samedi 31 décembre 2022

Dans l’Alexandra de Lycophron

Au chevet de Francis, j’ai trouvé l’Alexandra de Lycophron, dont il avait terminé la lecture, je crois ; alors je le lis à mon tour. Indépendamment du fait que c’est le dernier livre que mon frère a lu, ce texte m’intéresse à double titre : d’une part son contenu mythologique – il s’agit d’une prédiction de Cassandre (« Alexandra », fille de Priam et d’Hécube, princesse troyenne, sœur notamment d’Hector, de Déiphobe et bien sûr de Pâris-Alexandre), rapporté à son roi par un serviteur. Le contenu est délibérément presque incompréhensible au lecteur inaverti que nous sommes (presque) tous, et cela depuis l’Antiquité puisque qu’on le surnommait le « poème obscur ».

J’en recopie les vers 744 à 765 (où je crois reconnaître toutefois les événements évoqués), afin qu’on s’en fasse une idée (la traduction est due à André Hurst et Antje Kolde) :


« Après un court plaisir au lit de l’Atlantide,

sur un esquif improvisé, qui n’entrera dans un aucun port,

il aura la male audace, le malheureux, de s’embarquer et de piloter

la frêle barque bricolée, à mi-carène

vainement fichée de chevilles.

De là Amphibaios l’éjectera, comme s’il était

le petit sans ailes de la compagne d’un céryle,

avec gaillards et coursiers il le jettera

dans la vague, plongeur empêtré dans ses cordages.

Balayé sans sommeil aux replis de la mer,

il sera voisin du citoyen d’Anthédon

la thrace. De l’un à l’autre, comme rameau de pin,

les vents feront tournoyer en soufflant ce chêne-liège,

et c’est à peine si de la marée cruelle le bandeau

de Byné le sauvera, la poitrine écorchée,

et la pointe des doigts : il en saisira des roches

qui déchirent les chairs, et les pointes englouties sous la mer

l’ensanglanteront. En l’île haïe de Cronos,

Harpé, bouchère du sexe divin, il séjournera

suppliant dénudé, hâbleur de funestes tourments,

il vociférera, plaintif, le chapelet de ses histoires,

payant pour la malédiction de l’aveuglé mordeur. »


Le nom d’Ulysse n’est jamais cité, ce serait trop facile (je me suis déjà posé la question de nommer Ulysse si un jour j’écris un livre sur lui). « L’Atlantide » est Calypso, fille d’Atlas, qui laisse partir Ulysse sur un radeau construit par ses soins. « Amphibaios » est Poséidon ; mais je n’ai pas connaissance de cette appellation ailleurs. Même l’alcyon, qui ne joue pourtant ici qu’un rôle de comparant, est rebaptisé « céryle » (je ne connaissais pas ce mot). « Anthédon la thrace » ne me dit pas grand-chose. Le « bandeau de Byné » est le voile d’Ino, qu’elle prête à Ulysse pour qu’il ne se noie pas après que Poséidon a brisé son radeau – mais pourquoi « Byné », je ne sais pas. De même, je ne comprends pas ce qu’est « l’île haïe de Cronos, Harpé, bouchère du sexe divin ». La faucille avec laquelle Cronos émascule Ouranos serait-elle devenue une île après usage ? En tout cas, il s’agit de la terre des Phéaciens puisqu’Ulysse y arrive en effet en « suppliant dénudé » et qu’à la demande du roi Alkinoos il y déroule « le chapelet de ses histoires », « l’aveuglé mordeur » étant bien sûr le cyclope Polyphème.

Pourquoi l’obscurité (que Lycophron n’était pas seul à pratiquer) ? Dans une prédiction, elle prend sens. Dans une prédiction de Cassandre, encore davantage. La lisibilité reste une limite, avec laquelle, depuis toujours, l’écrivain est tenté de jouer. L’illisibilité est l’expression de la faillite du langage à dire le monde. Elle est à la fois la fin et la naissance de la littérature.



vendredi 30 décembre 2022

Pour Francis, encore.

J'ai aussi lu ce texte-ci, car je sais bien que c'est en pensant à Francis que Homère l'a écrit.


    Ainsi parla-t-il, et les Troyens attelèrent à leurs chars des bœufs et des mulets, et se hâtèrent ensuite de se rassembler aux portes de la ville. Pendant neuf jours, ils amenèrent une indicible quantité de bois. Mais quand parut, pour la dixième fois, l'Aurore qui apporte la lumière aux mortels, ils transportèrent le corps de l'intrépide Hector, en versant des pleurs ; ils le placèrent alors au faîte du bûcher, et y mirent le feu. 

