vendredi 26 décembre 2008

solde de tout compte



Quel homme étrange vous êtes ! N’est-ce pas ? Vous êtes vraiment étrange. Depuis que vous êtes entré dans cette maison nous n’avons eu que des ennuis. Honnêtement. Je ne peux rien prendre de ce que vous dites pour argent comptant. Chacune de vos paroles se prête à toutes sortes d’interpréta­tions différentes. Vous ne dites pratiquement que des mensonges. Vous êtes violent, vous êtes chan­geant, vous êtes complètement imprévisible. Vous n’êtes rien d’autre qu’une bête sauvage, tout bien réfléchi. Vous êtes un barbare. Et pour couronner le tout, vous puez depuis le trou du cul jusqu’à l’heure du dîner. Regardez-moi ça. Vous arrivez ici en vous recommandant vous-même comme déco­rateur d’intérieurs, sur quoi je vous embauche, et qu’est-ce qui arrive ? Vous faites un long discours sur toutes les références que vous avez à Sidcup, et qu’est-ce qui arrive ? Je ne vous ai pas vu prendre la route de Sidcup pour aller les chercher. Tout cela est des plus regrettable mais il semble bien que je sois contraint de me priver de vos services de gar­dien. Voici un demi-dollar, pour solde de tout compte.






Harold Pinter, Le Gardien, Acte III.

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