vendredi 27 mars 2020

Écrire et publier ou pas (29) (janvier 1996 à janvier 2006 – en attendant octobre 2015)


Si je n’avais pas noté ce qui suit dans mon vieux Carnet vert, j’aurais juré que tout ce que je vais recopier maintenant est beaucoup plus récent. Ce sont plusieurs notes, espacées dans le temps mais de moins en moins, et qui annoncent ce que peut-être j’ai fait de mieux (je préférerais dire : ce qui s’est fait de mieux par mon intermédiaire car c’est comme ça que je vis les choses).

Vendredi 12 janvier 1996
Pourquoi ne pas écrire une pièce de théâtre autour d’un personnage qui se croirait engagé comme précepteur dans une famille riche, mais que l’absence de l’enfant ou des enfants obligerait à assumer la fonction en principe temporaire de sous-intendant. Il pourrait y avoir, comme personnages, les parents, un fils presque adulte et apparemment amical, une fille qui lui ferait des avances qu’il repousserait ou feindrait de repousser par crainte – elle pourrait d’ailleurs être fiancée à un propriétaire du coin passionné pour la chasse –, un intendant, son chef, qui réclamerait le titre de gestionnaire, une servante en bas de l’échelle qu’il séduirait, d’autres domestiques, des invités à une partie de campagne ; le tout dans une atmosphère parfois assez proche du Château de Kafka.

Mardi 12 septembre 2006
Dans l’histoire du précepteur-intendant : ce qui compte pour lui, c’est la considération. Il aura, à un moment, le sentiment d’avoir été considéré, puis de ne plus l’être : d’être déconsidéré.

Mardi 9 janvier 2007
Dans un récit en point de vue interne (histoire du précepteur), celui-ci pourrait au préalable aller au cinéma, avant de se rendre là où l’attend son emploi. La fin du film serait muette. Un spectateur parlerait de remboursement mais on ne saurait pas s’il est sérieux ou non.
Plus tard, le précepteur doutera de l’existence des enfants.
Plus tard, il pourrait imaginer qu’ils sont morts, qu’ils ont été tués. On n’en saura jamais rien.

Mercredi 10 janvier 2007
Hier, puis à l’instant, jeté premières lignes d’un récit de ce genre. (De « Quand il sortit de la gare... » à « … Liev a pris un billet. »

Voilà, avec la dernière note même le nom du héros y est. Mais tout y était déjà presque, en tout cas la distribution des personnages, dès janvier 96 (alors que j’écrivais le début d’Une affaire de regard), pour un roman sur lequel je travaillerai jusqu’en 2015. Tout y est sauf l’essentiel, car l’essentiel n’est arrivé qu’au moment même où je l’écrivais vraiment, en direct. Mais c’est trop tôt pour en parler.
Le chapitre introductif avec le cinéma n’est plus dans le roman, il n’y servait à rien. Mais ça a été un bon lanceur. On peut encore le lire ici même, en un, deux, trois, quatre, cinq épisodes.
Et il n’est pas bien difficile a posteriori d’appliquer à l’auteur le commentaire du 12 septembre 2006, juste après la déception de la publication de Par temps clair.



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