Moi-même,
disait-il, je dois l’admettre, j’ai accepté une fois de répondre à des
questions à la radio à propos d’un de mes livres, et sais-tu quelle
était la première question de
l’interviewer ? Il m’a demandé pourquoi j’écrivais des livres aussi
difficiles. Sa toute première question a été pour me demander pourquoi
j’écrivais des livres aussi difficiles. Je n’ai pas
eu la présence d’esprit de répondre comme j’aurais dû le faire,
malheureusement, et je n’ai fait qu’affirmer humblement que ce que
j’écrivais ne me paraissait pas tellement difficile et que, de
toute façon, un peu d’effort de la part du lecteur pourrait sans
doute rendre sa lecture plus agréable. L’inanité de sa question m’a
décontenancé, je dois l’admettre, disait-il, et il m’arrive
encore de me réveiller en me sentant hanté par le fait que je lui
avais permis de me poser une question pareille.
Gabriel Josipovici, Moo Pak, Quidam, 2011, p. 54-55.
Mardi 12 avril à 20h
Rencontre avec
Gabriel Josipovici
et son traducteur, Bernard Hoepffner
autour de
Moo Pak
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