Ici,
avenue L.L., nous usons fréquemment de betterave rouge. De ce rouge
cramoisi nous faisons de minces tranches qui
rosissent nos doigts et nos lèvres. Ceux de M. sont à ce point
rouges du jus de la betterave qu’ils rougissent tout ce qu’elle touche
ou baise. Mangez de la betterave rouge, mes amis, et
cultivez-la sans relâche ! Je promets d’en planter cette année dont
février est tumultueux et froid. Je la planterai partout où cela sera
permis. Et de la cuisson de cette betterave, les
villes se mélangeront comme se mélange la crème aigre blanche au
jus de cette racine de vieille culture.
Et pendant que cuisent les légumes dans leur peau veloutée, on peut vaquer à ses occupations favorites. L’Égyptienne
tricote sa vie alvéole par alvéole et le merle bègue tutoie le firmament.
Eugène Savitzkaya, Fou civil, p. 76
Le
chou rouge est en train de réduire avec le lard et les échalotes dans
une lourde marmite de vermillon et son fumet se
répand dans l’appartement. On y met un filet de vinaigre, des
pommes, du sel, du laurier et du thym, la noix du muscadier et le
poivre une fois qu’il a diminué de moitié. Il ne faut pas se
comporter avec le chou rouge comme avec le chou blanc, les deux
cabus (cabuses caboches) n’ont pas du tout le même tempérament. L’un est
rassis et poli autant que l’autre est fou du bleu de
méthylène qui le gorge. Le chou rouge est le type même de la caboche
alcoolique. La question que maintenant je me pose est : aura-t-on
déposé un jarret de porc sur cette humble
litière ?
Eugène Savitzkaya, Fou civil, p. 84
Commentaires
moi aussi j'aime le fou rouge
Commentaire n°1
posté par
lady chatterley
le 12/02/2009 à 10h03
C'est un fou délicieux.
Commentaire n°2
posté par
PhA
le 12/02/2009 à 13h10
ces inspirations culinaires m'inspirent. Merci!
Commentaire n°3
posté par
cécile portier
le 13/02/2009 à 12h14
Régalez-vous !
Commentaire n°4
posté par
PhA
le 13/02/2009 à 13h10