    Et, lorsque apparut la fille du matin, l'Aurore aux doigts de rose, le peuple se rassembla autour du bûcher du glorieux Hector. Puis, une fois rassemblés et groupés, ils éteignirent d'abord avec du vin couleur de feu toutes les parties du bûcher qu'avait envahies l'ardeur du brasier. Ses frères et ses amis recueillirent ensuite ses blancs ossements ; ils pleuraient, et de grosses larmes descendaient sur leurs joues. Prenant ensuite ces restes, ils les placèrent dans une urne d'or, qu'ils recouvrirent de voiles souples, couleur de pourpre. Aussitôt après, ils les déposèrent dans une fosse profonde, sur laquelle ils étendirent et tassèrent de gros blocs de pierre. En toute hâte, ils se mirent ensuite à entasser un tertre, après avoir songé à poster tout autour des sentinelles, dans la crainte que les Achéens aux belles cnémides ne passent à l'attaque avant le temps fixé. Lorsqu'ils eurent amoncelé le tertre, ils se retirèrent. Avec ordre ensuite s'étant tous assemblés, ils festoyèrent à un festin d'honneur, dans le palais de Priam, roi nourrisson de Zeus. 

    Et c'est ainsi qu'ils eurent soin d'accomplir les funérailles d'Hector dompteur de chevaux.


jeudi 29 décembre 2022

Pour mon frère, Francis

Hier j'ai lu ce texte aux obsèques de mon frère Francis.


J’ai écrit quelques mots pour Francis. Francis, pour nous tous, c’est plein de souvenirs.

Pour Michèle, par exemple, un premier week-end de neige. Tous les deux sur des skis pour la première fois. Et Francis parti là-dessus comme s’il avait fait ça toute sa vie. Et les soirées à la Crète où il dansait, presque en transes, sur la musique de Led Zeppelin.

Une fois, vous dansiez à la maison comme des fous, et vous aviez cassé le lustre du salon, se souvient Christian. Vous aviez couru en acheter un autre identique mais il n’éclairait pas de la même manière. Papa et maman n’ont jamais su ce qui s’était passé. De toute façon, casser les lustres était une tradition festive, de génération en génération, n’est-ce pas Maman ? Et les randonnées en vélo, avec Michèle et Christian, jusqu’à la Roche-Guyon. Christian qui faisait la navette entre Michèle devant et Francis à la traîne, qui s’arrêtait pour observer ce que lui seul voyait. Et l’ascension du Puy de Sancy, lors des vacances en Auvergne. Les garçons, vous l’aviez faite en courant à travers les herbes sur une pente raide au lieu de prendre le chemin ; vous étiez arrivés épuisés. Je me souviens qu’on vous avait vus au début de l’ascension, j’étais dans le téléphérique avec Papa et Maman, et Michèle et Zabeth. Je me souviens que j’aurais bien aimé aller avec vous deux mais j’avais quoi ? Cinq ans ? C’était l’époque où, avec Zabeth, vous faisiez vivre des aventures aux poupées et aux ours en peluche, et dont j’étais le spectateur passionné. Zabeth se souvient de ces moments d’imagination intense dont Francis était le metteur en scène. Tu te souviens, Zabeth, de ton lit devenu île mystérieuse, et le crabe géant, je m’en souviens aussi : c’était Francis, qui en guise de carapace mettait sur son dos le couvercle de la boîte de jeu de construction en bois, celle qu’on rangeait sous l’armoire à glace. C’était parti pour les grandes aventures : nous étions en voyage.

