lundi 16 février 2009

Seul à voir (pas question de choisir)

Ce n’est pas facile d’honorer en même temps deux invitations différentes : comment ai-je pu me mettre dans une telle situation ? Je n’en ai aucune idée, je ne parviens pas à m’en souvenir, je ne saurais dire laquelle fut la première.
Maintenant me voici bien obligé de ne décevoir personne. On compte sur moi des deux côtés : il y a en effet bien longtemps que je ne les ai vues, toutes ces personnes.
J’ai encore de la chance, dans mon malheur ; je dois bien le reconnaître : par un heureux hasard, les deux réceptions ont lieu non loin l’une de l’autre, de chaque côté du pont, en contrebas, en plein air, juste au bord du fleuve. Je suis encore sur le pont, sur le point d’arriver. Il suffit que je tourne à droite pour me retrouver dans la famille de ma mère. Si je tourne à gauche, je serai l’hôte tant attendu de mon vieil ami d’enfance, mon vieil homonyme, qui a tellement insisté.
Il ne peut pas être question pour moi de choisir : je dois me résigner à faire la navette entre les deux, à courir de l’une à l’autre, malgré les voitures, sans vraiment pouvoir parler à personne, sans donner d’explications. Tous ces gens, dites-vous, seront un peu désappointés par mon comportement étrange, par mon singulier manque de disponibilité. C’est mieux cependant que de leur faire entièrement défaut.
Me voici donc contraint de réduire ma condition à ces incessants allers-retours, qui semblent-ils débordent parfois un peu jusque de l’autre côté du pont, de l’autre côté du fleuve, dans la ville où j’ai grandi et que toujours je ne reconnais plus, malgré mes multiples traversées à pieds, à bicyclette, en car, toutes ces traversées certes un peu pénibles mais que j’accomplis malgré tout, avec même peut-être un soupçon de complaisance.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire