Pierre Andrieux fut
embauché aux PTT dès sa sortie de l'école puis il prit sa retraite
d'Orange.
mercredi 30 mai 2018
mardi 29 mai 2018
dimanche 27 mai 2018
que la route se courbe comme une tige
« Il
y a, dit-elle, quelque chose de difficile qui se fait jour. Mes
échanges avec cet homme prennent un tour belliqueux. C'est qu'il est
fait d'un métal dur ou qu'il a besoin de se garder des chocs, je ne
sais pas, en tout cas il faut sans cesse qu'il affirme une
suprématie, qu'il pose de l'implacable. C'est comme si on avait usé
l'été jusqu'à la corde. Dans quel désert a-t-il relégué la
tendresse ? Pourquoi se plaît-il dans ces coupes acérées, ces
coupes sombres qu'il opère et dans cette atmosphère raréfiée ?
Comprenez-moi, je n'aime pas quand l'accès est trop aisé, quand on
me précède sur la route et qu'on m'ouvre grand les chambres et les
paradoxes intimes. Mais j'aime que l'alliage se fasse, fluide,
évident, et qu'il en résulte des étincelles. Or lui, il barre la
route à l'évidence, il semble fait d'un métal pas même rare mais
qui n'existe pas ailleurs sur terre. Je m'élance, il répond et
soudain quelque chose dans sa réponse fait de moi une silhouette
stoppée net. Il m'adresse des mots, en quantité, et de menus
cadeaux mais je ne sais pas où il est ni où il me situe. Je ne sais
pas si je suis une partenaire, une adversaire, une participante, un
jeu ou un enjeu. Suis-je, posée sur sa vie, une plume, volatile,
sans poids et sans nécessité ? J'aimerais parfois que la route
se courbe comme une tige, comme le dos des enfants dont vous vous
occupez.
Que
peut-elle savoir des enfants ? Des enfants de Verre ? »
C'est
un passage que je viens de découper dans On a
brûlé les ruches blanches,
de Bénédicte
Heim,
qui vient de paraître aux éditions Et le bruit de ses talons.
jeudi 17 mai 2018
mercredi 16 mai 2018
Chapitre Nature
Nature
est le dénominateur commun au festival du Blanc et à mes récentes Notes
sur les noms de la nature,
qui me valent le plaisir d'être invité à l'édition 2018 dudit
festival, Chapitre Nature donc, où je serai présent dès vendredi
en fin d'après-midi et tout le week-end, avec lecture de ma pomme le
samedi après-midi. Mettez-vous donc au vert ! (Pour se mettre
au courant, c'est ici.)
lundi 14 mai 2018
Grève de la faim est-il préférable à Désir d'être en pension ?
Le
duo Monomère &
Maxiplace
appartient à la catégorie des Minizup
et Matouvu,
petits maigres, gros ventres, clown qui appuie sur le nez de son
camarade, tire sur l'élastique de son chapeau.
Quand les dépareillés se démodent (Patron/Secrétaire,
Prof/Étudiante), il faut explorer d'autres séductions, une
maîtresse récente plus jolie que l'ancienne, un peu plus riche, un
amant à qui ne manque aucune dent. La jupe short ne tient pas, même
chez les bourgeois monospaces des Yvelines, dont la morale catholique
exclut la monoparentalité.
En
2016, la famille Fillon
retrouve une France déboussolée, provinciale, en loden. La messe du
dimanche ne figure pas dans mon jeu, ni la tête blonde des petits
garçons (oreilles dégagées). Les jupettes bleu marine, non plus.
La
famille Citoyenne
a dispersé ses enfants dans la masse des électeurs : rejetons
récalcitrants, filles de la semaine et fils du samedi (la valise
dans l'entrée).
Pourquoi le vocabulaire lié au divorce est-il militaire ?
Garde
alternée,
garde à vue,
pension
alimentaire...
Grève
de la faim
est-il préférable à Désir
d'être en pension ?
Véronique
Pittolo,
Monomère & Maxiplace,
éditions de l'Attente, 2018.
dimanche 13 mai 2018
Histoires de personnes
Catégorie du verbe. Première deuxième troisième personnes du
singulier et du pluriel c'est un peu court.
Potentiellement il existe (vite fait)
- celle qui précède l'existence, celle de personne, celle du verbe
quand il est à l'infinitif
- celle de l'univers, celle d'avant la conscience de soi, celle de
toutes les tournures verbales dites im- ou plutôt uni-personnelles (ces deux-là que pour simplifier j'appelle « personne zéro »
quand je parle de mon roman Liquide)
- celle de la prise de conscience de soi que le français appelle je.
Se penser avant de pouvoir se dire car ce je ne prends sens que par
confrontation à
- celle de la prise de conscience de l'autre que tu aimes appeler tu.
