mardi 3 mars 2020

Écrire et publier ou pas (21) (fin 2002)


Je ne sais plus quand j’ai proposé Chroniques imaginaires de la mort vive au Seuil mais ça devait être avant la fin de l’année 2002. Ce dont je me souviens, c’est de l’air catastrophé de Bertrand Visage. Eh bien quoi, c’est si mauvais ? Je ne dois pas l’avoir demandé dans ces termes, mais au fond c’était ça. Et sa réponse, je ne me la rappelle plus textuellement mais quand même. Non, pas du tout (il y avait même des compliments, je ne sais plus lesquels), mais on ne me reconnaissait pas. « Vous allez perdre vos lecteurs. » De ça, je suis à peu près sûr. De fait, j’ai perdu mes lecteurs ; le texte a été refusé dès le premier comité de lecture, cette fois. Chroniques, c’est quand même le seul de mes livres qui m’ait valu une double page dans le Matricule des Anges, auquel je m’étais abonné depuis quelque temps (merci Rémy si tu passes par là de me l’avoir fait découvrir) après l’avoir d’abord acheté chez Carrefour (sic). A la décharge du Seuil et de Bertrand Visage, c’était mon premier grand écart, et il était assez spectaculaire (Lise Beninca le souligne aussi dans le Matricule). Et surtout : je ne savais pas encore moi-même à quel point c’était moi, ce grand écart. Je n’avais pas fini de me découvrir. C’était difficile de dire ce qui reliait en profondeur un roman réaliste et drolatique comme Une affaire de regard avec un cauchemar atemporel comme Chroniques. L’éditeur a besoin de dire la cohérence, il faut qu’il la voie. Je n’avais pas su la montrer.



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