Le 23 octobre 1917. Mes chers parents. Cette carte aussi est écrite à l’encre. Ça
m’en facilite considérablement la lecture.
La correspondance continue à ne
pas être régulière. Je n’ai rien reçu ces cinq jours-ci que la lettre de Papa
du 1er et ses cartes des 3 et 4 plus une de Louis Mangot. Louis Mangot, c’est le nom de son cousin
germain. Edmond précise sans doute le nom de famille pour éviter la confusion
avec son frère. Je ne sais rien sur Louis Mangot. Comme colis c’est
encore pire. La semaine dernière il n’y a pas eu d’arrivage ; j’ai reçu
seulement ce matin le colis n°14. Les pommes étaient en bon état. La lettre du
petit Louis est très gentille, quoique ne me paraissant peut-être pas aussi
triste que l’on pourrait s’y attendre, mais il est encore très jeune, je
crois ; quel âge ont-ils donc tous les deux, je ne m’en rappelle plus. Le « petit Louis » est
certainement Louis Mangot, dont le père Hector, le frère de mon
arrière-grand-mère, vient de mourir, le 21 septembre, à l’âge de quarante-trois
ans, je ne sais pas comment – je sais juste qu’il était lui aussi officier. Il
est possible aussi que ce jeune Louis ne veuille pas par sa lettre attrister
son cousin prisonnier. Edmond est bien jeune aussi. Pour les
manteaux, je ne sais ce qu’on répondra, mais d’après ce que je me rappelle, il
ne doit pas y en avoir avec pèlerine. Je demandais un manteau simplement parce
que c’est plus ample qu’une capote et qu’on peut le faire rectifier comme on
veut. Je me doute bien que vous devez avoir du mal à vous procurer des boîtes
pour mes colis. Si seulement je pouvais vous les renvoyer ! Je me rends
bien compte du travail que vous devez avoir pour le déménagement ; je vous
plains et regrette de n’être pas avec vous pour vous aider. Dimanche, 20
nouveaux officiers sont arrivés ici. Parmi eux il y en a trois qui nous avaient
quittés il y a 4 mois ; il y a aussi un colonel. Ils viennent d’un camp de
représailles où ils ont été assez malheureux. J’espère que l’indisposition de
Louis n’est pas grave et qu’il sera bientôt remis. Mais oui. L’automne paraît vouloir être assez beau.
Jusqu’à présent nous avons beau temps, quand il pleut, cela a lieu la nuit et
dans la journée il n’y paraît pas. Je vous quitte mes bien chers parents en vs
embrassant bien fort tous les 2 ainsi que Geneviève Louis et tte la famille.
Votre fils qui vous aime. EAnn
"camp de représailles" : brrrr! Comme si votre jeune grand-père, lui, n'était pas malheureux....
RépondreSupprimerSon propre malheur était sans doute trop près pour qu'il le voie bien nettement.
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