Cette
carte-ci est particulièrement bien lisible. L’encre n’a pas été diluée par
mesure d’économie, l’écriture est un peu plus large et recouvre toute la
surface d’une façon étonnamment régulière. La carte, ce territoire de 14 cm sur
9, Edmond l’a tant et tant arpentée qu’il peut à l’avance définir avec
précision la taille de son écriture en fonction de ce qu’il aura à dire.
Mais
pourquoi cet intervalle plus long entre les cartes ?
Bütow, le 5 août 1918. Mes bien
chers Parents
J’ai été favorisé hier dimanche par un assez grand courrier. J’ai reçu
la bonne lettre de Maman du 14 juillet et les cartes de Papa des 12, 20-22-23.
Je n’ai pas reçu de colis mais il n’y a pas de mal puisqu’il y a eu une
interruption de 8 jours. Que maman ne se fasse pas de mauvais sang pour mon
linge. Je vais continuer à le raccommoder et cela m’est bien égal pour
l’instant de porter des chemises rapiécées. Que maman conserve ses chemises
neuves pour quand je serai en Suisse. La
Suisse est donc devenue une certitude. J’ai été bien heureux
d’apprendre que Marie-Louise était rentrée avec ses enfants. J’ai rencontré une fois déjà ce prénom.
C’était il y a deux ans, le 12 août 1916 – et il y a bien deux ans aussi dans
le temps présent de la recopie de ces cartes. Marie-Louise avait reçu la visite
de la Tante Maria. Si je m’en souviens si bien, c’est parce qu’Edmond et la
femme qu’il ne connaît pas encore donneront ce prénom à leur premier enfant –
ma tante. Un prénom courant dans cette génération. Mais je croyais
qu’elle en avait trois. Est-ce que le garçon n’aurait pu suivre sa mère ?
J’ai appris avec peine la mort du fils Wachet (si
je lis bien). Sa mère dont je me rappelle bien, doit être bien
triste._ Le temps est encore assez beau, demain je fais encore un match de
football. Que Maman se tranquillise, je n’ai pas encore reçu de mauvais coup. Parfois, quand même, c’est drôle.
Je vous quitte mes bien chers Parents en vs embrassant tous bien fort. Votre
fils qui vs aime de tt s cœur. EAnnocque
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