À ton chevet, Francis, j’ai trouvé trois livres. Il y avait les Singes rouges, le livre écrit pour maman. Tu l’avais lu et aimé ; nous en avions parlé. Tu t’y étais retrouvé, d’ailleurs, dans le passage sur le bébé « tigre » que notre grand-père avait rapporté à maman ; je me souviens, à ton retour de ton service militaire, tu l’avais dit : en Guyane c’est le jaguar qu’on appelle le « tigre » ; c’est dans le livre. Et puis au-dessus des Singes rouges, il y avait le livre que tu étais en train de lire – que tu avais dû terminer, car ton marque-page était au début des notes de fin d’ouvrage. C’est l’Alexandra de Lycophron, en édition bilingue français-grec, publié chez les Belles Lettres. Qui aujourd’hui lit encore Lycophron ? Moi-même je n’avais jamais entendu parler de ce poète, dont l’identité d’ailleurs et même l’époque n’est pas clairement définie. Tu le lisais – et aujourd’hui je le lis, sans vraiment le comprendre car ce n’est pas un texte vraiment compréhensible : dès l’Antiquité il était surnommé « le poème obscur ». Il faut dire que c’est une prédiction de Cassandre, la fille de Priam ; elle qui savait l’avenir mais que personne ne croyait.

Je me dis que la vie, peut-être, a parfois dû t’apparaître à peu près aussi difficile à comprendre que l’est, pour le commun des mortels, la prédiction d’Alexandra-Cassandre rapportée par Lycophron. Mais il y a aussi une vie où les héros se nomment Achille et Palamède, Jorky et Ourasi, Corto Maltese, Alack Sinner ou Gaston Lagaffe, Gary Cooper, Humphrey Bogart, Katharine Hepburn, Donald Duck, une vie où le binturong et le kinkajou sont les seuls carnivores à la queue préhensile, où l’once (que jamais tu n’irais appeler bêtement « panthère des neiges ») joue les acrobates à la poursuite du grand bharal sur les à-pics rocheux de l’Himalaya. On peut se demander ce qu’il y a en commun à ces sujets de passion en apparence si disparates. Je me le suis demandé, mais pas longtemps ; j’ai la réponse : ce sont des machines à rêves. J’ai la réponse car ces rêves, tu me les a transmis, tu les as partagés avec moi. Le troisième livre près de ton lit, c’étaient mes Notes sur les noms de la nature, que je t’ai naturellement dédiée : elles te doivent beaucoup.

Tu étais mon grand frère ; tu étais aussi mon parrain. Parrain, ça commence comme parole, et depuis toujours j’ai écouté la tienne et j’en ai retenu, tu vois, beaucoup. J’avais des questions pour toi, notamment celle-ci, toute récente : connais-tu le pékan ? Il paraît que c’est un mustélidé nord-américain, de la taille d’un chat. Je n’en avais jamais entendu parler. On n’a pas eu le temps d’en discuter, c’est comme ça. En attendant, je te souhaite un beau voyage dans les prairies d’asphodèles, où tu vas retrouver tes héros d’autrefois. Mes amitiés à Homère, Hugo Pratt et les autres.

vendredi 23 décembre 2022

mercredi 21 décembre 2022

court toujours (65)

La pluie : cette indiscrète qui frappe au carreau alors qu’elle n’est pas invitée.




mardi 20 décembre 2022

Naviguer et faire naufrage : deux « arts » en miroir

« Mimus, Polistorus, Azuarque et Périclès : pas de façon plus honnête d’entamer un livre » ; tel est l’incipit de l’Art de naviguer, d’Antonio de Guevara (v. 1480-1545), historiographe de Charles Quint, m’apprend la quatrième de couverture. Ce serait à se demander si Charles Quint a réellement existé ; car des quatre références initiales, trois au moins sortent tout honnêtement de l’imagination dudit Guevara, qui n’en manquait pas – non plus que d’humour. Ce qui lui manquait en revanche, c’est le goût pour la navigation, car après lecture de son Art de naviguer, franchement, que diable irions-nous faire dans ces galères ? Pierre Senges (Romans sur Isère 1968 – quelque part dans la Mer des Sargasses vers 2137) en a sans doute la réponse : son Art de faire naufrage, malicieux et savant (à moins que ce ne soit l’inverse) répond à Antonio de Guevara ; ce sont les éditions Vagabonde qui nous offrent cet étonnant dyptique.



lundi 19 décembre 2022

court toujours (64)

Après quelques hésitations j’ose enfin l’affirmer : c’est un peu grâce à moi si Annie Ernaux a eu le Prix Nobel. En effet, son récent Mémoire de fille est contenu tout entier, et dans l’ordre, dans mes Mémoires des failles.




dimanche 18 décembre 2022

samedi 17 décembre 2022

jeudi 15 décembre 2022

court toujours (61)

Alors comme ça vous écrivez ? C’est quel genre, vos livres ?

Le genre cadeau de Noël.




mercredi 14 décembre 2022

mardi 13 décembre 2022

court toujours (59)

Raconte-moi une histoire qui finit bien.

