Dans le prolongement de ce que je disais hier, quelques mots encore :
Avoir sous le bras son manuscrit et peiner à trouver son éditeur, c’est peut-être une chance.
C’est une chance qui m’a d’abord été refusée, remplacée par une autre : de voir mon texte accepté du premier coup par une
grande maison. (Une chance qui ne m’a que médiocrement profité.)
Mais
j’ai eu droit à une seconde chance : peiner à trouver un éditeur pour
une deuxième livre. Plusieurs années, tant je
m’y prenais mal. M’y prendre mal était un moyen de prolonger cette
seconde chance. Cette chance, c’était d’avoir une raison de fouiller
vraiment le paysage éditorial contemporain, de voir ce qui
se publiait ailleurs, ce qui s’écrivait vraiment. De retrouver la
possibilité de lire – car pendant environ huit ans la lecture de
littérature m’était devenue impossible (une forme de
dépression spécialisée, sans doute). Donc oui : heureux celui qui peine à trouver un éditeur – et qui pourtant ne connaît pas son bonheur.
J'ignore si Egolf (qui finira aussi par se suicider) et Toole ont pu saisir cette chance d'aller fouiller dans les catalogues des éditeurs. On est là dans un contexte américain, une fois de plus. Vous avez évoqué le cas de Faulkner et vous aviez probablement raison.
Oui, le contexte américain est sans doute différent - mais il n'y pas de raison de penser que les icebergs n'y aient pas aussi l'essentiel de leur masse immergé.