Etrange
impression tout de même de relire le texte sous sa forme officielle, en
costume, tiré à quatre épingles (même si on n’a pas
encore retiré les épingles). Déjà ce n’est plus tout à fait ce dont
je me souviens, déjà j’y vois autre chose ; ou plutôt c’est bien lui
mais il a changé, comme on dit d’un enfant perdu de
vue quelques mois ; il s’est allongé, peut-être, ou bien c’est la
forme de son visage.
(Au fond j’aime ça : ne plus vraiment le reconnaître, j’aime ne plus vraiment être l’auteur. Peut-être que, l’auteur liquidé, ça
va vivre tout seul !)
Sans blague, tu as lu L'homme sans empreintes d'Eric Faye sur B. Traven ? Quasi certaine qu'il te plairait.
A l'instant même où nous cessons d'être l'auteur de ce que nous avons écrit, où nous nous dégageons, à peine un instant, de ce que nous avons fait, à l'instant même où nous cessons d'en être le dépositaire, nous commençons à voir double: les choses enfouies naguère dans les plis de la conscience immédiate s'installent à mi-chemin de ce que nous étions et de ce que nous serons, au milieu.
Les choses dites, peintes, écrites, les choses représentées retrouvent un instant leur mystérieux quant-à-soi et le monde, à nouveau habité par des réalités qu'un autre nommera à son tour, s'élargit. Il y a place désormais pour un avenir de l'art.
@ Pascale : Je suis allé lire ton entretien avec Eric Faye. C'est clair, il faudra que je le lise - ou plutôt : que je lise ses livres.
Quant à l'auteur, il est nécessaire, je crois, qu'il prenne ses distances avec son "oeuvre" pour qu'il puisse en construire une autre. Qui sera sans doute la même, vue sous un autre angle.
Faire confiance au premier coup d'oeil dans l'espace puis plonger dans l'ouvrage. L'issue, sera-t-elle aussi fatale que l'image ?
Qu'elle ne soit pas, semble-t-il, immédiatement identifiable, lui va bien.
ptet pcq on parlait des ultimes affres des corrections avant bàt ........... et j ai aimé l association d idées
jsuis vraiment inculte ?