J'avoue que je n'en sais rien. Le bonhomme pourtant mérite l'attention, qui se fend sur le site de Libération d'un article intitulé le premier jour de sixième et où je peux lire :
"A partir de maintenant il n’a plus de classe, donc plus de bureau, il est invité à transporter le contenu de ses tiroirs jusqu’à la scoliose. En guise de maître ou de maîtresse, on lui attribue une dizaine de professeurs nerveusement détruits. Parmi eux, un tiers aime les élèves dans la désolation, un tiers s’en fout, un tiers les déteste ouvertement. Aucun d’entre eux n’a reçu la moindre formation à l’art d’enseigner."
"On étudie Eugénie Grandet en quatrième. L’élève de treize ans le mieux disposé du monde retiendra de l’œuvre «descriptions trop chiantes, histoire trop pourrie», et si Balzac ne l’a pas écœuré à jamais des lettres, Racine s’en chargera l’année prochaine avec Athalie."
"Les programmes d’Histoire sont dispensés par tranches de dates et de définitions sans lien entre elles : encorbellement, assignats, génocide, 5 mai 1789, 23 août 1572, 18 brumaire an VIII, à savoir par cœur et à oublier juste après l’interro."
"Les langues vivantes sont enseignées comme si elles étaient mortes."
J'en passe et des meilleures, comme dirait sûrement Jérémie qui, vous l'aurez compris, n'est pas à un cliché près, même si celui-ci n'a strictement plus rien à voir avec la réalité depuis des lustres. Le plus drôle, au terme de ces jérémiades stéréotypées, c'est quand même la signature de l'article : "Jérémie Lefebvre, écrivain auteur-compositeur." Je ne pense pas au prénom, le calembour facile que je découvre avec vous ci-dessus est involontaire, promis, mais à la nécessaire mention "écrivain auteur-compositeur", laquelle à mes yeux supposerait davantage d'honnêteté intellectuelle (par exemple se renseigner) et surtout une certaine originalité dans la pensée. Reconnaissons toutefois à Jérémie Lefebvre le talent de choisir des sujets fédérateurs : nul doute que notre prophète aura ses adeptes.
Je m'arrête ici, non que je nie en bloc les difficultés diverses que peuvent rencontrer les élèves de 6e et les inquiétudes légitimes de leurs parents (j'ai été les deux), mais parce que justement demain c'est la rentrée et que j'ai encore un peu de travail, pour non pour aplanir ces difficultés mais pour aider mes élèves à les surmonter.
(Et pour changer de mon identité habituelle, je vais signer "Un professeur principal de 6e, tiens.)
Oui, c'est ainsi que les hommes vivent...et travaillent. Bonne manière d'en finir avec les jérémiades lefebresques.
RépondreSupprimerMerci (mais j'ai bien peur qu'on n'en ait pas fini de sitôt, il y a tellement de Jérémie Lefebvre...)
SupprimerJe sais combien cet art-là est difficile (aider à surmonter les difficultés) et combien la critique (bas de gamme) est aisée de la part de ceux qui ne s'y sont jamais exercés... On dit qu'il y a désertion dans la profession, j'ignore si c'est vrai, mais les "écrivains auteurs-compositeurs" du genre, et ils sont nombreux, pourraient bien ne pas y être pour rien.
RépondreSupprimerLe fait est que les clichés colportés par les Lefebvre n'encouragent pas à s'engager.
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