Allez je reprends ce feuilleton arrêté ici le
4 avril dernier, rappelez-vous.
Heureusement que j’ai mon vieux carnet vert
pour me rafraîchir la mémoire car sans lui, à part deux ou trois
choses que j’ai racontées dans l’épisode 31, je ne me
rappellerais rien.
À m’en croire, dès janvier j’ai repris ce
que j’appelle « le projet sur Liev ». Mais je n’en
suis encore qu’au début : 3000 mots (oui je compte en mots,
ça n’est pas très professionnel mais dès qu’on n’atteint les
cinq chiffres les nombres perdent de leur sens à mes yeux). Ça fait
d’autant moins que tout le chapitre initial de Pas Liev sera
finalement supprimé. Ce mois-là, j’ai lu notamment Sans
l’orang-outan, qui reste l’un de mes Chevillard préférés,
et l’Ami Butler, qui a achevé de me convaincre de proposer
mon travail à Quidam, comme je l’ai dit.
En mars, j’ai apparemment eu l’idée d’un
« journal intime tenu par Liev, pour marquer l’écart de
perception du réel ». Bien m’en a pris de l’oublier très
vite, c’était bien plus intéressant de laisser le lecteur mesurer
par l’effort de sa propre imagination l’écart entre ce que croit
vivre Liev et ce qui, peut-être, se passe vraiment.
Sinon, cette année-là, le vieux carnet vert
me sert surtout à noter mes lectures et surtout mes envois aux
éditeurs et leurs refus. En effet c’est difficile de bien tout se
rappeler : selon les éditeurs j’envoie cette année-là
quatre manuscrits différents : Liquide, Mémoires des
failles, Monsieur Le Comte au pied de la lettre et un
autre qui devrait être mon prochain titre chez Quidam – sauf si un
autre moi-même se ramène entre temps avec un autre texte encore
car, je suis bien obligé d’en prendre conscience, nous sommes
nombreux à écrire sous mon nom. C’est sans doute pour satisfaire
l’un d’eux que, en novembre de cette année 2008, j’ouvre ces
Hublots. C’est encore l’époque des blogs. J’ai envie d’y
parler de mes lectures, mais aussi d’y tenter d’autres choses,
notamment, et pour changer, d’écrire en public, directement. (En
général je ne me montre jamais ce que j’écris à personne, sauf
aux éditeurs parce que la plupart préfèrent lire ce qu’ils vont
publier.) C’est ainsi qu’immédiatement après le billet initial,
je commence le feuilleton qui aboutira à Vie des hauts plateaux,
et dont je vous recopie ici le premier épisode, daté du 9 novembre
2008, et que je n’ai pas conservé dans la version publiée par
Louise Bottu :
Vie des hauts plateaux (arbitrairement 1)
Il aime bien jouer aux
jardineurs. Les jardineurs sont de petites personnes qui grattent le
sol vert sans se préoccuper de ce que gratte le voisin, non loin de
là, dont l’attitude est identique.
Parfois, quand on le
sollicite, ou parfois spontanément, un jardineur se met brusquement
à courir. On croit qu’il est parti pour longtemps mais il s’arrête
presque tout de suite.
En décembre, la date
de publication de Liquide chez Quidam est fixée au 18 avril
2009. Celle de Monsieur Le Comte au pied de la lettre est déjà
prévue pour novembre 2010 ou janvier 2011.