Tout ça ne nous empêchera pas de
nous retrouver vendredi soir, si vous le voulez bien, oui, celui de cette
semaine, à 19h30, à la librairie Charybde (c’est au 129 rue de Charenton, dans
le XIIe, près de la Gare de Lyon), laquelle m’embauche comme libraire d’un
soir. J’y parlerai donc de quelques livres qui me tiennent à cœur, ça sera une
première partie, la seconde étant consacrée à Pas Liev. Vous avez lu ce
paragraphe ? Considérez-vous comme personnellement et officiellement
invité(e)(s).
Pas Liev, justement. Après
ces prémices de 1996, autrement dit hier, rien. Jusqu’au mois d’avril 2010, où
Liev fait ses premiers pas. Je dis bien Liev, il n’y a pas de « pas »
qui tienne, à cette époque. Dans le passage ci-dessous, il s’agit bien de Liev,
mais les lecteurs de Pas Liev vous le diront, il n’y a rien de tel dans Pas
Liev. Ce n’est pas Pas Liev, c’est juste Liev. C’était en
effet le titre provisoire de cet inédit :
Quand il est sorti de la gare, le
soleil de nouveau brillait. Liev a posé sa valise pour regarder l’heure à sa
montre, deux heures et demie approchaient ; il a marqué un temps, il était
probable qu’une horloge orne le fronton de la gare. L’heure, sans doute, y
serait la même. Liev ne s’est pas retourné.
De l’autre côté de la place il y
avait des cafés, un hôtel, quelques boutiques, un cinéma. Il a pris sa valise
et il a traversé. C’était une petite valise.
La circulation était plutôt rare.
Il y avait un western à l’affiche
du cinéma. La prochaine séance était à quatre heures. Ça faisait déjà une demi-heure
que le film était commencé. Liev est ressorti, il a fait quelques pas sur le
trottoir ; un peu plus loin il y avait un café.
A travers la vitre on voyait bien
à l’intérieur. Il n’y avait presque personne, il n’y avait que trois hommes
assis sur des tabourets ; de là où il était, Liev ne pouvait voir que leur
dos. Mais il pouvait voir qu’ils parlaient, à cause des gestes qu’ils faisaient
avec leurs mains.
A un moment, l’un d’eux s’est
retourné et a regardé Liev ; alors Liev a recommencé à marcher, dans la
même direction, sa valise à la main, jusqu’à ce qu’il ne soit plus dans le
champ de vision de l’homme au bar. Mais celui-là s’était déjà retourné et avait
repris sa conversation.
Liev s’est arrêté de nouveau. Il
s’est retourné, il est resté sur place un moment. Puis il a fait demi-tour, en
direction du cinéma. En passant devant le café, il n’a pas regardé à
l’intérieur et il a accéléré le pas.
Devant le cinéma, Liev s’est
encore arrêté, un instant, et il s’est approché du guichet. Derrière le guichet
il y avait une femme, un livre à la main, mais elle ne lisait pas, elle
regardait Liev. Elle s’est mise à parler, elle a demandé à Liev s’il voulait un
billet, Liev lui a répondu que le film était déjà commencé depuis une
demi-heure, ça devait faire plus d’une demi-heure ; la fille, elle faisait
peut-être plus que son âge, elle n’était pas très soignée, lui a dit que
c’était un « cinéma permanent », comme si depuis son cockpit c’était
elle qui était au spectacle, un perpétuel défilé, et qu’il pouvait très bien
prendre un billet maintenant et entrer, comme ça il verrait la fin du film
avant le début. Liev a pris un billet.
(A suivre, quoi)
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