mercredi 29 octobre 2014

à l’endroit où ont craqué les coutures de ton nom



Celui-ci : aimes-tu un absent ou es-tu éprise de l’absence ? De son tracé si net, du cristal de ses contours tranchés ?

L’absence : ce lien farouche, fil rétif qui entaille.

Les traits farouches, nervures cachées au dedans de la feuille, qui se dérobent.

Il y a une mémoire, piquetée et tailladée, qui tremble de tout son long et tous tes sourires s’étirent à l’envers.

Tu voudrais effacer l’air qui t’affabule et se faufile et transite violet sous ta peau.

Il y a toujours un corps absent mais tu ne sais plus lequel, le tien, le sien, le leur ? Tes os mal agencés se ressoudent. Derrière le crépitement des mots, il y a toutes ces ondes concentriques du silence qui t’avale. Tu sollicites, nue et muette, une voix. Tu voudrais entendre une voix qui te recommence. Qui pratique des passes magnétiques à l’endroit où ont craqué les coutures de ton nom.



Bénédicte Heim, Corps de cavale, Les Contrebandiers, 2014, p. 46-47.



C’est le nouveau livre de Bénédicte Heim et il sort juste maintenant.

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