D’accord : je m’arrêterai avant la fin.




lundi 12 décembre 2022

court toujours (58)

Les vivants sont pudiques : ils cachent leur tête de mort dans un écrin de chair.




dimanche 11 décembre 2022

De la pratique de Frédéric Forte pour faire apparaître la poésie là où elle n'était pas prévue

Vos livres de poésie se cachent partout. Ouvrez donc ce savant traité, par exemple, qui n’a semble-t-il à l’origine aucune vocation poétique : Pratique pour fabriquer scènes et machines de théâtre, du machiniste et décorateur italien Nicola Sabbatini. Son auteur a beau l’avoir écrit au XVIIe siècle, c’est tout un livre de poésie contemporaine qui s’y cache ; il suffit à Frédéric Forte de l’y faire apparaître. Il nous explique comment et selon quel protocole précis dans une note de l’auteur finale que je ne recopierai pas ici, préférant donner quelques exemples :



Chapitre 5

Comment changer


On clouera le haut

du côté où

il est le plus bas

puis on prendra l’autre extrémité

et on la clouera au commencement



Chapitre 17

Comment ouvrir et fermer


Une seule personne

chute de soi-même

en ce peu d’espace

sans bruit


Chapitre 22

Comment faire apparaître un enfer


Ici / de soi



Les poèmes sont accompagnés de dessins de David Enon.

De la pratique, scènes et machines, de Frédéric Forte, est paru tout récemment aux éditions de l’Attente.





vendredi 9 décembre 2022

La poésie est partout (poème alphabétiquement parabolique)

La poésie est partout.

La poésie est par tous.

La poésie est particulière.

La poésie est parmi nous.

La poésie est parlante.

La poésie est Paris.

La poésie est pardon.

La poésie est, pardi !

La poésie est parcours.

La poésie est par-ci par-là.

La poésie est paravent.

La poésie est parapluie.

La poésie est paradis.

La poésie est parabolique.


La poésie est parabole.

La poésie est paradigmatique.

La poésie est paratonnerre.

La poésie est, parbleu !

La poésie est par cœur.

La poésie est pari.

La poésie est parlée.

La poésie est parmi vous.

La poésie est participante.

La poésie est particule.

La poésie est partie.

La poésie est parti pris.

La poésie est. Partons !

La poésie est partouze.


mercredi 7 décembre 2022

nouvelles

Bientôt de nouvelles Notes (sans doute en avril).

Tu aurais pu attendre un peu, qu'on puisse en parler ensemble.





mardi 6 décembre 2022

Je n’avais jamais lu l’honneur perdu de Katharina Blum.

Je n’avais jamais lu l’honneur perdu de Katharina Blum. Pire : je n’avais jamais lu Heinrich Böll. Est-ce pour ça que j’ai l’impression que les lecteurs français ne lisent plus de littérature allemande ? Car franchement, ôtez-moi d’un doute, les lecteurs français lisent-ils encore de la littérature allemande ? (Cette question n’a de sens que relatif. La littérature est toujours étrangère et l’on devrait ne pas se préoccuper de l’origine de l’auteur – on ne devrait pas se préoccuper de l’auteur du tout. Mais puisque ce n’est pas le cas, pourquoi cette désaffection ? Ou alors je me fais des idées.)

Je ne vais quand même pas écrire un billet sur l’honneur perdu de Katharina Blum, que tous les lecteurs du vingtième siècle ont lu. Mais quand même : sur un pareil sujet, j’ai apprécié de rire autant.



dimanche 4 décembre 2022

vendredi 2 décembre 2022

Débrouille-toi avec ton violeur

Parmi les voix du post-exotisme, il y a celles d’Infernus Iohannes. Celles, car elles sont multiples. Et elles sont trois dans le premier ouvrage signé Infernus Iohannes paru jusqu’à présent, et tout récemment, aux éditions de l’Olivier : Débrouille-toi avec ton violeur. Trois : Miaki Ono, Molly Hurricane, Maria Soudaïeva. Trois, c’est sans compter les traductrices, et le traducteur. Irina Kobayashi, Astrid Koenig, Ellen Dawkes, Irena Echenguyen, Maria Echenguyen, Maria Iguacel, Rita Retzmayer, Monica Santander, Maria Schnittke, Lilith Schwack, Maria Gabriella Thielman, Anita Weingand, et alliae. Antoine Volodine. Oui, c’est pour ça que je me livre à mon goût pour l’énumération : c’est une des marques du post-exotisme. Antoine Volodine qui, dans ce livre, n’apparaît que comme le traducteur des Slogans de Maria Soudaïeva (ici réédités : ils l’avaient déjà été, seuls, en 2004, déjà chez l’Olivier).

