Le 23 juin 1917. Mes chers parents.
L’espace entre l’en-tête et la première ligne est inhabituellement plus large que les interlignes qui
suivent.
Pendant
quelques jours nous avons eu ici de très fortes chaleurs, c’était
presque insupportable on ne pouvait rien
faire sans être tout de suite en sueur. Il y avait près de 40° au
soleil. Mais hier nous avons eu un peu de pluie et aujourd’hui le temps
est un peu rafraîchi. C’est assez heureux pour nous.
Surtout que j’avais tout le temps soif et que je buvais beaucoup, ce
qui ne pouvait que faire du mal à mon estomac. Je
crois que
c’est la première fois qu’il parle de son estomac. C’est vrai qu’il y
a une partie des cartes qui ont été mélangées et que j’ai laissé ce
désordre. Je crois aussi que c’est ce quelque chose à
l’estomac qui l’a tué, onze ans plus tard. Quelque chose qu’il
aurait contracté durant sa captivité. Comme courrier j’ai reçu les
cartes de papa des 2-4-5-6-7-8 ainsi qu’une carte de Thérèse Déqueuse (si je lis bien) de
Suisse. Comme colis, j’ai reçu les colis gare n° 15-16-18. Tout était
en bon état sauf le beurre qui avait fondu et qui était diminué d’une
assez forte
quantité. Il faudrait le mettre en boîtes comme celles de viande de
cette façon il ne fonderait (sic) pas et n’abîmerait pas le
reste du colis. Je n’ai rien reçu de Lucie depuis un mois
et ne savais qu’elle avait fait ce voyage et changé de situation. Ma
sœur est bien gentille de me confectionner des douceurs et je l’en
remercie mais je croyais qu’elle devait m’écrire une longue
lettre, je ne vois rien venir. J’ai oublié dans ma dernière carte de
vous demander une ceinture en cuir ou en caoutchouc pas très haute pour
mettre pour jouer au tennis à la place des bretelles.
Je vous rappelle qu’il serait temps si vous ne l’avez pas fait de
m’envoyer du savon, pâte dentifrice, et lacets. J’espère que (mot
raturé) ma dernière carte vous sera bien arrivée et que vous aurez tout pigé. C’est
vrai qu’il ne parle pas de son camarade Gauduchon. Un espace après cet
inhabituel « pigé », concession à l’âge ; la formule finale
fait une nouvelle fois l’objet d’un paragraphe séparé.
Je vous quitte mes chers parents en vous embrassant bien fort tous les deux ainsi que Geneviève et Louis et toute la famille.
Votre fils qui vous aime. EA
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