en tout cas nettement moins que
pendant les rêves et les jours précédents. […] »
Peter Handke, Par
une nuit obscure je sortis de ma maison tranquille.
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