"Ouvre ce bréviaire monseigneur, belle dame."
Elle est bien, vraiment, cette collection LaureLi des éditions Léo Scheer. C’est ma quatrième bonne pioche de lecteur avec le
dernier – pardon, le nouveau – roman de Céline Minard : Bastard Battle. C’est un drôle d’objet, ce Bastard Battle :
dans une langue truculente farcie de médiévismes
croustillants et parée de ci de là de quelques incongrus
anglicismes, Céline Minard – ou plutôt « Denisot-le-clerc, dit le Hachis
et Spencer Five » – nous narre l’épopée d’une petite
coalition de résistants bien typés, résistant aux violences et
perfidies de l’infâme Bastard Aligot de Bourbon, auquel ils ont repris
la ville de Chaumont, prise d’assaut par ce dernier. Bien
typés les personnages, et bien trempés les characters, pardon, les
caractères ; jugez plutôt : autour de Denisot-le-clerc, se sont
rassemblés le chevalier Enguerrand de Montorell, dit
« à la charrette » ; le maigre Billy ; le vieux samouraï Akira qui
vous sabre une puce sur la joue sans vous laisser d’égratignure ; Tartas
le fort ;
Dimanche-le-loup le faux-saulnier et parfait pipeur ; et la
« démone » Vipère-d’une-toise, anachronique maîtresse en l’art du
Kung-fu, douée de l’accent qui va avec. Vous comptez
bien : c’est bien une sorte de remake made in chez nous des Sept samouraïs – voire des Sept mercenaires
(Billy a même des piftolets !), que nous offre Céline Minard.
Les combats y sont fameux, tantôt joutes à l’ancienne, tantôt félins
et virevoltant quand menés par le petit paysan Brucelet, transcendé par
l’enseignement de Vipère-d’une-toise. On s’amuse
beaucoup, on s’étonne d’une telle invention ; c’est si endiablé d’un
bout à l’autre qu’on se surprend tout soudain, huitième samouraï, à
provoquer à haute voix le Bastard (heureusement que
maman n’entend pas) : « Avoûtre, vessard, tu chies dans tes
chausses ! Amène-toi qu’on en finisse ! Eh bastard ! Bastard tu es par
la fendance de ta mère mais vray
bastard, tu t’es fait toi-mesme ! »
Novembre 2008.
C’était la première fois que je lisais Céline Minard. Ce n’était pas la dernière.
Commentaires
Ventrebleu!
Commentaire n°1
posté par
Anonyme
le 17/04/2012 à 18h34
C'est le mot, en effet. (Un livre formidable, je trouve encore une
fois mon billet un peu faiblard pour bien en rendre compte.)
Réponse de
PhA
le 18/04/2012 à 10h55
Je viens de terminer Olimpia qui décoiffe... Splendide écriture qui donne envie "d'y aller".....
Commentaire n°2
posté par
Anonyme
le 28/04/2012 à 09h23
Céline Minard est un auteur merveilleux. Je le dis bêtement, mais je le pense.
Réponse de
PhA
le 28/04/2012 à 17h18