Jamais petite dépression ne fit si grosse impression. On peut jouer du piano à quatre mains, écrire c’est moins évident et
pourtant si, associons donc un bavard et un muet et observons. Une petite forme n’est pas un roman, pas même à proprement parler un récit, tout au plus un autoportrait
fictif, foin des événements, qui a lu déjà Didier da Silva sait que comme aventure vivre suffit : faire ses courses est une odyssée, sortir le sac poubelle une descente aux
Enfers.
L’autoportraituré n’est pas tout à fait lui, comment nous jouerait-il les Idées heureuses avec ses mains de déménageur ? Si j’évoque son blog,
c’est parce que c’est là que je me rappelle – je me rappelle très bien –
avoir lu la première ébauche du passage ci-dessus reproduit, mais
cliquez donc dessus au lieu de râler que c’est trop petit. Même si à
l’époque François Matton – puisque c’est l’autre – ne collaborait pas encore à cette future petite
forme, il la lisait aussi, et probablement sentait déjà que ce
portrait de l’artiste en majuscule dépressif est sans doute le plus fou
des textes publiés par Didier. Comme plus on est de
fous plus on rit les contraires s’attirent et qui se ressemble
s’assemble, ces deux-là se sont tout naturellement retrouvés, Didier le
raconte là. Car François était déjà l’auteur d’un
blog ami – cette expression a sans nulle doute un sens : les
blogs deviennent amis entre eux, organisent parfois des rencontres entre
leurs auteurs, et quand de la rencontre naît un
projet qui grâce à POL prend cette petite forme-là, c’est un petit miracle. Qui de François Matton a lu J’ai tout mon temps ou même, plus récemment, Autant la mer, (et
par ailleurs a rencontré Hoffmann à Tokyo avant de passer Treize mille jours moins un avec le Sam de Didier), devine sans peine les affinités potentielles entre les deux
lascars. Dans Une petite forme, si François laisse la
parole à Didier, Didier laisse François nous la mimer à sa façon – un
peu Marceau ? – dans le dos du complice. Bonne nuit à
tous, le jour vous guette.
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