Ne m’embrassez pas ! J’ai contracté (il y a déjà longtemps) un virus, extrêmement contagieux : je fais en effet partie de
ces personnes, en nombre toujours croissant, qui se prennent pour Eric Chevillard, et qu’on laisse imprudemment parcourir les rues et la Toile –
tiens, si vous sous-estimez l’épidémie, allez donc voir par ici.
Est apparue depuis peu – en fait, depuis la publication papier de la
première saison de notre feuilleton préféré – une forme spécifique de ce mal nouveau, plus clairement monomaniaque, toute concentrée sur le
premier épisode, devenu légendaire :
« J’ai compté 807 brins d’herbe, puis je me suis arrêté. La pelouse était vaste encore. »
Le premier à en être atteint fut Franck Garot, qui gentiment offre désormais l’asile et le couvert aux malheureux contaminés, ouverture tous les matins à 8h07 ; qu’il en soit remercié.
Il convient cependant d’évoquer l’origine du mal, pour ceux qui ne
s’en méfieraient pas. On sait en réalité peu de chose de son identité véritable. Le fait est que la pathologie a atteint chez lui un
point tel qu’il va, et ce très régulièrement depuis une bonne vingtaine d’années, jusqu’à faire publier des livres signés Eric Chevillard,
avec la complicité d’éditeurs sans scrupules comme Minuit, Fata
Morgana, Argol et plus récemment L’Arbre Vengeur. Je ne saurais trop en
déconseiller la lecture. Voyez le résultat ; ma vie aussi désormais
peut se résumer en trois lignes :
J’ai perdu 807 cheveux, puis je me suis arrêté. Mon coiffeur me regarde d’un sale œil.
J’ai été condamné à seulement 807 années de prison. L’espérance de vie des gardiens est en baisse.
J’ai atteint les 807 lecteurs, puis je me suis arrêté. Je ne saurais supporter davantage d’indiscrétion.
J’ai atteint les 807 lecteurs, puis je me suis arrêté. Je ne saurais supporter davantage d’indiscrétion.
Depuis Sans l’orang-outan
surtout, chaque voyage à Paris passe par le Jardin des Plantes,
vérification oblige (ouf ! il en reste encore cinq). J’y ai
laissé mes derniers sous. Maintenant, je reste à l’extérieur de la
ménagerie, je me contente de longer les grilles. De là, les singes sont
invisibles, bien sûr ; mais avec un peu de chance
on peut apercevoir la masse amorphe et hirsute du binturong, non
loin de celle, agile et rousse, du petit panda. En passant de l’un à
l’autre à un rythme accéléré, mon œil droit parvient encore à recomposer un orang-outan passable (le gauche est plus difficile à convaincre).
Mais le
plus dur, c’est en automne, parce que les feuilles aussi sont rousses,
et qu’elles tombent, prémonitoires. J’ai survécu au
dernier. Souhaitez-moi bonne chance, et évitez les librairies.
Commentaires
Oui, bon, d'accord, cela étant je préfère vos textes. C'est comme ça.
Commentaire n°1
posté par
Christophe Borhen
le 13/02/2009 à 17h15
C'est que vous me préférez en bonne santé ! (rassurez-vous, je me soigne)
Le coup de foudre pour le 807 de Chevillard...
RépondreSupprimerJ'ai eu le plaisir et la joie d'organiser plus de 50 jeux d'écriture avec des camarades sur le thème des 807 et le sujet est inépuisable...
On pourrait presque dire :
J'ai compté 807... 807 ! Un régal.
Je suis donc ravie de découvrir un compagnon de 807 via ce blog.
Tatieva
Inépuisable et inépuisé. Enchanté, Tatieva, et bienvenue !
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