lundi 5 septembre 2011

condition de l’écrivain


Ainsi, on pressent déjà que Johnson va se heurter de plein fouet, pas tant à l’establishment littéraire (qui, tout au long de sa carrière, lui témoigna au moins un certain respect, quoique réticent), qu’à la branche commerciale du monde de l’édition. Cela aurait pu n’avoir aucune importance s’il s’était contenté (comme Samuel Beckett, par exemple) d’accepter que ses ouvrages soient publiés par de petites maisons d’édition indépendantes, sans se préoccuper des chiffres de vente, mais sa détermination à ne jamais transiger sur sa vision artistique allait de pair avec sa conviction que son travail méritait également de toucher un large public, et si tel n’était pas le cas, c’était entièrement dû à l’incompétence de ses éditeurs. Rétrospectivement, il semble évident qu’il allait être difficile de concilier ces deux exigences.
 
Jonathan Coe, B.S. Johnson, Histoire d’un éléphant fougueux, Quidam éditeur, 2010, p. 156.
 
Ça se lit comme un roman, dit-on parfois de certaines bonnes biographies. C’est pour ça que – un instant, je déglutis – c’est pour ça que j’ai du mal à ne pas m’identifier au personnage ? (Vous avez raison : je suis plus mince que Johnson – mais moins que Beckett.)
 

Commentaires

Enfin, Minuit n'est pas une petite maison !
Commentaire n°1 posté par Dominique Boudou le 05/09/2011 à 09h29
Aujourd'hui, bien sûr ; mais quand les premiers romans de Beckett sont arrivés dans les mains de Jérôme Lindon, c'était une petite maison. A cet égard l'histoire de Minuit est emblématique, et je ne crois pas du tout qu'elle puisse se reproduire aujourd'hui (qu'une petite maison indépendante puisse devenir un grand éditeur en se consacrant à la littérature de qualité). (Et bien sûr Coe ne pense pas seulement à Minuit mais aussi aux premiers éditeurs anglais de Beckett.)
Réponse de PhA le 05/09/2011 à 13h47
Tu as raison, j'ai oublié de resituer Minuit dans son contexte des années50. Bonne rentrée scolaire.
Commentaire n°2 posté par Dominique Boudou le 05/09/2011 à 13h53
Je suis bien sûr très mal placé pour le dire, mais je le dis quand même : Quidam mériterait un sort comparable à celui de Minuit. Tiens, le premier roman de ton voisin Decourchelle, par exemple ; une authentique merveille, il fallait le dénicher. Mais l'aventure de Minuit était déjà très improbable à l'époque, et aujourd'hui c'est cuit (d'ailleurs je me demande si Lindon lui-même ne l'a pas dit, ça). Bonne rentrée quand même !
Réponse de PhA le 05/09/2011 à 14h25

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