Un avant-propos, intitulé Nos grandes traductions, ne fait pas qu’introduire les trois textes qui suivent : il fait partie de l’œuvre, clairement assumée comme collective, sans signature, et rédigée à la première personne du pluriel, « dans notre quartier de haute sécurité ». Car la littérature post-exotique est incarcérée, car elle est résistance. Nos grandes traductions, c’est aussi le sous-titre de l’ouvrage – Débrouille-toi avec ton violeur étant aussi celui du premier texte (on ne parlera pas ici de récit, la narration dans ces trois textes-ci est réduite à presque rien). Traductions du japonais (Débrouille-toi avec ton violeur, de Miaki Ono), du russe (Slogans, de Maria Soudaïeva), du maganéen (Sous les viandes, de Molly Hurricane). Comme vous, je n’avais entendu parler du maganéen jusqu’à présent. Est-ce à dire que nous n’avons jamais entendu parler maganéen ? Une petite recherche sur le sens du verbe maganer dans le français d’outre-Atlantique me suggère que le maganéen est la langue commune à tous les humains estropiés par la vie, tous les humains qui ne sont pas considérés comme tels. Cette traduction, pratiquée sans « toujours respect[er] l’éthique des traducteurs », je la lis comme un passage, une transmission d’un univers parallèle au nôtre et qui, comme en miroir grossissant, réfléchit – reflète et pense – le nôtre. Ainsi la logorrhée de Miaki Ono, Débrouille-toi avec ton violeur, paraît-elle à la fois outrancière et en même temps terriblement lucide dans son discours d’un féminisme plus que radical – dans ce qu’on appellerait féminisme si le propos n’était pas absolument désespéré. C’est d’autant plus troublant que, parmi tous les textes issus de l’univers post-exotique que j’ai pu lire, c’est celui dont les références sont les plus proches de notre propre univers. Sous les viandes, de Molly Hurricane, est à l’antipode, en terme d’univers : il emprunte des motifs à ce que nous appelons science-fiction, mais ce n’est que le moyen de dire à quel point notre corps n’est pas nous-mêmes (notre corps de femme, puisqu’il semble que seules les femmes se battent encore), à quel point l’on ne s’appartient plus dans un monde post-apocalyptique où en réalité rien n’a changé : les « boyaux-démocrates » ont toujours le pouvoir – j’ai bien envie de continuer à les appeler comme ça désormais. Puis le triptyque se clôt avec les Slogans de Maria Soudaïeva et la puissance hypnotique de leurs missions étranges : « SI TU T’APPELLES VOLAINE KAMIÈNOGORSK, TUE D’ABORD CE QUI BOUGE EN VOLAINE KAMIÈNOGORSK ! »

Ce livre est le quarante-sixième qui nous soit parvenu de l’univers post-exotique. Il y aura un autre titre signé Infernus Iohannes. Ce sera le dernier, nous dit Antoine Volodine, puisque ce sera le quarante-neuvième.



jeudi 1 décembre 2022

mardi 29 novembre 2022

court toujours (52)

Il faut désormais remonter le temps pour se rappeler celui où l’on remontait encore sa montre.




samedi 26 novembre 2022

court toujours (49)

Et quels sont vos projets pour l’avenir ?

J’espère bien assister en direct à la disparition de la littérature pour pouvoir la raconter dans mon prochain livre.




vendredi 25 novembre 2022

Faire salon dimanche

Dimanche c'est le salon des Essarts-le-Roi. Il y aura du Annocque. Cliquez sur le lien pour les détails.

jeudi 24 novembre 2022

court toujours (48)

Il m’arrive aussi quelquefois de me surprendre à mûrir quelques avant-pensées, et puis je m’arrête.




mercredi 23 novembre 2022

court toujours (47)

C’était l’histoire d’un homme de mots qui s’efforçait de devenir un homme de paroles.




