– Je n’avais évidemment aucune attente en
commençant à écrire. J’ai longtemps considéré qu’être publié aux éditions de
Minuit était un honneur et un bonheur suffisants et même inespérés. Mais l’insatisfaction
est une caractéristique de l’écrivain. Si le monde était à sa convenance, il n’écrirait
pas. Cette insatisfaction touche donc aussi sa propre condition, quelle qu’elle
soit. La gloire suprême serait de voir les 7 milliards d’humains qui peuplent
cette Terre suspendre tous ensemble leurs activités pour ouvrir un livre de l’auteur
et s’absorber dans sa lecture avec un fin sourire et un léger hochement de tête.
Tant que je n’assisterai pas à une telle chose, j’aurai au cœur un peu d’amertume.
Puis quand elle se produira, dans quelques années (ma patience sera récompensée :
nous serons alors 10 milliards !)… je mourrai sur-le-champ d’angoisse et
de terreur.
(On aura bien sûr reconnu Eric
Chevillard ; quant à l’intervieweur qui lui pose notamment cette bonne
blague de question, ce n’est autre que Pierre Jourde, tout cela dans le n° 1026 de
la revue Europe, autrement dit celui d’octobre 2014, qu’on a eu la délicate
attention de me prêter.)
Sacré Chevillard, il est épatant.
RépondreSupprimerEntre nous : je trouve aussi.
SupprimerEric Chevillard est génial, c'est un fait indiscutable, mais Pierre Jourde n'est pas mal non plus, avouons-le. Et vous-même ?... eh bien je n'avais pas le plaisir de vous connaître et vous découvre avec "Pas Liev"... oh la la! grandiose ! lu d'une traite (4 heures quand même!) à voix haute, en marchant, au parc de la tête d'or, à Lyon... Merci ! J'en reste sans (plus de) voix !
RépondreSupprimerA voix haute ? Formidable ! De nombreux passages ont été écrits quasi à haute voix, alors vous pensez si votre commentaire me fait plaisir ! (Et je suis bien d'accord à propos de Jourde aussi.)
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