Au
Salon du Livre, souvent, il y a des gens qui cherchent des éditeurs.
Certains cherchent des éditeurs qui existent, d’autres
des éditeurs qui n’existent pas. Les premiers les recherchent parce
qu’ils connaissent leur catalogue, qu’ils apprécient leur travail, et
qu’un salon c’est la chance d’avoir des conseils de
lecture de première main. D’autres recherchent des éditeurs qui
n’existent pas, dont ils ne connaissent pas le catalogue, dont l’idée ne
leur vient pas à l'esprit qu’ils pourraient ouvrir un des
livres présentés avant d’essayer de leur proposer leur manuscrit. Il
y a là comme un malentendu : ils recherchent des éditeurs qui
n’existent pas et ne rencontrent que des éditeurs qui
existent. Des gens qui ne lisent pas et qui voudraient être lus. Des
gens qui vivent une vie de rêve.
Naturellement, on peut passer par la critique littéraire. Je ne suis pas certaine que son apport ait la même profondeur. Vous écrivez dans une de vos réponses : "...parce que Faulkner, comme ça, brut de toute explication préalable, eh bien on trouverait que c'est trop difficile." Pour ma part, je n'ai pas eu d'explication préalable. C'est en lisant beaucoup et par comparaison que je suis tombée dans Faulkner. Certes, ma méthode prend beaucoup de temps et, comme vous dites, on ne peut pas tout lire.
Mais j'ai écouté aussi votre leçon : j'ai commandé "Une affaire de regard" (d'occasion, par Amazon, de mon trou de province). Justement, le "regard" m'intéresse tout particulièrement. Et j'ai tellement de lacunes à combler.
Bien sûr, Faulkner peut être immédiatement lisible. Mais allez présenter l'équivalent aujourd'hui aux éditeurs les plus solides, les plus à même de prendre des risques - c'est-à-dire les plus gros, les plus riches -, il y a de fortes chances pour le texte soit catalogué comme "trop exigeant" ; surtout pour les collections principales.
Et merci pour votre regard ! (J'aurais bien des choses à dire encore, à propos de ce texte - catalogué comme le plus accessible que j'aie commis - et de ce que je viens d'écrire ci-dessus ; mais ce serait un peu long.)
(Alors, et ce retour ? ça se prépare ?)