Pénétrant dans une petite pièce, une pièce très étroite surtout, toute en longueur, je découvre soudain mes collègues,
une bonne partie de mes collègues réunis là, autour de tables mises
bout à bout qui ne suffisent pas – la place manque –, en pleine
activité,
l’air soucieux.
Ils dessinent. (Moi aussi, je dessine.)
C’est
en de telles occasions inhabituelles que l’on découvre chez de
quotidiennes relations des talents jusque là
insoupçonnés. Elle, par exemple dessine vraiment très bien. Je ne
m’en serais jamais douté, peut-être à cause de son air perpétuellement
maussade et de son absence de coquetterie. Pourtant, faute
de place, elle est obligée de prendre appui sur un carton qu’elle
tient de l’autre bras, debout, le front presque contre le mur. Et quand
je jette un coup d’œil par-dessus son épaule, je suis
vraiment impressionné. Ce qu’elle fait me paraît vraiment plein,
je ne trouve pas d’autres mots pour mieux dire. Mon propre dessin, qui
pourtant
n’est pas si mal, me paraît bien piètre, en comparaison. C’est
important, savez-vous, de pouvoir comparer. S’il n’y avait pas son
dessin, j’aurais vraiment du mal à imaginer que l’on puisse faire
quelque chose de mieux que ce que j’ai produit. C’est probablement
que moi, je ne peux pas faire mieux.
J’ai dessiné deux corps enlacés. Aussi enlacés que possible, comme sculptés au départ dans le même cylindre de bois. Le
résultat est quand même plutôt convaincant, malgré elle. J’aime voir apparaître les mains et les pieds de mes personnages,
surtout là où on ne les
attendrait pas, dans l’enchevêtrement des membres, sans pour autant
faire d’entorse à l’anatomie. Mais je n’ai pas réussi à faire apparaître
les pieds de l’homme.
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