Le 16 août 1916
Mon cher Papa
Le 13 et le 14 ont été une bonne journée pour moi. Le 13 j’ai reçu tes 2 cartes des 3 et 5 et la lettre de maman du 2. Le 14 la
lettre de papa du 4 et une lettre de ma Tante du 6 et une de Lucie du 25. Com
Je te charge donc de leur répondre à toutes deux et de les remercier.
Comme colis j’ai reçu les n°s 26 et 28.
Ma Tante m’annonce un colis de gâteaux. Le 14 je vous ai envoyé une
photographie : c’est la 1ère celle où je ne suis pas très bien. J’en ai
une autre que je vous enverrai dans quelques
jours.
Il y a l’équivalent de trois lignes gribouillées au crayon de couleur violet, on dirait presque du feutre. Sous le
gribouillage il n’y a rien à lire, pas une lettre.
Je n’ai pas oublié que c’était le 15 août hier et j’ai communié. J’ai bien reçu les cartes à jouer. Nous n’avons pas non plus de
nouvelles précises de Robert, on sait seulement qu’il était grièvement blessé à la jambe. Certains disent qu’ils l’avoir vu mort, mais aucune certitude. Je suis suffisamment monté en
chemises caleçons mais 1 flanelle de plus, quelques mouchoirs serviettes et 1 main de rechange seraient nécessaires. (Une main ?) Comme
chaussettes comme c’est assez difficile
de les raccommoder, envoies-en de temps en temps je mettrai les
trouées de côté. Nous pouvons recevoir toutes sortes de photos du moment
qu’elles ne représentent que des personnages. Envoyez-moi
aussi du café en grains et un filtre unitasse pour varier de temps
en temps avec le chocolat (deux mots que je ne
parviens pas à lire. Du sucre ?) SVP.
Ma tante et Lucie demandent mes occupations réponds. Je te quitte mon
cher
Papa en t’embrassant bien fort et de tout mon cœur ainsi que ma
chère maman et toute la famille. Ton fils qui t’aime bien. EA
J’ai communié j’ai reçu les cartes à jouer et Robert est peut-être mort. L’enfermement est aussi le petit rectangle de carton
identique à tous les autres où les mots se collent les uns aux autres. Promiscuité jusque dans l’écriture, qui s’en ressent.
Je ne sais pas non plus qui est Robert. Mon père avait bien un cousin qui s’appelait Robert mais il n’a pas été blessé
à la jambe pendant la guerre suivante. Rien à voir.
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