mardi 6 mars 2012

John Carter, Edgar Rice Burroughs, mon père et moi.


John Carter, c’est un film qui va sortir demain : le 7 mars 2012. J’irai peut-être le voir, non sans appréhension.
John Carter, c’est d’abord le héros d’une série de romans de science-fiction d’Edgar Rice Burroughs presque contemporain de son grand frère Tarzan, parus en revue dès 1912.
John Carter 001De cette série, j’ai lu trois livres : ils s’intitulaient Le Conquérant de la Planète Mars (vous avez l’exemplaire sous les yeux), La Princesse de Mars et Echecs sur Mars (les héros de ces deux derniers étaient d’ailleurs les enfants de John Carter et de son épouse martienne (ou plutôt : de Barsoum), Dejah Thoris : Tara et Carthoris d’Helium – j’orthographie de mémoire. De mémoire car je n’ai pas relu ces livres depuis bien longtemps. Et pourtant je m’en souviens, notamment du premier. Peut-être les ai-je relus plusieurs fois à l’époque, j’étais coutumier de cette pratique. Entre dix et quinze ans, sans doute. Avec à l’esprit la conscience, à tort ou à raison, que ce n’était pas une lecture bien sérieuse – et au corps une sorte de plaisir presque érotique tant, par la force de l’imagination (la mienne ou celle de l’auteur), j’y étais. Sans davantage de raison que l’arrivée de John Carter sur Mars : tout simplement transporté. C’est dans ce transport même, sans doute, ce transport inexplicable sans rien d’autre que soi-même, que prenait corps ce qu’à distance je vois aujourd’hui comme une forme d’érotisme.
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Ce livre, quand je l’ai lu il y a quelque trente-cinq ans, était déjà à peu près tel que vous le voyez. C’est un autre adolescent qui l’a acheté, y a inscrit au crayon notre commun patronyme, et l’année de son achat. Le calcul est rapide : il avait quinze ans. Quinze ans et besoin d’aventures – cette même année où, après avoir échappé au tir d’un avion allemand dans la cour de la ferme de son oncle, il arrivait en vélo à Amiens juste après le bombardement : la gare détruite, le cinéma en flammes, des chevaux éventrés et du sang qui coulait dans le caniveau, ma grand-mère et ma tante saines et sauves dans la cave de la maison à moitié détruite. Sain et sauf lui aussi toujours, et ce désir d’une aventure loin de ce monde, dont nous parlions encore l’autre jour, quand je lui ai réemprunté ce livre.
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Commentaires

... au fond, c'est cela la belle promesse de tout transport : cette fuite perpétuée.
Commentaire n°1 posté par Gilbert Pinna le 06/03/2012 à 08h48
Et on va essayer de la perpétuer encore.
Réponse de PhA le 07/03/2012 à 15h19
On a tous,dans la mémoire, quelques livres qui ont enchanté notre enfance, ou notre adolescence, même s'il s'y passait des choses aussi incroyables que dans nos livres.
Commentaire n°2 posté par Lza le 06/03/2012 à 09h32
En effet, celui-là et quelques autres.
Réponse de PhA le 07/03/2012 à 15h05
La science fiction est un genre dont on tient les filles éloignées, hélas. Peut-être les pères les supposaient-ils hermétiques aux sciences ; ce n'est pas faux en ce qui me concerne, mais je vois bien que j'ai manqué quelque chose tant est grand le plaisir des hommes à revenir sur leurs lectures adolescentes ! J'ai tout de même, adulte -ou supposée telle, lu un ou deux Azimov mais je lui préfère la littérature fantastique de Poe, Hoffmann, Lewis, Gautier, Balzac, Huysmans ou Jean Ray : le plaisir est le même, je pense.
Commentaire n°3 posté par Françoise le 06/03/2012 à 09h39
Je crois que de voir ma grande soeur lire les livres de la bibliothèque de SF de mon père m'a incité à m'y plonger très tôt (dès sept ou huit ans, peut-être bien).
Je ne crois que pas que le plaisir de la littérature fantastique soit le même, je crois que c'est un plaisir bien différent - que je goûte aussi.
(Cela dit, John Carter, c'est autant de l'heroic fantasy avant la lettre que de la science fiction - et les sciences y ont bien peu de place.)
Réponse de PhA le 07/03/2012 à 15h12
Transport? Extase? ... Quelque chose d'érotique, oui. (Ces lectures qui vous font sortir de soi.)
Commentaire n°4 posté par Depluloin le 06/03/2012 à 11h17
Toute littérature est cochonne, j'en suis convaincu.
Réponse de PhA le 07/03/2012 à 15h14
Moi, c'est le nom du père que je retiens : conquérant de la planète Terre.
Commentaire n°5 posté par espace-holbein le 06/03/2012 à 22h33
C'est vrai que c'est signé comme une mention lu et approuvé.
Réponse de PhA le 07/03/2012 à 15h15
Et n'oublions pas Tolkien, Bradbury, Lovecraft...
Commentaire n°6 posté par Lza le 07/03/2012 à 09h51
Beau flash-back (à la Flash Gordon ?) grâce à ce livre retrouvé, à la typo comme manuscrite - venue d'ailleurs - et aux souvenirs quasi charnels : la littérature se moque des ans, quelle folle délogée !
Commentaire n°7 posté par Dominique Hasselmann le 07/03/2012 à 10h20
Autre lecture paternelle, dans un esprit voisin. Une génération plus tard on l'appelait Guy Léclair (ou l'éclair ?)...
Réponse de PhA le 07/03/2012 à 15h18
Antonin disait que c'était de la cochonnerie mais je le soupçonne d'être poète.
Commentaire n°8 posté par Depluloin le 07/03/2012 à 15h36
Cet individu est suspect en effet.
Réponse de PhA le 07/03/2012 à 18h34
@ Philippe : non, non, il apostrophait bien.
Commentaire n°9 posté par Dominique Hasselmann le 07/03/2012 à 17h25
Mais oui ! (merci)
Réponse de PhA le 07/03/2012 à 18h35

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