Je ne sais plus quand j’ai proposé Chroniques imaginaires de la
mort vive au Seuil mais ça devait être avant la fin de l’année
2002. Ce dont je me souviens, c’est de l’air catastrophé de
Bertrand Visage. Eh bien quoi, c’est si mauvais ? Je ne dois
pas l’avoir demandé dans ces termes, mais au fond c’était ça.
Et sa réponse, je ne me la rappelle plus textuellement mais quand
même. Non, pas du tout (il y avait même des compliments, je ne sais
plus lesquels), mais on ne me reconnaissait pas. « Vous allez
perdre vos lecteurs. » De ça, je suis à peu près sûr. De
fait, j’ai perdu mes lecteurs ; le texte a été refusé dès
le premier comité de lecture, cette fois. Chroniques, c’est
quand même le seul de mes livres qui m’ait valu une double page
dans le Matricule des Anges, auquel je m’étais abonné depuis
quelque temps (merci Rémy si tu passes par là de me l’avoir fait
découvrir) après l’avoir d’abord acheté chez Carrefour (sic).
A la décharge du Seuil et de Bertrand Visage, c’était mon premier
grand écart, et il était assez spectaculaire (Lise Beninca le
souligne aussi dans le Matricule). Et surtout : je ne savais pas
encore moi-même à quel point c’était moi, ce grand écart. Je
n’avais pas fini de me découvrir. C’était difficile de dire ce
qui reliait en profondeur un roman réaliste et drolatique comme Une
affaire de regard avec un cauchemar atemporel comme Chroniques.
L’éditeur a besoin de dire la cohérence, il faut qu’il la voie.
Je n’avais pas su la montrer.
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