Les deux aussitôt s'additionnent pour former une bulle :
- celle que faute de mieux le français appelle nous mais qu'il ne
faut pas confondre avec l'autre nous qui n'est pas encore là, on
n'en est encore qu'à l'addition de toi + moi mais c'est déjà
beaucoup se disent les amoureux
- celle aussi d'une autre addition : toi + un autre toi + un
autre toi... : tout ce vous qui m'entourez mais qu'il ne faut
pas confondre avec l'autre vous qui n'est pas encore là car d'abord
il faut
- celle qui dit l'autre, celui qui n'est pas dans mon échange, ce
troisième à qui il suffit de mettre un s car la langue parfois fait
bien les choses et c'est clair qu'il est souvent ils
- celle donc que je viens de dire qu'on appelle la troisième du
pluriel et qui est ainsi la seule à peu près convenablement nommée
- celle que le français appelle nous mais qui n'est que l'addition
de je + il
- celle que le français appelle nous mais qui n'est que l'addition
de je + ils
- celle que le français appelle vous mais qui n'est que l'addition
de tu + il
- celle que le français appelle vous mais qui n'est que l'addition
de tu + ils
Ce qui nous fait non pas six mais douze. Douze personnes à penser
pour penser un peu mieux.
samedi 12 mai 2018
Nouvelles très brèves (8)
Il y en eut un pour
émettre l'hypothèse de la présence de pétrole puis un autre pour
jeter son gobelet en plastique. (L'instant d'avant une libellule
survolait cette forêt du carbonifère.)
vendredi 11 mai 2018
Bienvenue à Clonck
Après Tardigrade à l'Arbre vengeur, rappelez-vous, Clonck
et ses dysfonctionnements est le deuxième livre de Pierre
Barrault, et je l'aime encore un peu plus que le premier. L'auteur
cette fois assume la forme romanesque, pour un propos poussé encore
davantage vers le non-sens. Or le roman est un genre qui aime le
sens. Le lecteur s'y attend à y lire une histoire, une histoire
qu'on ne lit que dans un seul sens car elle est supposée n'en avoir
qu'un – parfois le lecteur en voit plusieurs, et alors il se
réjouit que le roman soit riche. La déception le guette à Clonck,
mais je lui souhaite de savoir jouir de ses déceptions. Car s'il y a
bel et bien une histoire dans Clonck – celle d'Aughrim et
Podostrog en mission dans la ville de Clonck, chargés d'y retrouver
un certain Perstorp –, le sens s'y dérobe. En effet la ville
dysfonctionne – on ne pourra pas cette fois reprocher à l'auteur
un titre trompeur – et l'histoire est aussi celle de ces
dysfonctionnements. Ce sont ces dysfonctionnements, sortes de bugs
poétiques cocasses et variés, qui font la matière essentielle de
ce livre. Et ce faisant – faisant mine de ne rien dire – ils
disent vraiment l'essentiel : l'incapacité du sujet à
appréhender le monde. Notre lot commun, en somme.
On attend avec impatience le troisième livre de Pierre Barrault. En
attendant, on relit Clonck et ses dysfonctionnements, qui
vient de paraître, illustré par Claire Morel, aux éditions Louise
Bottu.
mardi 8 mai 2018
dimanche 6 mai 2018
Nouvelles très brèves (6)
Camille Ducast n'eut pas
le temps de s'entendre appeler ainsi car malgré les efforts de ses
parents il n'y eut pas fécondation.
vendredi 4 mai 2018
"C'est lui, l'inventeur du poème carré."
Je n'ai pas du tout le temps de rédiger un billet mais lisez donc
ça, ça parle tout seul. Ce sont deux des 49 poèmes carrés
dont un triangulaire d'Emmanuel Venet et c'est publié
à La fosse aux ours.
jeudi 3 mai 2018
Nouvelles très brèves (5)
Madame Bertinier a amené
la petite Pauline le matin à l'école maternelle des Lutins mais
elle n'est pas revenue la chercher à la sortie de l'Ecole
Polytechnique.
mercredi 2 mai 2018
Nouvelles très brèves (4)
Band et Brown furent les
premiers à atteindre la cime du Kangchenjunga qui n'est pas
tellement connu du grand public bien qu'il soit ou parce qu'il n'est
que le troisième sommet du monde, et puis ils en redescendirent.
mardi 1 mai 2018
Berlin on/off
Berlin
on/off de Julien
Syrac est trois fois le
monologue intérieur d'un jeune aspirant artiste – trois car il y a
trois parties, trois nouvelles si vous voulez, intitulées chacune
par leur incipit (« En attendant la poétesse israélienne »,
« Debout sur le podium », « Le marteau à la
main » ; tiens, ça aurait pu en faire un autre,
d'incipit, en les collant bout à bout) ; trois fois le
monologue intérieur d'un jeune aspirant artiste disais-je qui n'est
pas forcément le même, ou peut-être que si peu importe, lequel
vasouille dans les milieux underground et berlinois de l'art,
poétique ou plastique même combat, à faire l'accompagnateur de
poètes, le modèle nu (qui n'avait pas prévu de le faire devant sa
colocataire) ou l'apprenti sculpteur (dont l'un des buts et non le
moindre est de sortir vivant de cette aventure). Ecrit dans une
langue toute bouclée (vous n'êtes pas sûr de comprendre ce que je
veux dire ; c'est exprès, pour que vous alliez vérifier par
vous-même), sans paragraphes mais bien en bouche (tentez donc la
lecture à haute voix, c'est quasi fait pour) ; très caustique
et même un peu méchant mais plus tendre en final qu'il n'y paraît
de prime abord ; Berlin
on/off est aussi le
livre le plus drôle que j'ai lu ces derniers mois, ce qui n'est pas
la moindre des qualités.
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