Le 11 septembre 1917. Mes chers
parents.
Nous sommes maintenant
sauvés : j’ai reçu quelques colis qui sont les bienvenus. Sauvés. Ces sont les numéros
17-18-19-20-25. Ils étaient tous en bon état et bien composés. Il était temps
car depuis près d’un mois ½ mon associé n’a rien reçu ; on n’a
pourtant arrêté (« pas »
manque) l’expédition de ses colis, on n’y comprend rien. Pourquoi Edmond écrit-il « mon
associé » au lieu de Daussy ? Je suis bien content que
vous ayez enfin reçu de mes nouvelles et la photo vous ait fait plaisir (« que » manque). Dans
la carte du 26 qui est sans doute perdue, je vous demandais de forcer un peu
les colis pour reconstituer les réserves pour ne plus être à court une autre
fois. Je n’ai pas de carte du 26.
J’en ai une du 27, que j’ai eu du mal à déchiffrer, dans laquelle Edmond se
félicite d’avoir demandé dans sa carte précédente de quoi remonter ses
réserves. Mais il dit « ma carte précédente », il ne dit pas
« ma carte d’hier ». Il faudrait surtout de la graisse,
des pommes de terre, des légumes secs, des nouilles, du chocolat, du café. Je
vous cite ces denrées parce que ce sont celles dont nous avons été le plus à
court et aussi parce qu’elles peuvent se conserver assez longtemps. Je vous
demandais aussi dans cette carte du savon pour mon élève qui ne peut pas s’en
procurer chez lui. Mais si :
j’ai cette carte du 26. Ce n’est pas la carte du 26 août comme je le croyais –
le courrier n’est pas si rapide –, c’est la carte du 26 juillet 1917. Le savon,
c’est pour revendre au Russe, qui en a demandé à Edmond. Et Edmond y réclamait
bien les mêmes denrées. Donc ses parents ont reçu cette carte. Mais peut-être –
sûrement – avec beaucoup de retard. En passant, sur la photo du
football, c’est celui qui se trouve debout à l’extrême droite (pour celui qui
regarde). Si ça se trouve, cette
photo de mon grand-père en footballeur prisonnier existe encore quelque part.
Je ne sais pas. J’ai reçu un courrier assez grand. Ce sont les
cartes de Papa des 21-23-24-25, la lettre de Maman du 26 une gentille lettre de
ma sœur avec un mot de Madeleine. Dites-leur que je les remercie toutes les
deux et que je les embrasse bien fort. _ Maman a bien fait de mettre des
carottes, elles sont arrivées en bon état. Je vous quitte mes chers parents en
vous embrassant bien fort tous les deux ainsi que toute la famille. Votre fils
qui vous aime de tout son cœur. EA
Je ne m'attendais pas, dans ces conditions de restrictions alimentaires et d'affaiblissement probable, à "voir" ce prisonnier en footballeur. Il s'agit sans doute de se maintenir "en forme" et de se distraire envers et contre tout...
RépondreSupprimerOui, il y a même une carte où il raconte avoir joué au tennis !
Supprimer