Et
voilà que, travaillant à genoux sur le plancher, les coudes sur le bois
toujours poussiéreux, je vois entre deux planches de vieux
chêne, pris dans la crasse qui occupe la fente, briller quelque
chose d’arrondi, un objet en cuivre rouge. J’ai un couteau sous la main,
je m’en occuperai tout à l’heure. Maintenant est l’heure
de vous dire que je travaille à genoux et les coudes sur le bois
pour de très bonnes raisons que je suis d’ailleurs le seul à connaître.
Au bout d’un certain temps, mes orteils s’ankylosant, je
culbute vers l’avant, pose ma tête sur les planches, gyre, m’élève
et accomplis un salut au soleil d’ailleurs absent, en cette nuit rue A. à
Liège, cette bonne ville. Serais-je tombé sur un
trésor ? Mais je suis ainsi fait que ma distraction dépasse
largement le fourmillement de ma pensée et que le fourmillement de ma
pensée contribue largement à ma distraction. Je parlais donc
d’un objet scintillant entre les lames en chêne du plancher, mais je
dois me lever pour faire le thé et cela m’emporte ailleurs, thé vert à
la menthe oblige. Suis-je l’obligé du thé vert à la
menthe ? Depuis quand suis-je l’obligé du thé vert à la menthe ?
Depuis 1977 au détroit de Gibraltar, Tanger. La théière en forme de
bulbe en acier inoxydable reflète le décor et le
personnage qui s’y meut en babouches. Théière et babouches viennent
de Marseille, et le morceau de cuivre, de la tuyauterie neuve.
C'est aussi tout le problème (à moins que ce ne soit l'avantage ?) de la lecture : plus on lit, plus il nous reste à lire...
Formidable.