lundi 23 février 2009

Seul à voir (les pieds de l'homme)

Pénétrant dans une petite pièce, une pièce très étroite surtout, toute en longueur, je découvre soudain mes collègues, une bonne partie de mes collègues réunis là, autour de tables mises bout à bout qui ne suffisent pas – la place manque –, en pleine activité, l’air soucieux.
Ils dessinent. (Moi aussi, je dessine.)
C’est en de telles occasions inhabituelles que l’on découvre chez de quotidiennes relations des talents jusque là insoupçonnés. Elle, par exemple dessine vraiment très bien. Je ne m’en serais jamais douté, peut-être à cause de son air perpétuellement maussade et de son absence de coquetterie. Pourtant, faute de place, elle est obligée de prendre appui sur un carton qu’elle tient de l’autre bras, debout, le front presque contre le mur. Et quand je jette un coup d’œil par-dessus son épaule, je suis vraiment impressionné. Ce qu’elle fait me paraît vraiment plein, je ne trouve pas d’autres mots pour mieux dire. Mon propre dessin, qui pourtant n’est pas si mal, me paraît bien piètre, en comparaison. C’est important, savez-vous, de pouvoir comparer. S’il n’y avait pas son dessin, j’aurais vraiment du mal à imaginer que l’on puisse faire quelque chose de mieux que ce que j’ai produit. C’est probablement que moi, je ne peux pas faire mieux.
J’ai dessiné deux corps enlacés. Aussi enlacés que possible, comme sculptés au départ dans le même cylindre de bois. Le résultat est quand même plutôt convaincant, malgré elle. J’aime voir apparaître les mains et les pieds de mes personnages, surtout là où on ne les attendrait pas, dans l’enchevêtrement des membres, sans pour autant faire d’entorse à l’anatomie. Mais je n’ai pas réussi à faire apparaître les pieds de l’homme.

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