Les éditions Helium inaugurent
une nouvelle constellation, puisque tel est le nom, joli synonyme, de
cette collection, qui propose la rencontre d’un écrivain avec un film, une
musique, une photographie, un lieu. Didier da Silva notamment l’inaugure, en
belle compagnie puisqu’aux côtés d’Arno Bertina et d’Alban Lefranc.
L’objet de sa rencontre est
familier, car, on l’aura deviné, Louange et épuisement d’Un jour sans fin
loue en effet et sans louvoyer sinon sans fin Un jour sans fin ;
mais oui, ce film, c’était avec Bill Murray et Andie McDowell, je m’en souviens
très bien, de Harold Ramis, là en revanche je n’aurais su le dire – et même cet
oubli est le signe d’un grand succès populaire (un autre signe en étant la voix
de Ned Ryerson, l’épouvantable copain de lycée assureur, régulièrement imitée,
et plutôt bien d’ailleurs, par l’un ou l’autre de mes deux fistons à mon arrivée
– car oui, il m’arrive souvent qu’on m’appelle Phil Connors.)
Ça commence par des nuages,
quoi ? le film ou le livre ? eh bien les deux, si j’en crois Didier
da qui connaît le film mieux que moi ; en tout cas son livre, oui,
commence avec « des nuages, des pans de ciel accélérés, cumulus blancs sur
fond d’azur changeant de forme à fond de train », et tout de suite,
connaissant mon Didier da presque sur le bout des doigts, je reconnais le
spécialiste du récit atmosphérique, rappelez-vous l’Automne zéro neuf,
et je me dis que voilà, dès l’incipit c’est déjà la rencontre promise : le
livre va parler d’Un jour sans fin, bien sûr, un film, mais d’un
écrivain aussi, ou d’une écriture, celle de Didier da Silva.
Car Un jour sans fin, mais
oui, maintenant qu’on m’y fait penser, c’est aussi un film sur le temps qu’il
fait, sur le temps qu’il fera, suspendu (le temps) comme nous à l’oracle d’un
rongeur sciuromorphe précisément identifié, Marmota monax, rendons grâce
à l’auteur de ce souci dans la précision ; autrement dit c’est une
marmotte, mais américaine, comme la comédie dont elle est la vedette. Suspendu
aussi le temps, vous avez raison, puisque c’est là le ressort du film :
celui du temps qui passe est cassé, demain est toujours aujourd’hui, I got you
babe, Okay campers rise and shine !
Je ne vais pas vous raconter le
film, je ne vais pas non plus vous réécrire le livre, il l’est déjà très bien.
Je dirai juste encore ce que l’auteur ne dit pas, ou ne dit qu’entre les
lignes, c’est que tout le réseau que tisse Phil, bien obligé, entre les
habitants de Punxsutawney, Didier da Silva le propage au-delà du film, dont les
auteurs et comédiens, Bill Murray en tête, deviennent personnages à leur tour
d’une plus vaste histoire et que c’est alors que l’on comprend, mais oui, c’est
évident : Louange et épuisement d’Un jour sans fin est aussi une
note, un addenda, une cerise sur l’Ironie du sort, le précédent livre du
même auteur.
Louange et épuisement d’Un
jour sans fin paraît aujourd’hui aux éditions Helium.
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