mardi 20 janvier 2009

liquidé

J’ai toujours rêvé que la correction des épreuves avant impression tombe pendant les vacances scolaires, ne se superpose pas à celle des copies de mes petites têtes blondes (plus ou moins). Las, ce ne sera pas encore le cas cette fois-ci. Mais c’est aussi bien après tout : le temps n’est plus au repentir, aux « j’aurais peut-être dû » et autres conditionnels. Seule mission : traquer la coquille, la virgule oubliée (il en manquait une dans Une affaire de regard, longtemps je me suis rappelé la page), l’espace surnuméraire – ou pire, la faute avérée. Peut-être bien que pour ça l’autre métier aide.
Etrange impression tout de même de relire le texte sous sa forme officielle, en costume, tiré à quatre épingles (même si on n’a pas encore retiré les épingles). Déjà ce n’est plus tout à fait ce dont je me souviens, déjà j’y vois autre chose ; ou plutôt c’est bien lui mais il a changé, comme on dit d’un enfant perdu de vue quelques mois ; il s’est allongé, peut-être, ou bien c’est la forme de son visage.
(Au fond j’aime ça : ne plus vraiment le reconnaître, j’aime ne plus vraiment être l’auteur. Peut-être que, l’auteur liquidé, ça va vivre tout seul !)


Commentaires

Citation de D.H.Lawrence : « Méfiez-vous de l’auteur. Faites confiance à son œuvre. La vraie tâche d’un critique est de sauver l’œuvre des mains de son auteur. »
Commentaire n°1 posté par Pascale le 20/01/2009 à 18h36
J'adhère. Tant de livres (je pense aux contemporains) que je ne lirai pas parce qu'ils sont occultés par leur auteur. Pour lire il faut quand même un minimum de silence.
Commentaire n°2 posté par PhA le 20/01/2009 à 19h10
Je sais bien que tu adhères, c'est pourquoi je me suis permis. Puis, si "l'auteur est liquidé", tu n'as plus à te sentir concerné!
Commentaire n°3 posté par Pascale le 20/01/2009 à 20h45
Beau rêve...
Commentaire n°4 posté par PhA le 20/01/2009 à 20h50
J'aime faire rêver les hommes ;-)!
Sans blague, tu as lu L'homme sans empreintes d'Eric Faye sur B. Traven ? Quasi certaine qu'il te plairait.
Commentaire n°5 posté par Pascale le 20/01/2009 à 21h04
Je n'ai jamais lu Eric Faye. Je me souviens d'un numéro du Matricule qui m'avait donné envie, et puis...
Commentaire n°6 posté par PhA le 20/01/2009 à 21h38
A peine lisible, quelque chose comme un aphorisme calligraphié, il y a longtemps déjà, sur un mur délabré d'une maison à l'abandon: Qui n'a pas vu double n'a rien vu. Nulle explication nulle mention. Tant mieux!
A l'instant même où nous cessons d'être l'auteur de ce que nous avons écrit, où nous nous dégageons, à peine un instant, de ce que nous avons fait, à l'instant même où nous cessons d'en être le dépositaire, nous commençons à voir double: les choses enfouies naguère dans les plis de la conscience immédiate s'installent à mi-chemin de ce que nous étions et de ce que nous serons, au milieu.
Les choses dites, peintes, écrites, les choses représentées retrouvent un instant leur mystérieux quant-à-soi et le monde, à nouveau habité par des réalités qu'un autre nommera à son tour, s'élargit. Il y a place désormais pour un avenir de l'art.
Commentaire n°7 posté par Lesmarges le 20/01/2009 à 21h57
Oui. (Sacrément bien dit, qui plus est.)

@ Pascale : Je suis allé lire ton entretien avec Eric Faye. C'est clair, il faudra que je le lise - ou plutôt : que je lise ses livres.
Commentaire n°8 posté par PhA le 20/01/2009 à 22h47
C'est étrange mais un court instant j'avais pris les petites têtes blondes pour des jaunes d'oeuf...
Commentaire n°9 posté par Christophe Borhen le 21/01/2009 à 00h09
Cette coquille est sans doute polysémique, mais je ne pensais pas à mes têtes blondes...
Commentaire n°10 posté par PhA le 21/01/2009 à 08h30
J'ai d'abord cru à un paysage de glacier à la Friedrich! Il a fallu que je retourne mentalement l'image pour me rendre compte qu'il s'agissait d'une coquille d'oeuf. Je n'avais jamais fait de rapprochement entre l'un et l'autre monde, voilà qui est fait!

Quant à l'auteur, il est nécessaire, je crois, qu'il prenne ses distances avec son "oeuvre" pour qu'il puisse en construire une autre. Qui sera sans doute la même, vue sous un autre angle.
Commentaire n°11 posté par Angèle Paoli le 21/01/2009 à 10h58
Et moi j'ai vu une météorite au milieu du trou noir, avant la coquille!
Faire confiance au premier coup d'oeil dans l'espace puis plonger dans l'ouvrage. L'issue, sera-t-elle aussi fatale que l'image ?
Commentaire n°12 posté par Pascale le 21/01/2009 à 15h08
C'est pourtant bien une coquille, honteusement chapardée et détournée par mes soins, et trouvée ici.
Qu'elle ne soit pas, semble-t-il, immédiatement identifiable, lui va bien.
Commentaire n°13 posté par PhA le 21/01/2009 à 18h07
@ Angèle : la même sous un autre angle - c'est bien comme ça je vois les choses.
Commentaire n°14 posté par PhA le 21/01/2009 à 19h32
L'éternel timbre poste de Faulkner...
Commentaire n°15 posté par Pascale le 21/01/2009 à 20h57
j ai vu une coquille
ptet pcq on parlait des ultimes affres des corrections avant bàt ........... et j ai aimé l association d idées
jsuis vraiment inculte ?
Commentaire n°16 posté par myo le 23/01/2009 à 22h09
 

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