mardi 22 novembre 2022

samedi 19 novembre 2022

Bougalkov chez Inculte

Il y a toujours des livres qu’on n’a pas lus et parfois quel bonheur de les découvrir. Je sors tout juste de la lecture du Maître et Marguerite de Boulgakov, reparu chez Inculte en 2020 dans une nouvelle traduction due à André Markowicz et Françoise Morvan, et acquis à l’occasion d’une rencontre avec les traducteurs à l’indispensable librairie Charybde. (Oui : je ne l’avais pas encore lu – le diable sait comment la chose est possible.)



vendredi 18 novembre 2022

jeudi 17 novembre 2022

mercredi 16 novembre 2022

Une année 2011 de lectures

C’était tellement fastidieux de récapituler mes années de lecture 2021, 2020, 2019, 2018, 2017, 2016, 2015, 2014, 2013 et 2012 avec les liens vers chaque billet de lecture (et ici même avec les liens vers chacune desdites années), que j’ai failli omettre de le faire pour 2011. Mais tout de même :

Discographie, de Frédéric Forte (éditions de l’Attente)

Une petite forme, de Didier da Silva et François Matton (POL)

Dino Egger, d’Eric Chevillard (Minuit)

Montparnasse Monde, de Martine Sonnet (Le Temps qu’il fait)

L’automne zéro neuf, de Didier da Silva (Leo Scheer)

Les côtés cachés, de Pascale Petit (Action poétique)

Cloués au port, de Jacques Josse (Quidam)

Moinous et Sucette, de Raymond Federman (Al dante)

Attachements, de Victoria Horton (Quidam)

Moo Pak, de Gabriel Josipovici (Quidam)

La Présence, de Pierre Jourde (Les Allusifs)

Le Pourceau, le diable et la putain, de Marc Villemain (Quidam)

Isabelle à m’en disloquer, de Christophe Esnault (Les doigts dans la prose)

Extravague, de Xavier Person (Le bleu du ciel)

Je(s), de Denis Guillec (Les Carnets du dessert de lune)

Tu ne mourras pas, de Bénédicte Heim et Edmond Baudouin (Les Contrebandiers)

Djinn John, de David Lespiau (éditions de l’Attente)

Christie Malry règle ses comptes, de B.S. Johnson (Quidam)

Loque (une élégie), de Dominique Quelen (Fissile)

Grèbe, de Fred Léal (éditions de l’Attente)

Le corps de l’autre, de Georges-Olivier Châteaureynaud (Grasset)

Voyage vers le Nord, de Karel Čapek (Le Sonneur)

Rome, regards, de Rolf Dieter Brinkmann (Quidam)

Quitte ou double, de Raymond Federman (Al dante)

Chiens écrasés, d’Eric Chevillard (Le Tigre)

Exquise Louise, d’Eugène Savitkaya (Minuit)

Renégat, roman du temps nerveux, de Reinhard Jirgl (Quidam)

So long, Louise, de Céline Minard (Denoël)

Précis de nos marqueurs mobiles, de Pierre Parlant (éditions de l’Attente)

B.S. Johnson, Histoire d’un éléphant fougueux, de Jonathan Coe (Quidam)

Carénage, de Sylvain Coher (Actes-Sud)

La lettre de Buenos Aires, de Hubert Mingarelli (Buchet-Chastel)

L’année de l’hippocampe, de Jérôme Lafargue (Quidam)

Les unités, de Sabine Bourgois (Un comptoir d’édition)

Les oiseaux de paradis, de Lise Beninca (Joëlle Losfeld)

Sharawadji Manuel du jardinier platonique, de Pascale Petit (L’inventaire)

Nos cheveux blanchiront avec nos yeux, de Thomas Vinau (Alma)

Futur fleuve, d’Emmanuel Rabu (Léo Scheer)

Les Ales, de Céline Minard et Scomparo (Cambourakis)

L’o de trous, d’Aurelio Diaz Ronda (le grand os)

Hannibal tragique, suivi de Hannibal domestique, de Joseph Mouton (Les petits matins)

Ce vieil air de blues, de Cécile Beauvoir (Le temps qu’il fait)

Entre chagrin et néant, de Marie Cosnay (Cadex)

Iguanes et moines, d’Eric Chevillard (Fata Morgana)

Deux étages avec terrasse et vue sur le détroit, d’Emmanuel Hocquard (Echo & co)

Le son de ma voix, de Ron Butlin (Quidam)

Mes nippes, de Gabriel Bergounioux (Champ vallon)

Aire du mouton, de Joël Baqué (POL)