lundi 9 février 2009

Seul à voir (le nom de ma destination)

Suis-je un autre ? peut-être pas, me direz-vous ; ou sinon, en un autre temps ; en tout cas, en un autre lieu.
C’est en Angleterre – encore. La ville, mon ami F m’en a dit le nom, je l’ai oublié, il a dû me le redire quand je le lui ai redemandé (« C’est comment, au fait, ici ?… »), il a dû me le redire mais je l’ai encore oublié. Un nom composé, pas très long quand même ; un nom anglais. Pas vraiment difficile à retenir.
Dans cette ville il y une rue qui tourne un peu, une rue de ville bordée de hautes maisons ou de petits immeubles. Il n’y fait pas très clair, c’est pour ça qu’elle est déserte. Sur un trottoir il y a l’hôtel, sur l’autre – pas tout à fait en face, un peu sur la gauche en traversant – il y a la boutique du marchand de sandwichs.
En théorie, je sais que nous ne sommes pas très loin d’Oxford, un peu au nord. Ça n’a pas beaucoup de signification, peut-être même n’aurais-je pas dû vous le faire savoir.
« Nous », car, à l’origine tout au moins, je n’étais pas seul. Il y avait des amis avec moi, des compagnons de voyage.
Ils ne sont plus là. Peut-être doivent-ils revenir. Nous devons nous retrouver quelque part, en tout cas ; c’est prévu. Il n’y a plus que moi à l’hôtel.
Une fois nous avons été deux, à vouloir rentrer dans l’hôtel. Ça posait un problème, un problème de compréhension, parce que le rez-de-chaussée n’était pas vraiment un rez-de-chaussée ; c’était juste un vaste hall, qui sentait le désaffecté. En plein milieu il y avait la cage d’ascenseur, et l’escalier aussi, mais ce n’était pas simple de les utiliser.
La chambre est un peu plus qu’une simple chambre. J’ai envie de l’appeler une « location », car il y a une cuisine séparée. L’ensemble évoque plutôt un petit appartement, d’ailleurs assez encombré, assez mal tenu. Dans la cuisine (qui se trouve à l’autre extrémité de l’appartement, par rapport à l’entrée principale), il y a une autre porte, une issue secondaire, fermée d’une serrure rudimentaire, qui n’inspire pas confiance : ce serait facile à une personne mal intentionnée de passer par là, elle aurait alors un accès direct à tout l’intérieur.
Les robustes verrous de l’entrée principale sont du coup bien dérisoires.
Cependant il faut bien passer le temps, en attendant ; il faut bien manger aussi. Heureusement il y a le marchand de sandwichs sur le trottoir d’en face. C’est dans sa boutique finalement que je passe le plus clair de mon temps, en attendant. C’est devenu presque un ami. Ce n’est pas un Anglais d’origine, ça se voit à son teint basané, à sa barbe noire naissante ; et puis il a un accent, aussi. Ça ne facilite pas la compréhension, entre nous. Heureusement qu’il y met vraiment du sien. C’est lui qui me rappelle l’heure à laquelle je dois prendre le car, et l’emplacement de la station (il suffit de remonter un peu la rue qui tourne), et le nom de ma destination : une autre ville, à plusieurs centaines de kilomètres de là, beaucoup plus au nord, où je retrouverai mes amis.



Commentaires

Des réminiscences de Une affaire de regard. Est-ce volontaire ?
Commentaire n°1 posté par pascale le 10/02/2009 à 11h17
J'essaie, autant que possible, de ne rien mettre de vraiment "volontaire" dans ces choses que je suis seul à voir ; mais tu as raison : il y a là la remontée fortuite d'une manière de jeunesse où Une affaire de regard trouve autrement ses sources (et l'Angleterre, et la figure de l'ami, et surtout la précarité).
Commentaire n°2 posté par PhA le 10/02/2009 à 11h59

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