lundi 7 décembre 2015

Liev avant Pas Liev



Tout ça ne nous empêchera pas de nous retrouver vendredi soir, si vous le voulez bien, oui, celui de cette semaine, à 19h30, à la librairie Charybde (c’est au 129 rue de Charenton, dans le XIIe, près de la Gare de Lyon), laquelle m’embauche comme libraire d’un soir. J’y parlerai donc de quelques livres qui me tiennent à cœur, ça sera une première partie, la seconde étant consacrée à Pas Liev. Vous avez lu ce paragraphe ? Considérez-vous comme personnellement et officiellement invité(e)(s).
Pas Liev, justement. Après ces prémices de 1996, autrement dit hier, rien. Jusqu’au mois d’avril 2010, où Liev fait ses premiers pas. Je dis bien Liev, il n’y a pas de « pas » qui tienne, à cette époque. Dans le passage ci-dessous, il s’agit bien de Liev, mais les lecteurs de Pas Liev vous le diront, il n’y a rien de tel dans Pas Liev. Ce n’est pas Pas Liev, c’est juste Liev. C’était en effet le titre provisoire de cet inédit :


Quand il est sorti de la gare, le soleil de nouveau brillait. Liev a posé sa valise pour regarder l’heure à sa montre, deux heures et demie approchaient ; il a marqué un temps, il était probable qu’une horloge orne le fronton de la gare. L’heure, sans doute, y serait la même. Liev ne s’est pas retourné.
De l’autre côté de la place il y avait des cafés, un hôtel, quelques boutiques, un cinéma. Il a pris sa valise et il a traversé. C’était une petite valise.
La circulation était plutôt rare.
Il y avait un western à l’affiche du cinéma. La prochaine séance était à quatre heures. Ça faisait déjà une demi-heure que le film était commencé. Liev est ressorti, il a fait quelques pas sur le trottoir ; un peu plus loin il y avait un café.
A travers la vitre on voyait bien à l’intérieur. Il n’y avait presque personne, il n’y avait que trois hommes assis sur des tabourets ; de là où il était, Liev ne pouvait voir que leur dos. Mais il pouvait voir qu’ils parlaient, à cause des gestes qu’ils faisaient avec leurs mains.
A un moment, l’un d’eux s’est retourné et a regardé Liev ; alors Liev a recommencé à marcher, dans la même direction, sa valise à la main, jusqu’à ce qu’il ne soit plus dans le champ de vision de l’homme au bar. Mais celui-là s’était déjà retourné et avait repris sa conversation.
Liev s’est arrêté de nouveau. Il s’est retourné, il est resté sur place un moment. Puis il a fait demi-tour, en direction du cinéma. En passant devant le café, il n’a pas regardé à l’intérieur et il a accéléré le pas.
Devant le cinéma, Liev s’est encore arrêté, un instant, et il s’est approché du guichet. Derrière le guichet il y avait une femme, un livre à la main, mais elle ne lisait pas, elle regardait Liev. Elle s’est mise à parler, elle a demandé à Liev s’il voulait un billet, Liev lui a répondu que le film était déjà commencé depuis une demi-heure, ça devait faire plus d’une demi-heure ; la fille, elle faisait peut-être plus que son âge, elle n’était pas très soignée, lui a dit que c’était un « cinéma permanent », comme si depuis son cockpit c’était elle qui était au spectacle, un perpétuel défilé, et qu’il pouvait très bien prendre un billet maintenant et entrer, comme ça il verrait la fin du film avant le début. Liev a pris un billet.




(A suivre, quoi)



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