Celui-ci : aimes-tu un
absent ou es-tu éprise de l’absence ? De son tracé si net, du cristal de
ses contours tranchés ?
L’absence : ce lien
farouche, fil rétif qui entaille.
Les traits farouches, nervures
cachées au dedans de la feuille, qui se dérobent.
Il y a une mémoire, piquetée et
tailladée, qui tremble de tout son long et tous tes sourires s’étirent à l’envers.
Tu voudrais effacer l’air qui t’affabule
et se faufile et transite violet sous ta peau.
Il y a toujours un corps absent
mais tu ne sais plus lequel, le tien, le sien, le leur ? Tes os mal agencés
se ressoudent. Derrière le crépitement des mots, il y a toutes ces ondes
concentriques du silence qui t’avale. Tu sollicites, nue et muette, une voix.
Tu voudrais entendre une voix qui te recommence. Qui pratique des passes
magnétiques à l’endroit où ont craqué les coutures de ton nom.
Bénédicte Heim, Corps
de cavale, Les Contrebandiers, 2014, p. 46-47.
C’est le nouveau livre de
Bénédicte Heim et il sort juste maintenant.
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