mercredi 15 octobre 2014

Elli Kronauer et le rossignol brigand, à l’autre bout du Terminus



Vous n’êtes pas si forts : personne n’a trouvé de quel ouvrage post-exotique j’ai fait l’acquisition chez Charybde lors de la soirée consacrée à Antoine Volodine. Je vous avais pourtant donné un indice : « il y a un rapport avec chacun des deux personnages principaux de Terminus radieux. » Alors ? Alors ? Allez, bon prince, je vous recopie une phrase :

« Ils allèrent au pas dans cette direction, vers le carrefour de Levanidovo où, selon les chansons des chanteurs, jour et nuit le Rossignol Brigand somnolait dans son nid de ramures épineuses, ne dormant ni ne veillant, méditant sur les méfaits qu’il avait commis et sur ceux qui lui restaient encore à accomplir. »

Levanidovo, ça vous rappelle bien quelque chose ? C’est bon, je vous ouvre au hasard mon Terminus radieux :

« Il n’en pouvait plus du Levanidovo, de ses habitants, des horreurs et des aberrations oniriques qui s’y succédaient. »

Levanidovo, un carrefour, donc, où se croisent deux livres par ailleurs bien différents. Car Ilia Mouromietz et le rossignol brigand, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est un bien plus petit livre que Terminus radieux. C’est une vieille byline russe, (« ces récits épiques chantés par les bardes au son des gouslis », nous dit la quatrième de couverture), chantée par un chanteur de notre temps – ou plutôt d’un autre temps puisqu’il se nomme… Elli Kronauer. Mais ce Kronauer-là n’est qu’un homonyme, m’a assuré Antoine Volodine, de celui qui « n’en pouvait plus du Levanidovo, de ses habitants, des horreurs et des aberrations oniriques qui s’y succédaient ». De fait, le personnage principal de Terminus radieux, je le disais dans mon premier billet, malgré son nom est l’un des rares personnages qui reste éloigné de toute production poétique ou littéraire. Au contraire de l’autre, celui qui est si j’ose dire bien plus principal que Kronauer, et contre lequel celui-ci ne peut rien : Solovieï – autrement dit (et heureusement qu’on me l’a dit car je ne l’aurais pas trouvé tout seul) : le Rossignol Brigand (en russe, bien sûr). C’est lui qui déjà faisait la loi au carrefour de Levanidovo dans la vieille byline, avec ses trois filles et ses trois gendres, cette byline qui est donc une source épique et séculaire de Terminus radieux, l’épopée post-exotique d’Antoine Volodine.

(J’ai oublié de préciser qu’Ilia Mouromietz et le rossignol brigand, d’Elli Kronauer, est publié à l’Ecole des Loisirs. Il n’y a pas d’âge pour entrer dans le post-exotisme. D’ailleurs : Ilia Mouromietz saura vous défendre.) 

2 commentaires:

  1. Bruno de la Salle (CLIO =Centre de Littérature Orale) et une conteuse polonaise, Magda Lena Gorska, ont adapté "Ilia Mouromietz et le rossignol brigand". Ils en ont fait "Le Chant du Rossignol Brigand".

    https://www.youtube.com/watch?v=AqH5_9nm1cY&feature=youtu.be

    mp

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