Le 11 mai 1917. Mes chers parents
J’ai reçu ces quatre jours le courrier régulier, c’est-à-dire les cartes de papa des 23.24.25 et 26 plus
une lettre de Lolotte Gillet qui m’a fait grand plaisir. Lolotte Gillet. Evidemment ça ne me dit rien du tout mais ça me fait
plaisir à moi aussi. La lettre est gentillement tournée (Edmond écrit
bien « gentillement », ça me renvoie à des souvenirs d’études et au mot épicène qui
n’a rien à faire ici ;
peut-être aussi est-ce un indice de prononciation, peut-être
trouverais-je un accent à Edmond, on ne peut pas savoir ; la dernière à
se rappeler sa voix était ma grand-mère, qui d’autre, et
du coup forcément cette question : comment dans sa mémoire résonnait
la voix de son mari soixante ans après la mort de celui-ci ; on ne le
saura pas davantage) et elle veut que je lui réponde. Je n’ose pas le faire car ce serait vous priver d’une carte (les cartes sont donc comptées) (et cette confirmation que le dit compte moins que le dire),
je me contenterai de lui envoyer une photo comme remerciement. Vous
serez donc bien gentils de lui répondre et de lui expliquer pourquoi je
ne puis le faire moi-même. Elle me demande quel genre
de travail je fais. Comme vous aurez sans doute reçu mon colis vous
pourrez lui expliquer. Le Kebschnitt explique tout.
Je me suis fait
arracher ce matin une dent qui me faisait souffrir depuis quelques jours
et qui n’était plus soignable. Je souffre encore un peu
cet après-midi mais je pense que demain ce sera fini. J’ai reçu les
colis postes n°s 14.15.16.17.18.19.20 en bon état ; il ne manque plus
maintenant que le n° 14 de la précédente et le n°13
de celle-ci. Les colis gare subissent un peu de retard en ce moment.
Remercie bien le Ct Saviniat (évidemment je ne suis pas sûr de
bien lire) de son bon souvenir et présente-lui mes respect. Le pain (je lis « gub » ou « guler », ce ne doit pas être ça) est
arrivé en bon
état. Je vous quitte mes chers parents en vous embrassant bien fort
tous les deux ainsi que Geneviève et Louis et toute la famille. EA Je mets « EA » parce qu’il y a quelques traits illisibles en bas à droite tout contre le bord de la carte.
Une
fois n’est pas coutume – car ceci, dont je ne sais pas le nom, n’est
pas un projet sur la Première
Guerre mondiale et la documentation n’y entre que très peu – je suis
tenté d’interroger Google sur le Commandant Saviniat. Existence
immédiatement confirmée. Bien sûr ce peut être un homonyme. Je
ne tente pas « Charlotte Gillet », elles sont forcément trop
nombreuses.
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